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Album

25 octobre 2017 - Storyteller

Septic Flesh

Codex Omega

LabelSeason of Mist
styleDeath Metal Orchestral
formatAlbum
paysGrèce
sortieseptembre 2017
La note de
Storyteller
9/10


Storyteller

Why not ?

Se réinventer, trouver une nouvelle identité sans pour autant renier son passé et brouiller les pistes, voilà une démarche périlleuse. Les risques sont nombreux et les bénéfices incertains. Pourtant, si l'on étale les albums des Grecs de SepticFlesh les uns à côté des autres, on remarque sans difficulté qu'entre leurs débuts presque mâtinés de soleil (pensez à Mystic Places of Dawn) et leur renaissance pour Communion où les tons sont devenus plus sombres (gris, noir, violet), il y a un fossé graphique et musical. Leur identité a tellement été bousculée qu'un certain nombre de ces « vieux » albums sont ressortis avec un nouvel artwork, plus en phase avec l'image qu'ils veulent montrer d'eux aujourd'hui.

Pour Codex Omega, vous aurez le droit à ces nuances de gris et ces symboles mystérieux, une tête qui ressemble à un alien avec un enfant à l'intérieur du crâne. Moins accrocheur que les précédents et presque laid, il n'en reste pas moins très reconnaissable et fidèle à l'esprit du groupe. On pourrait le voir comme un symbole de l'Homme dans sa dualité : rempli de venin et de l'esprit de mort envers ses congénères et son environnement, il n'en reste pas moins son innocence de base, chère à Rousseau, qu'il porte en lui à sa naissance.

Lorsque l'on aborde Codex Omega, on garde en tête la force de Titan, leur précédent album, sa variété, sa brutalité et son aspect symphonique, cher au groupe. Et après plusieurs écoutes, on sent que la filiation est forte entre ces deux disques. Le moins que l'on puisse dire, c'est que SepticFlesh est un groupe méticuleux et travailleur. On comprend donc pourquoi il leur faut deux albums pour venir à bout de leur propos musical. Le travail de l'orchestre, des choeurs et des musiciens est en même temps surprenant et passionnant.

Passionnant car lorsque l'on se penche sur les titres de l'édition bonus, on voit le travail d'orchestration et sa place dans le développement des chansons, sur lequel nous pourrons revenir. On voit aussi la profondeur de l'écriture sur Third Testament, chaque instrument ayant une place bien précise, chaque guitare jouant sur une tonalité différente. Ou Portrait of a Headless Man, presque construit à l'envers, en commençant par un moment très dramatique qui ferait presque penser à un climax.

Surprenant car parfois le groupe nous prend à contre-pied. La majorité des titres est bâtie sur une base Death Metal, gorgées de blasts (Enemy of Truth, 3rd Testament...), une voix bien placée et défendant parfaitement son propos, qui fait partie de l'identité de SepticFlesh ; mais lorsque Our Church Below The Sea arrive, on se demande si l'on a pas à faire à une reprise tant le refrain en chant clair est inattendu. Le titre est presque un OVNI dans l'album mais n'en reste pas moins plaisant. Le chant clair se retrouve aussi sur le refrain de Faceless Queen, le titre suivant. C'est étrange de voir ce regroupement de similitudes. Vers la fin de l'album Trinity viendra aussi vous prendre par surprise avec son petit air de Moonspell, dernière version (bon les blasts en plus, mais avouez que le refrain et le petit côté rock vous y a fait pensé !). D'ailleurs, on retrouve aussi une belle marque des qualités techniques du groupe : beaucoup de changements de rythmes, des syncopes, l'utilisation de différentes ambiances.

L'élément majeur de Codex Omega est sans aucun doute l'hybridation réussie entre l'orchestre symphonique, les choeurs et le Death Metal de qualité que nous propose les Grecs. L'écueil principal de cet exercice est le déséquilibre des forces. On a vu tous les styles de Metal s'y essayer et au final s'y casser les dents. Mais ici, on sent que le groupe est arrivé à maturation. Certes les recettes ont déjà été éprouvées sur l'album précédent mais comment le leur reprocher ? Ecoutez Enemy of Truth, les cordes et les guitares au début du titres sont telles des scies qui tranchent la chair de l'auditeur. La puissance du départ de Dark Art est démultipliée, le pont de Faceless Queen devient complètement démentiel avec les cordes et les vents, ils ont donc trouvé l'alchimie la plus cohérente. L'autre écueil étant de n'utiliser qu'une partie infime des possibilités d'un orchestre, mais ici, sans pour autant être exhaustifs, ils couvrent quand même un grand nombre d'instruments : cordes (Martyr en contient de nombreux exemples) mais aussi vents (Faceless Queen ou Dark Art)

Surtout, ils prouvent à de nombreuses reprises qu'ils peuvent vivre sans ces orchestrations qui sont au service de leur musique mais ne se substituent pas à leur style de base : 3rd Testament est percutant sans orchestre. Mais ce dernier sait aussi prendre les commandes pour commencer ou terminer certains titres et appuyer leur propos (Dante's Inferno par exemple).

Pour finir, vous avez donc compris que je suis enthousiaste à l'écoute de Codex Omega. SepticFlesh est conscient de son potentiel et surtout dispose de moyens importants afin de le valoriser. On finit presque par se sentir dans une bande originale de film (Dark Art  ou Portrait of a Headless Man et son clip hallucinant). On prend un vrai plaisir à écouter un album qui n'est pas dans l'excès et qui ne noie pas son âme dans des artifices. On pourrait presque parler de respect envers l'auditeur qui va aller du mid-tempo de Martyr aux blasts de Enemy of Truth (de loin ma préférée), de la presque classique The Gospels of Fear à l'orchestrale Portrait of a Headless Man. On visite tant de mondes tout en étant pris par la main par la bande à Spiros Antoniou que l'on espère deux choses : que le rendu en live soit tout aussi bon et qu'ils continuent sur ce chemin !  

Tracklist :

1 - Dante’s Inferno (5:34)
2 - 3rd Testament (Codex Omega) (4:08)
3 - Portrait of a Headless Man (5:00)
4 - Martyr (5:07)
5 - Enemy of Truth (4:55)
6 - Dark Art (5:24)
7 - Our Church, Below the Sea (3:59)
8 - Faceless Queen (5:20)
9 - The Gospels of Fear (3:41)
10 - Trinity (4:07)

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