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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Sleepytime Gorilla Museum

In Glorious Times

LabelThe End Records
styleMetal expérimental
formatAlbum
sortiejuin 2007
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Bienvenue dans le monde tragi-féérique de Sleepytime Gorilla Museum. Un monde fascinant et surprenant, peuplé de 5 individus, nourris à la contre-culture rock et animés d’un immense désir de créativité et d’expérimentations en tous genres.
Peu habitué à faire parler de lui, le groupe semblait se complaire dans un schéma indépendant et libre de toutes contraintes. Une expérience underground de courte durée, puisque 6 ans plus tard et une brève discographie, nos gardiens de musées finissent par débarquer sur le devant de la scène avec un In Glorious Times inclassifiable, et adulé par les spécialistes du genre.
Inutile de dire qu’un petit coup de projecteur sur cet ovni musical demeure incontournable…

Je commencerais volontiers par vous mettre en garde sur la nature même de l’album. Mais à la simple vue du nom du groupe et de la pochette bariolé de l’album, autant vous dire qu’une seule écoute n’est pas suffisante pour s’approprier un disque à des années lumières des grosses productions américaines.
Les Sleepytime expérimentent, se jouent de nous en maltraitant nos sens. Leur recette : Un subtil condensé de différents styles allant du metal au simple rock progressiste et accompagné de multiples ambiances savamment distribués au cours des 11 titres que forment ce nouvel album.

Et l’on débute doucement avec un premier plat de résistance : « The companions ». Cuivres et xylophone en tête dès le début du morceau, se mêlent parfaitement à la voix suave et délicate de Matthias. Une goutte d’eau dans ce morceau lorsque l’on s’attarde sur sa structure : 10 min de jouissance sonore. Un déluge dissonant accompagné de différents breaks allant crescendo, d’une multitude d’ambiances et surtout d’un refrain lyrique emmené par le couple ClaraMatthias.
Un lyrisme que l’on retrouve d’ailleurs de fil en aiguille sur cet album lui procurant ce coté si charmeur et si envoûtant peu présent sur le précédent album de la formation.

Le métal est ensuite à l’honneur sur le single « Helpless Corpses Enactement ». On ne peut s’empêcher d’y voir certains cotés d’un Meshuggah version Catch 33 lorsque vient se greffer la rythmique lourde et écrasante des premières minutes du morceau. Ou encore à certains aspect de la scène Black mélodique en pleine expansion, lorsque les nappes de guitares ultrarapides se mettent en marche.
Dans la même veine, l’épique « The Greenless Wreath » tout en douceur finit de nous achever par une ligne de violon percutante et inhabituelle dans le paysage rock.
Une première partie d’album assez lourde rythmiquement et où les morceaux tardent à se mettre en place pour finalement exploser et mieux nous infliger une montée en puissance carrée, synonyme de supplice et de châtiment musical.

Mais Sleepytime c’est aussi la capacité à mélanger les genres. À délivrer des morceaux sans liens apparents pour ne trouver leur que dans un même et unique ensemble hétérogène. On passe ainsi d’une atmosphère à une autre sans réel fil conducteur et ligne directrice.
Certes, les moins habitués lâcheront prise et s’envoleront vers d’autres horizons, mais Sleepytime Gorilla Museum sait où il va, et a pour habitude de ne se fixer aucune barrière sous peine d’altérer sa créativité.

Un voyage diversifié donc au cœur de l’opus, passant par un « Puppet show » cabaresque et son piano désarticulé, jusqu’au très troubadouresque « Angle of repose » où l’influence de Bjork se fait littéralement sentir. Le chant de Carla est d’une similitude déconcertante vis-à-vis de la chanteuse Islandaise sur ce titre.
Le même grain de voix se retrouvera par la suite sur le très funkadelic « Ossuary » entrepris avec une intensité croissante, ainsi que sur la perle funky « Formicary », une des toutes meilleures chansons du groupe, où celui-ci semble exécuter devant nos yeux ébahis, un bœuf de 5:46.

Une succession de titres barrés vient finalement ponctuer l’album. On regrettera cependant parfois la longueur de certains titres (« The Salt Crow » ; « Angle of Repose ») où le groupe se perd et enchaîne des schémas sonores soporifiques.
Mais les musiciens savent habillement rebondir et nous servent à la fin (comme à l’accoutumé) de véritables passages intéressant et novateurs comme l’apparition d’un piano-voix dans l’hymne « The Only Dance » tout droit sorti d’une BO de film.
L’album finit heureusement pour certains, ou malheureusement pour d’autres par se conclure par deux morceaux pas franchement indispensable : « The Widening eyes » malgré une basse omniprésente présente dans un break dantesque à 3:40 du morceau et pourvu d’une ambiance oppressante des plus ingénue. « The Putrid Refrain » clôture l’album par une plage atmosphérique discrète et quelque larsens entrecoupé d’une voix robotique présente sur l’ensemble de l’opus.

À la vue de cet album, force est de constater que nous sommes devant un groupe particulièrement créatif et éclectique ayant pris le parti de voyager musicalement à contre courant. De vrais artistes tant musicalement qu’artistiquement lorsque l’on jette un bref coup d’œil à l’aspect scénique de leurs représentations et à la qualité de leur univers.
Plus qu’un concept album expérimental et progressiste, ce In Glorious Times s’aventure sur des territoires riches et variés à travers 11 pistes qui mises bout à bout apporte nouveauté, diversité et fraîcheur musicale.
Mike Patton n’a qu’à bien se tenir !

1. The Companions
2. Helpless Corpses Enactment
3. Puppet Show
4. Formicary
5. Angle Of Repose
6. Ossuary
7. The Salt Crown
8. Th Only Dance
9. The Greeless Wreath
10. The Widening Eye
11. The Putrid Refrain