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mercredi 3 mai 2017

Eternal Champion + Pulse

Abri de jardin - Winksele

Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

Nostalmaniac : Il y a des concerts qui ne s’inventent pas. Si on peut être fasciné par les lieux miteux et parfois improbables dans lesquels ont joué nos groupes préférés à leurs débuts (Metallica, AC/DC, Judas Priest, etc), il est difficile de s’imaginer vivre ça.  

Dans la sphère du Metal traditionnel, aux États-Unis comme en Europe, Eternal Champion est un nom qui circule. Autant dire qu’avec leur premier opus, l’épée est plantée et les vibrations s’en ressentent encore. Les Américains ont en effet délivré un véritable bijou de Heavy Metal épique fin 2016, chaudement accueilli dans les pages de votre webzine préféré

De passage en Europe pour la grand-messe annuelle du Heavy Metal, le Keep It True, en Allemagne, Eternal Champion a ajouté une étape en dernière minute. L’info est en fait tombée quelques jours avant, à la plus grande surprise de tous. Un lieu inconnu en région flamande et un premier commandement subtil « Bring your own booze ».  Une soirée qui s’annonçait donc historique, d’autant plus qu’il s’agira du deuxième concert sur le sol européen des Américains.

Nous débarquons un peu à l’avance pour découvrir un village tranquille (d’autant plus en ce jour férié) entouré de champs avec son église en rénovation : Winksele. Nous sommes alors dans le Brabant Flamand à une quarantaine de minutes de Bruxelles. Trop calme pour être vrai. Cependant, une fois arrivés à l'adresse donnée, l’hôte du jour nous accueille ... dans sa maison. Des gens sont déjà installés dans son salon et il nous montre son grand jardin. C’est là que le concert va se dérouler. Plus précisément, dans son abri de jardin qui comporte un espace de répétition et une remise. Une configuration « anniversaire de ton meilleur pote » peu habituelle qui laisse présager une soirée mémorable…


Le "stand merch"


L'abri de jardin

Les gars d’Eternal Champion qui découvrent les lieux semblent amusés et pas du tout mécontents de jouer là alors qu’ils reviennent d’un week-end allemand où ils joué dans un gymnase qui peut contenir 2500 personnes. 

 

Ce soir, une bonne cinquantaine de personnes ont fait le déplacement. De Flandre bien sûr, mais aussi de Lille et de Wallonie comme vos deux serviteurs. Plus les gens affluent, plus le local de répétition (qu'on imagine pouvoir contenir ... 20 personnes) commence à sembler tout petit. La soirée des champions peut commencer ...

PULSE

Florent On l'oublierait presque mais Eternal Champion n'est pas le seul groupe à l'affiche : il y a aussi Pulse, petit groupe carrément local puisqu'il va se produire dans ce qui est certainement sa pièce de répète, devant une quinzaine de personnes. Le style musical du (très) jeune groupe, qui n'a que quelques chansons en ligne sur le net, tranche avec ce qui va suivre puisque c'est de crossover/hardcore qu'il s'agit. Ca casse pas trois pattes à un canard, c'est pas vraiment en place, la voix manque terriblement de caisse, bref, ça ressemble un peu à tous ces groupes que vos potes fondaient à 14 ans quand ils se cherchaient mais que tout le monde s'amusait bien sans rêver de devenir le nouveau Slipknot. Y'a même quelques chouettes mélodies de guitare. Mais la majorité du public (qui doit friser la cinquantaine de personnes, soit un beau score pour une date annoncée trois jours plus tôt) reste dehors et attend clairement Eternal Champion

ETERNAL CHAMPION


Nostalmaniac : Après avoir « déménagé » dans l’espace le plus « grand » de l’abri du jardin (en virant tout ce qu’il y avait à l’intérieur – un petit bric-à-brac où on trouve en autres des radiateurs, un djembé, une moto et un drapeau sudiste), Eternal Champion peut commencer son set devant une assistance acquise à sa cause avec un « Retaliator » enlevé. Bon, le son n’est pas vraiment top mais est-ce une surprise avec cette configuration à l’arrache ? Je préfère me sentir chanceux que tous les instruments soient branchés et que les gars soient là. Le plus important ce soir c’est l’ambiance survoltée, totalement underground (dans tous les sens du terme). On est serré (des matelas sont mêmes disposés ci et là pour éviter les « accidents ») et il fait vite chaud à l’intérieur mais qu’importe. Jason Tarpey, le vocaliste, est surmotivé. Difficile d’apprécier ses talents vocaux tant on dirait qu’il chante dans un mégaphone et les aigus qu’il tente provoquent larcen sur larcen. Dommage mais qu’importe encore une fois, les hymnes fédérateurs issus de leur premier album s’enchaînent : « The Armor of Ire », « The Last King of Pictdom » ou encore « Sing a Last Song of Valdese ». Arthur Rizk tape sur ses fûts et ses cymbales comme s'il était dans un stade. Pour ajouter à l’ambiance, un gars s’amuse à allumer/éteindre les lampes de la remise pour faire office de « lights ». Magique.

On lève le poing, on chante à l’unisson. Pour le dernier morceau, l’incontournable « I Am the Hammer » , la remise est un sauna. La masculinité est au summum pour chanter à gorge déployée le refrain : « For I am not - Not to Be Crossed - I command the guards of Lourn - I am the Hammeeeeeeeer ». EPIQUE. AUTHENTIQUE. Trente-cinq minutes de set, pas une de plus (la même setlist qu’au Keep It True en fait) mais quel concert inoubliable. Pour nous, comme pour eux (ils nous le diront dans l’interview improvisée qui sera en ligne très vite).

Il y a des concerts qui ne s’inventent pas et des live reports que je n’aurais jamais pensé écrire. 

Florent : Horns Up (bon, ok, Maxwell) a tellement fait la pub d'Eternal Champion que si vous êtes fidèles suiveurs, difficile d'être passés à côté de leur album Armor Of Ire. Epique, accrocheur, intelligent, bref, la quintessence du heavy metal épique comme il réapparaît de plus en plus et notamment aux USA, d'où vient le groupe. Et franchement, pouvoir dire, dans quelques années, s'ils deviennent aussi big qu'on leur souhaite : « Je les ai vus jouer dans un chalet de jardin, devant des étagères à outils et une moto , pour leur première date belge » , ça rendait cette date tout bonnement immanquable. 
Le fait qu'autant de gens se soient déplacés dans un endroit inconnu au bataillon trois jours après l'annonce du concert le confirme en tout cas : Eternal Champion est déjà très suivi, et c'est dans un abri de jardin bondé (j'écrirai 18 fois « abri de jardin » dans ce report s'il le faut) que le groupe entame son set avec un son somme toute très correct au vu des conditions, seule la voix de Jason Tarpey étant un peu lointaine. Gros soulagement toutefois : le chant, même si peu perceptible, est juste et plutôt bon, loin des vidéos carrément effrayantes qui circulent sur le net. Et c'est évidemment difficile d'être plus proche des artistes que dans ce contexte : les premiers rangs, dont votre serviteur, chantent donc quasi front contre front avec Jason les paroles particulièrement bien écrites de tubes comme Last King of PictdomTheir heads will hang from my hand !!! ») ou, bien sûr, l'extraordinaire Armor of Ire

Au final, c'est l'intégralité de l'album exception faite de Cold Sword mais avec un titre d'ouverture tiré du premier EP qui sera interprété. Un set qui se terminera inévitablement sur l'hymne Je Suis le Marteau, laissant le public persuadé d'avoir vécu un moment cultissime. 
Y'a plus qu'à ranger l'abri de jardin pour que maman ne soit pas trop fâchée avant de débriefer la soirée avec le groupe, aussi ravi que nous d'avoir vécu un tel moment. On peut remettre ça ? 

Setlist

Retaliator
The Armor of Ire
The Last King of Pictdom
Invoker
Sing a Last Song of Valdese
I Am the Hammer

***

Ave Heartbreak Tune, Laurent, et merci (à tes parents aussi) ! Bedankt !
Merci Alexiane pour les photos.