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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Psyopus

Our Puzzling Encounters Considered

LabelMetal Blade Records
styleDeath/grind ultra technique et schizophrène
formatAlbum
paysUSA
sortiefévrier 2007
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Psyopus, ça ne vous dit sans doute pas grand chose… Mais si je vous dis que Derek Roddy (ex-Hate Eternal) a postulé au poste de batteur mais qu’il s’est fait recalé car, malgré sa rapidité, il n’était pas assez technique et que leur guitariste Chris Arp a prêté main forte à The Red Chord pour quelques concerts, ça vous aide un peu plus ? Peut-être pas mais ça vous donne surtout un indice : les Psyopus doivent être des obsédés de la technicité. Et vous avez entièrement raison sauf qu’à ce niveau là d'obsession, on n’en trouve pas à tous les coins de rue.

Autant dire que j’étais loin de m’attendre à ce que j’allais prendre en pleine face à l’écoute de ce « Our Puzzling Encounters Considered ». Ceux qui prétendent que Necrophagist est uniquement du branlage de manche et que The Dillinger Escape Plan fait parfois n’importe quoi, vous pouvez d’entrée de jeu arrêter de lire cette chronique. Ici, le niveau de technicité et de complexité des morceaux atteignent des niveaux que peu auraient pu imaginer. On pourrait même se demander s'ils en font exprès… Mais après une bonne dizaine d’écoutes, on se rend compte que la rapidité et l’aspect déstructuré des riffs se font avec une précision chirurgicale. Même s’il faut être sacrément dérangé pour composer (ou apprécier) ce genre de musique, le plaisir qui émane des morceaux ne trompe pas l'oreille. Cependant, certaines conditions sont requises pour apprécier pleinement cet album : si vous aimez vous cogner la tête contre les murs ou gesticuler dans tous les sens, que vous êtes pratiquant des spasmes au niveau professionnel ou que vous êtes dérangé au plus haut point, alors Psyopus est fait pour vous!

Chris Arp (guitare) mène la dance avec des doigts meurtriers : les structures alambiquées, des sweepings à la pelle, une rapidité d'exécution hallucinante, ce bougre est véritablement le maître d’œuvre de cet opus. Dites vous que The Dillinger Escape Plan passe presque pour de la pop à certains moments. La complexité et l’intensité se font parfois tellement fortes que l’on a l’impression que plusieurs morceaux se superposent. La symbiose entre guitare et batterie se fait parfaitement bien et se fait servir par une excellente production ; ils leur fallaient au moins bien ça pour que l’on puisse comprendre un minimum les morceaux. Et comme si ça ne suffisait pas au niveau instrumental, le chant se fait lui aussi oppressant. Principalement hurlé, une rage fulgurante émane de la voix d'Adam Frappolli. Sur "Whore Meet Liar", une nana vient prêter main forte, gueulant comme une forcenée sans réelle cohérence avec Adam.
Les influences vont du brutal death technique au grind ("Play Some Skynard"), en passant par le hardcore déstructuré ou le free jazz. En effet, certains titres tels que "Insects" et "Imogen’s Puzzle pt 2" font fortement penser au free jazz dans leurs structures. Et à côté d’une musique véloce au possible, le groupe se montre schizophrène en incorporant de nombreux passages calmes à l'opus (et je peux vous assurer qu’on les savoure !). "Imogen’s Puzzle pt 2" et "Siobhan’s Song" sont effectivement calmes mais cela ne les empêchent pas d’être barrées. Elles permettent de se reposer avant la tempête et d’incorporer différents éléments jazzy, folk ou encore des samples. D’ailleurs, les samples parsèment l’album et lui donnent une ambiance malsaine et glauque...

Malgré une complexité ultime, Psyopus réussit à être accrocheur même sur les titres les plus techniques. Certains trouveront que ce groupe est uniquement de la branlette de manche ou du grand n’importe quoi, mais pour ceux que la technicité, la complexité et (il faut bien le dire) la musique complètement barrée attirent, ils prendront sûrement leur dose pour les mois à venir. Alors, génie ou aucun intérêt ? Chacun a sa propre opinion mais quoiqu’il en soit, tout le monde sera d’accord pour dire que ces mecs sont torturés du cerveau (en témoignent le dernier titre) et nous montre que l’on peut aller très loin au niveau de la technicité ! Cependant, l’album demande une grande concentration (trop peut-être) et ce, même pour les maniaques de la complexité. Mais les membres ont su intégrer judicieusement de nombreuses parties calmes, bien nécessaires pour ingurgiter le tout. Saluons au passage la signature osée de Metalblade, en attendant « Our Puzzling Encounters Considered » vient désormais de prendre la place de l’album le plus technique et barré de ma discographie.

1. The Pig Keepers Daughter
2. 2
3. Scissor Fuck Paper Doll
4. Whore Meet Liar
5. Insects
6. Imogenis Puzzle pt. 2
7. Play Some Skynyrd
8. Kill Us
9. Siobhanis Song
10. Happy Valentines Day
11. Our Puzzling Encounters Considered

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