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Album

10 janvier 2016 - S.

Daughters of Sophia

(2.0°) Soeurs de Sagesse

LabelAsgard Hass
styleBlack Metal
formatAlbum
paysFrance
sortiemars 2015
La note de
S.
5.5/10


S.

Daughters of Sophia est un projet sorti de l’underground lyonnais il y a cinq ans, fruit de l’esprit de son seul géniteur et maître à bord, AzVs. Après deux sorties chez D.U.K.E. en 2011 et 2012, respectivement un EP (1.0° - Masterpieces of the Divine Spark) et une démo (21.0° & 22.0° - Shalicu & Thantifaxath), l’individu émerge de l’ombre trois ans plus tard en produisant son premier album sur le label suisse Asgard Hass. L’entité répond au nom de « (2.0°) Sœurs de Sagesse ».

Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous avons affaire ici à quelque chose d’assez perché sur le plan conceptuel. Tout d’abord la couverture a quelque chose d’assez poétique et romantique avec cette femme allongée façon nu artistique, plutôt inhabituel pour illustrer un album de Black Metal. C’est en réalité un extrait du tableau « Marie-Madeleine dans la grotte » de Jules Lefebvre, peintre français du dix-neuvième siècle (on retrouve également une autre œuvre de cet artiste dans le livret). C’est ensuite au niveau de la tournure et la longueur des six titres (appelés « chapitres » soit dit en passant) que l’auditeur sera interloqué, à la croisée d’un kamoulox et d'un discours de Sylvain Durif, tant tout paraît décalé et too much. En creusant davantage la thématique abordée, qui semble peu à peu se dessiner, il est en fait question de la représentation très personnelle du culte féminin chez le créateur de Daughters of Sophia.

Et quid de la musique proposée me direz-vous ? Pendant les trois quarts d’heure composant l’opus, le bonhomme produit un Black Metal que je qualifierais de mélancolique, voire même dépressif. La guitare est manifestement l’instrument le plus mis en avant au niveau de la production, en distillant ses notes acérées et pleines d’amertume, interprétées plus ou moins dans le même style qu’un Forteresse, même si le registre reste différent. La voix est quant à elle assez particulière, les écorchements s’apparentent plus à des gémissements lycanthropiques, à la croisée d’un Woods of Infity, Forgotten Woods ou d’un vieux Burzum période Aske, plutôt déroutant à vrai dire. Plus anecdotique, de très rares percées de la guitare acoustique (« L’héritage des sœurs par le sang de l’occulte sagesse ») ou du synthé (« Alchimisme de l’innocence digne d’un amour incestueux ») se font entendre, alors que la basse demeure audible tout au long des titres quand on y porte une oreille attentive. Le tempo est assuré par une boîte à rythme et, en cela, c’est sans doute l’un des points faibles de l’album. Si celle-ci semble avoir été volontairement mise en retrait par rapport aux autres instruments, elle dénote malgré tout d’un côté trop mécanique, et donc a tendance à aseptiser les morceaux, alors qu’une vraie batterie organique aurait apporté une bonne réponse au contraste et au dynamisme créé par les guitares. Ce qui m’amène à évoquer le principal aspect négatif de l’opus ; le déséquilibre au niveau instrumental mettant en avant les guitares provoque une certaine linéarité, sinon une redondance, surtout pour ce style de Black Metal où la variété des mélodies n’est pas une priorité. J’avoue m’être égaré à plusieurs reprises, pour les raisons évoquées précédemment, malgré le soin apporté à la qualité de la production.

Ce (2.0°) Sœurs de Sagesse s’adressera donc tout particulièrement aux aficionados de la branche dépressive/mélancolique du Black Metal, reposant sur les atmosphères et les sentiments. Ceux qui recherchent du blast et des riffs percutants n’y trouveront sûrement pas leur compte et décrocheront assez rapidement.

Tracklist :

1. Premier chapitre: L'héritage des sœurs par le sang de l'occulte sagesse
2. Deuxième chapitre: Les plaintes agonisantes d'une nature à l'état de rêve
3. Troisième chapitre: Mysticisme d'une féminité au culte de la pureté lunaire
4. Quatrième chapitre: Alchimisme de l'innocence digne d'un amour incestueux
5. Cinquième chapitre: Un voyage à travers les divines lueurs d'autres mondes
6. Sixième chapitre: Une infinité de cycle pour la compréhension de l'absence