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mercredi 11 novembre 2015

Slayer + Anthrax + Kvelertak

Zénith - Paris

Lactance

C'est presque un an après avoir pointé le bout de son nez que Slayer fait son grand retourdans la capitale, accompagné, comme lors de la dernière date, de deux invités de marque. Et cette fois-ci ce n'est ni Ghost, ni Mastodon qui viennent semer la bisbille en première partie mais bien Anthrax qui, chose rare, n'a pas annulé, ainsi que Kvelertak, alias la grosse star montante de ces cinq dernières années tout droit venue de Norvège. C'est donc une soirée aux airs de Noël avant l'heure que nous propose le Zénith en ce 26 octobre, date qui aura aussi un avant-goût de Hellfest par la même occasion, la prochaine édition réunissant également les trois groupes à l'affiche.

 

                                                               Kvelertak :

Il s'en est fallu de peu pour que je rate l'entrée en scène des Norvégiens jouant, non pas vers 19h00 comme je l'avais prévu, mais à 18h30 heure précise (merci au responsable-communication du groupe sur Twitter). Et comme je le supposais en voyant tous les vieux briscards aux t-shirts Anthrax ou Slayer plantés devant l'entrée du Zénith, c'est devant un public plutôt jeune et une fosse encore assez vide il faut dire que Kverlertak débute son set. Pas facile en tout cas d'endosser la lourde tâche de chauffer un public venu assister à un « Little 2 » lorsqu'on officie pas dans le Thrash justement.

Mais bon depuis le temps Kvelertak commence à être habitué aux grosses salles et dès l'intro d'Åpenbaring qui voit en même temps débarquer Erlend Hjelvik coiffé de sa chouette, le sextet décide de ne surtout pas lésiner sur les désormais gros hits que sont devenus Mjød, Kvelertak ou Månelyst. Les Norvégiens décrochent ainsi les premières bousculades de la soirée au bout de quelques minutes à peine, le côté Rock&Roll de certains titres facilitant pas mal les choses il faut se l'avouer.

Et ça ne lâche pas une seule seconde le morceau que ce soit sur Nekroskop et ses mid-tempos blackisants ou à l'inverse sur Evig Vandrar avec son intro beaucoup plus relax suivie en rythme par les spectateurs, qui n'hésitent pas aussi à claper des mains sur le gros break du titre en question. Petit à petit le public se montre finalement de plus en plus réceptif et séduit par la musique du combo mêlant spontanéité, bonne humeur et énergie, d'autant plus que le Zénith nous offre pour l'instant un son tout simplement impèc'.

Trois guitaristes, un bassiste et un chanteur, ça en fait du monde devant mais la grande force des Norvégiens c'est également de bien se répartir la scène, chaque membre apportant ainsi un petit plus quant à la présence scénique. C'est avec une classe juste époustouflante que les trois guitaristes s'amusent notamment à apposer tour à tour leurs lignes, même chose pour le batteur qui malgré la taille modeste de son kit arrive à te faire trembler le Zénith sans aucun problème en bourrinant à fond ses floor toms.

Troisième fois qu'il m'arrive de croiser Kverlertak et ma parole, le plaisir reste toujours intact. En tout cas je ne suis pas persuadé pour autant que tout le monde était initié à la musique des Norvégiens en arrivant ce soir. Raison de plus du coup pour se taper Kverletak et Meir en boucle les prochains jours, si ce n'est déjà fait. Sur ce, rendez-vous en juin sans faute.

Setlist :

Åpenbaring
Nekroskop
Mjød
Månelyst
Ulvetid
Evig Vandrar
Kvelertak



                                                               Anthrax :

Oh mon dieu, serais-je donc en train de rêver, Anthrax est bel est bien présent parmi nous ? Bon je déconne mais en réalité les New-Yorkais se sont vraiment bien rachetés ce coup-ci, avec un Belladonna en forme du début à la fin, pointilleux sur ses aigus, et un Frank Bello qui mène toujours autant la vie dure à sa basse pour notre grand plaisir. D'ailleurs ce soir c'est la trempe générale pour le monde car ce n'est pas à un, ni deux, mais bien à trois titres d'Among The Living auxquels on a droit ; les Américains expédiant très rapidement Caught In A Mosh dès les dix premières minutes déclenchant une rage monstre chez certains une fois la basse lancée.

En plus des deux covers habituels (Got The Time, Antisocial) auxquels je préférerais largement un Efilnikufesin ou un Medusa    perso,c'est Spreading The Disease qui est également mis au goût du jour (youpi) avec en stock un petit A.I.R. et un Madhouse grandioses toujours emportés par Belladonna qui décidément se montre particulièrement actif ce soir avec son micro tendu en permanence vers la fosse.

Et il est très rapidement l'heure pour le groupe d'entamer aussi sa fameuse « wardance » venue chauffer encore plus à blanc les premiers rangs qui, mine de rien, se déchaînent sur n'importe quelle allocution de la part des musiciens. Malheureusement, ce soir ce n'est pas Charlie Benante qui lance le tant attendu Indians, le batteur titulaire toujours embêté par son problème au canal carpien ne pouvant pas du même coup assurer la première partie de la tournée européenne. En plus d'avoir sauvé les fesses de Slayer à plusieurs reprises c'est donc Jon Dette, remplaçant de prestige il faut dire, qui lance l'intro guerrière suivie de près par un joyeux bordel dans la fosse encouragée par les postures débiles, mais néanmoins hilarantes, de Bello.

A la fin du set Scott Ian et Jonathan Donais, très discrets comme gars d'ailleurs, en profitent enfin pour balancer un March Of The S.O.D. bien balèze accompagnés par Belladonna qui a lui aussi troqué son micro pour une six-cordes (plus pour faire le showman que pour vraiment jouer cela dit). D'autre part les New-Yorkais décident également de rendre hommage à Dio et à Dimebag Darrell en embrayant sur In The End, un des meilleures titres de l'excellent Worship Music je trouve avec Fight Em' Till You Can't également présent dans la setlist ; deux grosses bannières à l'effigie du chanteur et du guitariste sorties notamment pour l'occasion. Et même si je m'attendais dans ma naiveté à entendre Evil Twin, la dernière chanson du groupe pas si géniale pour être franc, plus un petit I Am The Law pour bien terminer les choses, c'est finalement Among The Living qui sort en dernier du chapeau. Scott Ian reproduisant pour le coup parfaitement l'ambiance malsaire du début.

Et bien c'est un retour plus que gagnant auquel j'ai assisté ce soir à vrai dire. Après une première annulation sur la grosse date Slayer, Mastodon, Ghost en 2014 puis une seconde au Hellfest 2015 (sauvée par Sodom), il faut dire que le groupe n'avait vraiment pas le droit à l'erreur ce coup-ci. Même si finalement le public a passé l'éponge très rapidement une fois les musiciens présents sur scène, oubliant ainsi les moults péripéties auxquels il a eu le droit.  En tout cas, promis, je ne ferai plus de running-gag là-desssus (ceci dit, faites pas les cons pour le Hellfest 2016...).

Setlist :

A.I.R.
Caught In A Mosh

Got The Time (Joe Jackson cover)
Madhouse
Antisocial (Trust cover)
Fight 'Em 'Til You Can't
Indians
March Of The S.O.D. (Stormtroopers Of Death cover)
In The End
Among The Living



                                                                Slayer

Franchement aucun pet de travers. Vraiment rien à redire. Un concert de Slayer quoi. Et c'est bien ça le problème, comment je peux rester sur ma faim avec une setlist de porc comme celle qu'on a eu, hein ? Entre Postmortem balancé zblam en deuxième chanson, la triplette Mandatory Suicide, Chemical Warfare, Die By The Sword qui te prend bien par les sentiments et la dernière partie du set qui te ferait presque frôler l'indigestion (South Of Heaven, Raining Blood, Angel Of Death !).

Oui mais ce soir j'ai l'impression d'assister à un méchant pilotage automatique. Mais genre tellement obvious que ça en devient presque gênant. Car après tout c'est un peu ça Slayer : aucune diplomatie avec le public, tu ramasses ton dos à la petite cuillère au bout d'un chorus à peine, et c'est fessée après fessée pendant tout le set sans que tu puisses piper un mot. Et j'ai rien contre, ça fonctionne en général. Mais là le Slayer auquel on a le droit ce soir c'est carrément le gros plat de pâtes du lundi soir justement. Sans sauce. Ça reste des pâtes donc c'est consistant, pas trop dégueu, mais au bout de quelques fourchettes bah tu te rends comptes que ça reste sec, que niveau saveur t'as eu le droit à mieux. Clairement.

Et pourtant l'ambiance est loin d'être mauvaise, c'est absolument pas ça le problème. Jusque dans les gradins le public gueule sur War Ensemble et Hell Awaits, ça ne tarit pas non plus en pits bien vénères sur Black Magic et Hallowed Point et la voix d'Araya déchire même tout au début d'Angel Of Death – malgré ce son de guitare un peu creux mais qui reste correct dans la mesure où tout le monde connaît le moindre riff par cœur.

Mais j'ai l'étrange impression surtout que Slayer nous sort la bonne vieille position de l'étoile de mer de l'autre côté de la barrière de sécurité. Et que c'est finalement au public de faire les choses à 70% (au moins). En tout cas le décor a beau être ultra-pété avec du faux sang phosphorescent qui colle bien aux motifs noircis, pareil pour les croix inversées qui permettent aux techos de faire mu-muse, manque de bol il y a pas la « pasión » sur le devant de la scène. Ça joue froidement, aucune spontanéité dans le regard, ni de plaisir dans le jeu : je dirais même que ça se fait chier. Même Holt se force presque lorsqu'il parcourt l'autre côté de la scène pour faire bon genre. Et puis honnêtement les pauses où Araya défie le public en tirant la tronche avant d'esquisser un sourire en mode hyper-programmé, ça fait bander encore qui, sérieux ?

Et je dis pas ça gratuitement pour faire mon hater à cause du dernier album. D'ailleurs à vrai dire les trois morceaux de Repentless auxquels on aura eu le droit sont passés comme une lettre à la poste. Comme tout le reste (emballé, c'est pesé, on en parle plus...). Honnêtement je suis juste dans l'idée que je vais voir Slayer, rien que le truc suffit normalement. Pareil pour Bostaph et Holt : pas besoin de s'étaler dessus, on sait que Lombardo a un jeu plus fluide, plus souple en live et que Holt s'éclate beaucoup plus quand il tourne avec Exodus.

Non ce qu'il m'arrive c'est que je prends conscience que c'est juste aussi bien de voir Araya et sa bande tous les trois-quatre ans finalement. En fest'. L'occasion de se prendre une bonne murge pendant cinquante minutes – une heure, d'être content d'avoir vu Slayer pour le côté presque symbolique du truc et de passer à autre chose parce que, faut pas déconner, il te reste deux jours à rempiler.

C'est donc ni déçu, ni enthousiasmé que je ressors du Zenith. Juste l'impression de m'être maté un Ridley Scott récent. Le décor et le cadre sont plaisants, le casting est violent, c'est carré et extrêmement bien huilé sur les passages-clés... Mais c'est machinal au possible... Sans vie... Et loin de moi l'idée de vous faire croire que Slayer est devenu l'ombre de ce qu'il était car ce n'est pas de ça dont il s'agit (si ça peut rassurer les fans qui souhaiteraient voir le groupe à l'avenir). Parce qu'encore une fois tu « en as quand même pour ton argent ». Ça fait le taff. Mais justement le truc c'est que ça reste un taff. Ni plus, ni moins. Ce qui m'a vraiment fait chier pour le coup c'est le côté pantouflard, le côté je me suffis à moi-même et surtout le côté « tiens d'ailleurs j'espère qu'il restera du sliffard à la cafèt' de l'hôtel ». Et c'est bien dommage car quand on lâche cinquante boules, on s'attend un peu à mieux. Ce malgré deux premières parties convaincantes qui, elles, en voulaient...

Tracklist :

Repentless
Postmortem
Hate Worldwide
Disciple
God Send Death
War Ensemble
When The Stillness Comes
Vices
Mandatory Suicide
Chemical Warfare
Die By The Sword
Black Magic
Hallowed Point
Seasons In The Abyss
Hell Awaits
Dead Skin Mask
World Painted Blood
South Of Heaven
Raining Blood
Angel Of Death