Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
"Downtempo, Metal, Sludge, Doom, Hardcore...you name it". Voilà ce que propose Grim Van Doom pour décrire sa musique, autrement dit, "Nous on fait la musique qui nous plait, démmerdez-vous pour classer ça". Originaire d'Allemagne et déjà fort d'un split et d'une démo, Grim Van Doom passe maintenant au format album avec Grim Love.
Effectivement, poser un nom de genre sur ce premier long format sans hésiter une seconde est tout bonnement impossible. La bête se situe pile à cette frontière obscure et floue entre le sludge, le doom et le postcore, cet endroit où seule la lourdeur est maîtresse. Goddamn This Love met directement les choses au clair : tu vas manger du riff béton et pas qu'un peu couillon ! Un bon larsen bien strident vous accueille et juste derrière, un riff bien puissant déferle, tout en lenteur mais avec un son énorme. C'est ce qui frappe directement sur ce Grim Love, un son vraiment solide, une basse à décorner des boeufs, des grattes épaisses à souhait et un chant monstrueux. La voix de Lansky est parfaite, beuglement colérique la plupart du temps, mais dans des registres qui varient régulièrement, tantôt plus criard (Thulsa) tantôt proche d'un chant à la Cowards (Family Girl).
C'est donc dans la voix que se trouve l'aspect sludge/hardcore dont parle le groupe, l'instrumentation offrant plus la composante doom, avec des riffs sombres et hypnotisants. Les titres en ternaire (The Storm) offrent d'autant plus cette sensation d'hypnose, de boucle infinie, on perd le début de la mesure, happé par la langueur de la chose. Mais dans la composition également, Grim Van Doom arrive à brouiller les pistes. The Storm bien qu'avec un début très doomisant se retrouve en milieu de morceau dans une ambiance chaotique où la batterie entremêle descentes de toms et rythmiques plus conventionnelles. Et ce dernier riff, oh bordel, ce dernier riff de la violence, simple, sans prise de tête mais tellement énorme, un pur régal. De toute manière tout au long de l'album, c'est le riff mastoc qui domine, à aucun moment Grim Van Doom ne fait dans la dentelle, Grim Love, c'est quarante minutes de rouleau compresseur qui avance sans se presser, certain d'écraser tous ceux qui se trouvent sur son chemin. A ce titre, Butchr fait aussi partie des morceaux excellents, avec un riff un peu à part, une sorte de mélancolie s'en dégage là où la colère marque plus le reste de l'album.
Grim Love ne souffre d'aucune faiblesse. Tout simplement. Dans le créneau sludge/doom surexploité ces temps-ci, Grim Van Doom marque par son sens de la composition sans faille, aucun titre ne dénote sur l'album, cohérence d'un bout à l'autre sans redondance. Il se dégage quelque chose d'hostile sur cet album, dès le premier larsen de Goddamn This Love, jusque dans les dernières seconde de Nilsis, Grim Van Doom distille un fiel savoureux, une haine vicieuse qui se tapit entre deux riffs destructeurs.
Avec ce premier album, Grim Van Doom en impose indéniablement. Grim Love est un album intense, cohérent et puissant, servi par une production léchée. Si la chose peut paraître un peu répétitive de prime abord, les écoutes successives effacent cette sensation, les nuances et les variations apparaîssant petit à petit. Un bulldozer assez maniable pour détruire en finesse, voilà ce qu'est Grim Love.
Tracklist de Grim Love :
01.Goddamn This Love
02.Family Girl
03.Snowfields
04.The Storm
05.Thulsa
06.Butchr
07.Frak Vilyn
08.Nilsis