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Album

09 décembre 2014 - Michael

Paul Gilbert

Fuzz Universe

LabelShrapnel Records
styleMetal / Rock Instrumental
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortiejuin 2010
La note de
Michael
8.5/10


Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

“This is my third guitar instrumental album. It nearly drove me crazy on many occasions. Do you hear all those notes? First I had to find them, And then I had to put them all together in the right order. It literally took me Months. What a job. But I love notes, so I’m happy to show up for work. Now, let’s talk about the universe.”.

La première question qui me vient à l'esprit est de savoir comment un guitariste aussi connu, reconnu, et adulé ne peut en être qu'à son 3ème album solo ? Après plus de 20 ans passés sur le devant de la scène il aura fallu attendre ces 6 dernières années pour enfin avoir le droit à des albums purement instrumentaux. Si Paul Gilbert est un des meilleurs shreddeurs du monde, il a souvent été critiqué pour ses compositions enjouées et parfois peu sérieuses -il est vrai- ne revêtant pas la même ambition que certains de ses compères. Et il faut dire que son Get Out of My Yard n'avait pas fait l'unanimité loin de là. Et s'il est vrai que l'album était hétérogène, je me surprends toujours à vibrer sur The Curse of Castle Dragon ou Hurry Up. C'est donc avec une certaine impatience que tout fan du fantasque américain se penche sur ce nouvel opus intitulé Fuzz Universe ! Après Silence Followed By A Deafening Roar paru en 2008, Paul Gilbert avait déclaré que c'était probablement son dernier album solo. Et finalement, pour notre plus grand plaisir, il semblerait que le géant soit de retour pour nous en mettre plein les oreilles !

Si les qualités guitaristiques n'ont pas à être exposées ici (incontestées voyons!) il faut avouer que l'album met plusieurs écoutes à être complètement assimilé. Parfois bien moins catchy que les titres des deux précédents albums du virtuose, certains titres peuvent même être clairement déroutants. L'auditoire part cependant sur de bonnes bases avec les premiers arpèges de Fuzz Universe qui sont l'exemple même du Style Paul Gilbert. Cette patte incontestable, cette patte remarquable, cette patte qui rend tout arpège en alternate picking très technique et injouable en une douce mélodie fluide et catchy.

Cet album est frais, remarquablement composé et sent, il est vrai, bon les 80's par moment. Comme une douce réminiscence de Racer X et consorts ! Cette impression old school et renforcée par l'effet "live" à savoir que sur certains titres comme Olympic ou Count Juan ChutrifoPaul n'a enregistré qu'une piste guitare, il joue les leads puis les rythmiques alternativement comme s'il jouait devenant nous, sur une simple boite à rythmes. Plus loin que les 80s, Count Juan Chutrifo nous emmène dans la décennie précédente avec un Paul utilisant de la Wah accompagné d'un petit orgue. Une chanson groovy et jazzy qui vaut vraiment le détour, une des meilleurs de l'album.

Il est remarquable que PG utilise à travers tout l'album bien plus d'effets que par le passé. Que ce soit des delays, des pédales d'octave, des flangers, des phasers et surtout une wah plus utilisée que jamais. Aurait-il été Satrianisé ? Toujours est-il que la maîtrise de la guitare a atteint son paroxysme dans cet opus et que contrairement à certains guitaristes comme Kirk Hammett, les effets ne servent pas à cacher les pains mais sont toujours subtilement dosés pour contribuer à la musicalité. Du reste, contrairement à ce que l'on pouvait prétendre par le passé, les compositions sont également à la hauteur de la maîtrise de l'instrument. Fuzz Universe est à ce titre un modèle du genre.

Au delà de la guitare, Emi, femme de Paul Gilbert, apporte une touche très groovy et jazzy aux compositions. Comme sur Propeller avec ces sons de synthétiseurs faisant penser à ces vieux "Organ" que l'on retrouvait dans les morceaux de jazz des années 70. Une touche très oldschool mais très fraîche, douce, qui tente l'album d'une texture si particulière.

S'il est l'auteur de tous les autres titres de l'albums, Blue Orpheus est l'oeuvre de Todd Rundgren. Cette reprise est un cocktail très agréable bien qu'un peu doucereux. On pense tout de suite à une musique de films des années 80. Autre petit plaisir personnel, Paul Gilbert, que l'on sait habitué des reprises et arrangements de musiques classiques, nous gratifie d'une Bach Partita in Dm. Je sens déjà les centaines de vidéos Youtube de GuitarHero en herbe s'acharnant sur les tablatures. Je trouve cela remarquable à tout point de vue de pouvoir être si juste et de faire ressentir tout autant d'émotion dans son jeu de guitare que quiconque au piano. Un comble pour celui qu'on accuse souvent de n'être qu'un shreddeur sans âme.

Pour résumer, cet album est l'album de la... maturité. Etrange à dire mais il est vrai que le son de Paul Gilbert n'a jamais été aussi bon et il en va de même de ses compositions. Je ne regrette pas tellement la distorsion de Get Out Of My yardFuzz Universe est plus rock que métal mais tellement bon.

Amis guitaristes, à vos Ibanez !

1. "Fuzz Universe" - 7:05
2. "Olympic" - 5:59
3. "Count Juan Chutrifo" - 3:10
4."Bach Partita in Dm" - 3:28
5. Blue Orpheus" - 5:09
6. "Will My Screen Door Stop Neptune" - 4:19
7. "Propeller" - 4:49
8. "Don't Rain on My Firewood" - 4:41
9. "Plastic Dracula" - 4:52
10. "Blowtorch" - 5:42
11. "Mantra the Lawn" - 5:36
12. "Batter Up" - 3:05
13. "Leave That Junk Alone" - 1:37 (Johnny Cash) (Japanese Bonus Track)

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