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Album

18 juin 2015 - DarkMorue

Anachronism

Reflecting the Inside

LabelIndépendant
styleDeath Technique
formatEP
paysSuisse
sortieavril 2015
La note de
DarkMorue
8/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

La Suisse c'est quand même un truc. Les groupes de fou qui sont sortis d'un pays de cette taille forcent le respect. Y'a peu de formations, mais alors, on en entend parler. Je ferai donc pas l'affront de citer les groupes cultes émergés de la terre de Johnny Halliday, ni parler de l’ascension fulgurante de Bölzer et consorts. Par contre, la scène Death Metal se montre un tantinet plus timide, mais de sacrées perles ont quand même vu le jour (au hasard, Near Death Condition, Amagortis ou Bodysnatch). Et Anachronism, qui revient donc avec un EP d'une durée moyenne (six titres, quelques 22min) après un premier album daté de 2012. Et on peut d'ores et déjà affirmer qu'il y a tout ce qu'il faut là-dedans malgré un revirement plutôt complètement radical et surprenant.

Anachronism, sur "Senseless", c'était du gras et frontal qui bouffait surtout du côté des patrons de Deeds of Flesh. Donc bon, y'a les références qu'il faut, mais c'est pas avec ça qu'on s'émancipe. Cet EP marque un tournant à 180° à un point où on aurait pu changer de nom qu'on aurait pas percuté que c'était les mêmes mecs. Là, on passe d'un gros bloc de brutalité typique outre-Atlantique avec un son étranglé net, précis et bourré de basse, à un gros melting-pot de divers visages du Death Technique à tendance Brutale de maintenant. Et ça change. Mais pas en mal, il faut le reconnaître, tant la demi-douzaine de morceaux se trouve ici variée mais tapant toujours là où il faut comme il faut. Pourtant c'est pas une question de line-up, avec juste un renouvellement de bassiste et un ancien bassiste qui passe à la guitare. Non non, ça va juste de l'avant, ça a la niaque et ça a compris dans quelles impasses ne pas s'enfourner.

Déjà on est bien en marge des clichés habituels propres à tous les genres. On tape dans l'introspectif existentiel, la pochette est plutôt magnifique et pas si révélatrice du genre que ça, bref, comme du bon Tech Death qui, pour une fois, parlerait pas de drogue dans l'espace des cyborgs. Le tout produit avec un bon son bien clair en bon plastoc comme on l'aime. De quoi nous faire capter toutes les subtilités et traverser ce surprenant court album. Étrangement, on sent parfaitement l’enchaînement pressenti comme un tout. La suite est logique malgré le fait que les titres n'aient que peu de points communs entre eux, s'ouvrant sur un "Memories" très (trop) typé moderne qui saccade entre ses tabassages. Mais ça joue dur, ça tranche sec, avec un jeu de batterie au poil de cul et des riffs dont la variété de registre n'a d'égal que la force de frappe. Et vas-y qu'on retrouve des passages éthérés un peu dans tous les sens, rapprochant le groupe de The Faceless mais en moins irritant. On oublie pas le groove avec ma pièce favorite de l'album "A Way to Emptiness", la brutalité de fifou malade de l'expéditive finale "Ephemeral Embrace" ou la lourdeur du break d'une "Frustration" à la progression parfaitement menée. Galette donc parfaitement polymorphe portée en plus de ça par un vocaliste exemplaire en modèle du parfait bogoss Death Technique, et nous voilà avec un joli échantillon qui combine tout ce qu'on fait de nos jours dans tous les différents secteurs du créneau choisi.

Cet EP est donc un superbe plan d'avenir pour Anachronism. Le groupe dévoile ici toutes les facettes qu'il peut et montre qu'il en a dans le bide quoi qu'il fasse. On a le niveau, on a la plastique, on a les compos. Dès qu'il faut arracher la gueule, c'est chirurgical ; au niveau des structurations et de la finesse de composition on a des exemples de ce qu'il se fait de mieux et même des accalmies et changements d'ambiances qui ramènent au Death Tech du début des 90's de manière intemporelle tant tout le reste sonne dans l'air du temps comme jamais. Nos Suisses frappent discrètement un grand coup et montrent qu'ils ont largement de quoi jouer des coudes pour s'imposer dans une scène complètement saturée. Du coup, on attend la suite, voir comment ça va taper, mais moi j'ai ici trouvé sur quel cheval miser dans les prochaines années. L'évolution a du bon des fois.

Tracklist :

1 – Memories
2 – Undefined
3 – A Way to Emptiness
4 – Frustration
5 – Infused or Innate
6 – Ephemeral Embrace