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dimanche 14 juin 2015

Temples Festival - Jour 1

Motion - Bristol

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Avec un line up composé de groupes aussi réputés que Electric Wizard, Clutch, Neurosis, Amenra, Doom ou Repulsion, le Temples Festival s'est imposé en une seule édition (2014) comme l'un des meilleurs festivals européens dans les sphères Hardcore / Doom (et leurs dérivés). Et l'affiche de cette édition 2015 repousse encore les limites de l'indécence avec entre autres Earth, Sunn O))), Converge, Pig Destroyer, Triptykon, Bongzilla, Weedeater, Nails ou encore Portal. Des groupes assez variés d'un point de vue musical et conceptuel mais qui attirent globalement le même public, et cela à tel point que le festival affiche complet plus de trois mois à l'avance, et ce dès sa seconde édition, ça force le respect !

Et même si ce ne sont pas forcément les styles que j'affectionne le plus en matière de musique extrême, je dois dire qu'un bon nombre de groupes de cette affiche me bottent carrément. C'est donc en touriste que je décide de partir pour mon tout premier festival anglais, mais aussi mon tout premier festival du genre (musicalement parlant). Récit d'un dépucelage ô combien agréable...

 

JOUR 1

 

L'enchainement voiture – avion – bus – hôtel ne me fait arriver au festival qu'aux alentours de 18h. Mais à part Martyrdöd et Afternoon Gentlemen que j'aurais aimé voir par curiosité, aucun groupe ne m'intéressait plus que ça avant mon arrivée, donc pas de souci de ce coté.
Je découvre donc un complexe de plusieurs grands hangars en pierre surplombés de toits en taule ondulée, avec une cour pavée entre les deux plus grandes salles et la troisième. Quelques tables en bois, grillages et autres barricades un peu partout autour. Il se dégage de l'endroit une apparence assez ''squat'' (mais avec un coté professionnel tout de même). Vraiment original et fort sympathique, mais qu'en est-il de la musique...

Leng Tch'e

J'arrive donc en plein milieu du set des belges et, premier constat, le son est d'une clarté incroyable ! Placé au fond de la salle, je distingue absolument tous les éléments et même pas besoin de mettre de bouchons. Ce festival me plait déjà !
Cette seconde salle (tout en longueur et parsemée de grandes poutres verticales) n'est pas pleine à craquer mais déjà bien remplie en cette fin d'après-midi, et le public semble répondre avec énergie aux nombreuses sollicitations du chanteur. Je distingue quelques titres de Marasmus et constate que Serge est toujours aussi fou sur scène. Il finit même par descendre (encore une fois) dans la fosse pour animer le pit, déclencher des wall of death et le tout en continuant à chanter. Ce frontman est décidément l'un des plus furieux que je connaisse.
Sans atteindre l'intensité de la précédente fois où je les avais vu, ce show de Leng Tch'e reste une bonne entrée en matière pour cette première journée de festival.

Trap Them

Il est à présent tant d'inaugurer la grande salle avec les énervés de Trap Them, assez attendus par certains collègues. En ce qui me concerne, j'avoue ne pas être particulièrement fan du Crustcore des américains, mais je suis tout de même assez curieux de constater l'intensité de leur musique en live. Malheureusement ce ne sera pas la bonne ce soir. Malgré un chanteur bien furax (agrippé aux crash barrières quasiment tout le long du show) et une setlist assez variée, deux gros facteurs viennent entacher cette prestation. Tout d'abord le son, que j'aurais pensé plus que correct sur cette Main Stage (surtout après le sans faute du show précédent dans la seconde salle). On peine à distinguer certains instruments et la voix paraît encore plus faible que sur disque. D'autre part, je constate, du fond de la salle, que le public anglais, pourtant assez dense, ne semble absolument pas réceptif (ou en tout cas réactif) à la musique du groupe. Zéro ambiance ! Je quitte donc la salle au bout de quelques morceaux, pas vraiment convaincu. Dommage, moi qui pensais largement préférer ce groupe en live...

Magrudergrind

Je vais surement me faire quelques ennemis mais c'est déjà la troisième fois que j'ai l'occasion de voir Magrudergrind en live et... c'est toujours pas mon truc. Après mon ''rush'' à l'hôtel j'arrive vers la fin du show pour constater que la setlist n'a toujours pas changé depuis deux ans, si ce n'est 2 morceaux de leur prochaine sortie (à paraître l'an prochain apparemment) joués en fin de set. Le trio à l'allure toujours aussi... atypique (quand on a pas l'habitude) se déchaine sur scène comme à l'accoutumée et le public le lui rend bien. Toujours sans plus pour ma part, désolé pour les fans...

Martyrdöd

Après l'annulation de la tournée de Today is the Day (qui devaient jouer à cette heure-ci), je suis heureux d'apprendre que c'est Martyrdöd (eux aussi chez Southern Lord d'ailleurs) qui prendront finalement le créneau alors qu'ils devaient jouer beaucoup plus tôt dans la journée. Je ne les ai donc pas raté !
Bien que je ne sois pas ultra fan de toute la vague Crust suédoise 1990s / 2000s (Wolfbridage, Disfear, Skitsystem, etc) je dois avouer que bon nombre de ces groupes font souvent un carnage en live, et Martyrdöd ne va pas échapper à la règle, surtout que le son de cette seconde salle est encore une fois très bon. Les vocaux bien raws et écorchés de Mikael Kjellman paraissent encore plus puissants en live, comme sur le titre Victoria. Avec une setlist axée principalement sur leurs deux derniers albums, on a droit à pas mal d'intros ou interludes mélodiques qui cassent habilement le matraquage D-beat global (Martyren en est un bon exemple). Car oui, le coté très mélodique du riffing de Martyrdöd en studio se ressent beaucoup moins en live, à part sur certains passages. Et ce n'est pas pour me déplaire ! La prestation passe en un éclair et je suis bien content d'avoir finalement pu y assister.

Nails

« BIM BAM BOUM LA BAGARRE » comme diraient certains. Non plus sérieusement, je ne pensais vraiment pas Nails capables d'avoir une place aussi haute sur l'affiche d'un festival comme le Temples. Il faut dire que j'ai vraiment sous-estimé leur notoriété vu le nombre de personnes présentes dans la grande salle ce soir.
Et dès les premières secondes, je constate en effet que la réputation des concerts de Nails n'est absolument pas usurpée. Quelle intensité ! Quelle violence, nom de dieu !!! Les américains alternent les titres de leurs deux dernières sorties (Unsilent Death et Abandon all Life) pour les jouer quasiment en entier. Et quelque soit le titre, la lourdeur du riffing et la violence des breaks (couplés à un son enfin parfait dans cette grande salle) me met complètement KO.
Todd Jones, frontman du groupe (aux allures de Phil Anselmo sous stéroïdes) nous gratifie de petits speechs entre les morceaux, qui se résument pour la plupart à « the next song is about... people who talk shit ! » histoire de savoir sur qui taper. Parce que oui, ''taper'' est surement le mot le plus adapté pour définir le show de ce soir. Ce pit !!! Le truc doit faire la moitié de la salle et on ne comprend absolument rien à ce qui s'y passe tellement c'est le bordel. Je prends des patates dans la gueule par cagettes de 10 et j'en redemande, c'est tout bonnement scandaleux ! Rien que regarder de près ou de loin cette monstrueuse fosse en effervescence est une expérience bien particulière. Le jeu de lumière et l'alternance sombre / lumineux rend cette foule en mouvement encore plus spectaculaire. Deux trois karatés kids dans le tas bien sur, mais pas plus que ça étonnamment (et heureusement) !
Je quitte la salle après Lies et sont break complètement dantesque (précédé d'un énième « it's about people who talk shit ! » d'ailleurs) pour aller voir la fin du show de Weedeater. Mais Nails vient de me mettre l'une des plus grosses claques du festival, c'est indubitable !

Weedeater

Malgré le chevauchement, j'arrive tout de même avant la fin de l'avant dernier morceau des allumés de Weedeater. Le power trio occupe bien cette Third Stage avec notamment un batteur jouant de profil et au même niveau que les autres musiciens (pas évident à voir pour les gens au fond de la salle). Le gus ne cesse d'enchainer les tricks de baguettes (bon, vu le tempo, il a le temps me direz-vous) et assure donc le show à ce niveau là. Mais c'est bien sur Dixie qui accapare l'attention. La casquette et la grosse barbe grise le feraient passer de loin pour un Seasick Steve complètement perché. Le son ne semble pas assez diffus dans cette troisième salle (en tout cas placé où je suis) mais il demeure tout aussi fuzzy qu'en studio, voire plus ! Le trio ricain finit son set sur la longue pièce Weed Monkey dont le final semble faire trembler les murs. J'attends de les revoir dans quelques temps pour me faire un avis définitif (et peut-être entendre cette fois Wizard Fight ainsi que le cover de Lynyrd Skynyrd), mais cette fin de prestation me donne déjà une très bonne impression !

Pig Destroyer

Retour à la Second Stage après une queue de près d'un quart d'heure pour pouvoir faire 10 mètres jusqu'au fond de la salle. Je trouve enfin un point négatif à ce festival : la circulation. Cette seconde salle est déjà totalement blindée à 10 minutes du show de Pig Destroyer. J'arrive par chance à me faufiler jusqu'à coté du pit durant les premiers morceaux pour avoir une vue dégagée et constater que le son est assez correct (avec les bouchons).
Cela fait 2 ans que je n'avais pas vu les Washingtoniens sur scène, et je constate l'arrivée fort bienvenue d'un bassiste (qui n'est autre que le cousin du batteur d'ailleurs). Malgré le terrible Rotten Yellow en début de set, je ne distingue pas beaucoup de titre de Phantom Limb, que j'aime pourtant beaucoup. Mais pour mon plus grand plaisir on a droit ce soir à beaucoup de titres de Prowler in the Yard et toujours autant du petit dernier Book Burner (dont les tubes sont joués en ouverture et fermeture de set). Blake Harisson est toujours aussi marrant derrière sa console à balancer des samples, danser et enchainer les Heinekens (en plus d'officier chez Pig Destroyer, certains le connaissent surement pour son autre projet Hatebeak, avec le fameux perroquet au chant, pour la petite anecdote). Je confirme également qu'Adam Jarvis est bien plus impressionnant ici que chez son autre groupe Misery Index, quelle frappe ! Et je constate aussi que le chanteur daigne enfin regarder le public au lieu de se tenir de profil sur scène. Tout comme la dernière fois en 2013, il y a toujours autant de filles en train de mosher comme des malades. Pig Destroyer reste à ce jour le groupe sur lequel j'ai vu le plus de nanas se mettre sur la gueule dans le pit, je ne comprends toujours pas pourquoi mais ça reste impressionnant ! Autant niveau setlist que niveau ambiance, ce show au Temples est excellent, bien meilleur que celui du Neurotic (qui était déjà bon). Une salle pleine à craquer, un public qui connait les morceaux, un pit de fous furieux (et une chaleur à crever), clairement l'un des meilleurs concerts de la journée. Hâte de les revoir le lendemain pour leur set ''événement'' !

Converge

Je ne suis vraiment pas fan de Converge en studio, mais comme pour beaucoup de groupes ce week-end, je suis tout de même curieux de découvrir en live. Et quelle ne sera pas ma surprise ! Fort bien placé au milieu de cette grande salle déjà bondée (surement le groupe le plus attendu de la journée), je bénéficie d’un son parfaitement clair et d’une vue imprenable sur tous les musiciens. Et quels musiciens ! Tous d’un charisme impressionnant, à commencer par le chanteur et son jeu de scène si atypique. En plus d’un chant puissant et juste, Jacob Bannon ne cesse de se déplacer, de bouger, de sauter, de faire de grands mouvements et d’impressionnants lancés de micro tout le long du concert, quel showman ! Ce dernier ne manque pas de faire une dédicace à Nails en annonçant lui aussi un morceau à propos de certains « people who talk shit ». Le couple basse / guitare n’est pas en reste puisque les deux bonshommes assurent également les chœurs, mais se démènent aussi sur scène avec une énergie folle. Le batteur quant à lui ne cesse de sourire mais martèle son kit avec une telle vigueur que son pied de Charley finit par tomber au bout de quelques morceaux (son jeu de toms sur certains passages est également impressionnant). En plus d’un pit assez animé, le public est totalement acquis à la cause du groupe et scande chaque refrain à l’unisson. Je suis vraiment impressionné par l’ambiance qui se dégage du show de Converge, à tel point que je me surprends même à fredonner le refrain de All we Love we leave Behind. Je quitte néanmoins la salle vers la moitié du show pour aller voir l’autre moitié de celui de Bongzilla, mais la prestation de Converge reste ma grosse surprise du festival. Même si je n’apprécie toujours pas plus que ça sur disque, je reverrais volontiers le combo en live, très bonne expérience !

Bongzilla

Bien que ce soit la tête d’affiche de la troisième scène aujourd’hui, je suis surpris de voir si peu de monde devant Bongzilla. Alors évidemment, la salle est relativement pleine, mais contrairement à quasiment tous les groupes précédents, on peut y circuler aisément, un comble pour un groupe tel que celui-ci (surement l’effet Converge me direz-vous). Quoi qu’il en soit, je suis content de me dégotter une place de choix pour savourer cette seconde moitié de show. On rentre de suite dans l’ambiance avec l’inévitable odeur de weed (encore plus présente que sur Weedeater j’ai l’impression) et surtout un son fuzzy cette fois-ci beaucoup plus distinct. Très peu de communication avec le public de la part du quatuor mais une présence scénique certaine, notamment en ce qui concerne le bassiste. Je ne suis pas fan des vocaux de Muleboy mais ils passent un peu mieux en live. Je distingue pas mal de morceaux de Gateway (avec notamment Trinity et Keefmaster) ainsi que Budgun / THC issu du premier album. J’aurais bien aimé entendre leur reprise de Black Sabbath ou même, soyons fous, celle de Muddy Waters, mais j’en demande un peu trop, déjà que je n’ai distingué aucun morceau d’Amerijuanican (qui fête pourtant ses 10 ans cette année)… En définitive, les américains jouent en tout plus d'une heure dix, soit 10 minutes de plus que prévu. Sans me transcender plus que ça, ce concert reste bien sympathique pour terminer cette première journée, idéal avant d’aller se coucher !

Ce premier jour au Temples Festival est donc maintenant terminé et ne présage que du bon pour la suite. À présent, au dodo, la plus grosse journée du week-end nous attend demain !

Report du jour 2 ici.
Report du jour 3 ici.