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samedi 13 décembre 2014

Aborted + Origin + Exhumed + Miasmal

Divan du Monde - Paris

U-Zine

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Ce vendredi 12 Décembre, sous une pluie battante, le Divan du monde accueille une affiche très alléchante : le Hell Over Europe Tour 2014. Aborted se paye le luxe d’embarquer avec lui un des groupes les plus bourrins sur scène, Origin, tout en s’offrant un Exhumed et un Miasmal dans la foulée. Vous l’aurez compris, sur le papier, ce concert envoie du bois. Quant est-il dans la pratique ? Grosse bagarre ou pétard mouillé ?

Pigalle, 18h30, c’est super tôt pour un concert, mais nous sommes à Paris. Passé la sécurité, on remarque que le son est bien trop fort pour les balances. Miasmal est déjà en plein milieu de son set. 

MIASMAL

Après leur première démo en 2008, les natifs de Göteborg sortent leur album éponyme en 2011, avant de récidiver en 2014 avec un nouveau skeud : Cursed Redeemer. En entrant dans le Divan du monde, la première chose qui frappe, c’est la fosse quasiment vide qui assiste à la prestation des Suédois. Une trentaine de personnes dans le fond, deux trois excités qui se bousculent en souriant au milieu, et personne au balcon. En même temps, 18h30 c’est dur à accrocher. 

Mais qu’à cela ne tienne, Miasmal ne se dérobe pas et envoie son Death Metal typique de la scène Suédoise. Ça bouge bien, ça tourne la tête, le chanteur guitariste impressionne de par sa faculté à balancer des riffs pas évidents tout en beuglant super bien dans son micro. Les morceaux joués sont pour la plupart issus de leur dernier effort, et passent bien en live, même si on déplorera deux ou trois solos dispensables.
 

Non, le vrai problème ne vient pas de la musique mais de l’ambiance. On sent que le groupe se donne à fond, mais est un peu déçu que la fosse soit si peu remplie. Les transitions entre les morceaux sont parfois d’un silence glacial, le groupe ne sachant qui haranguer. Encore un petit tour de piste, et voilà les Suédois partis, remerciés chaleureusement par une audience qui aura un poil gonflée en fin de set. 

Bravo à Miasmal, qui ne s’est pas fait dessus en dépit des conditions et qui a rempli sa part. Dommage que l’ambiance de merde entache le tableau. On commence à se faire un peu de soucis pour la suite.

EXHUMED

Place maintenant à des Américains qui roulent leur bosse depuis la fin des années 90, Exhumed. Un groupe aux multiples changements de line-up, Matt Harvey le fondateur restant à la barre contre vents et marrées. Leur dernier skeud Necrocracy sorti l’année dernière (rendu invisible par la sortie d’un certain Surgical Steel) confirme qu’il faut compter sur ces gars-là pour un petit moment encore.

Exhumed monte sur les planches et va nous rassurer quant à la teneur de cette soirée ! Une fosse bien remplie accueille le groupe qui embraye direct avec un Necromaniac du plus bel effet. Le son gagne en qualité et en profondeur. Les mecs ne sont pas là pour coller des gommettes à l’image du bassiste super énergique qui heandbangera pendant la totalité du set. Les autres zikos ne sont pas en reste et formeront une scène bien animée. Exhumed fait monter la tension d’un cran en tapant dans toute sa disco avec un résultat qui fait mouche. Contre toute attente, les trois nouveaux morceaux de Necrocracy passent bien et ne font pas tâche à côté des classiques.

Le pit quand à lui s’est enfin formé avec l’ajout de quelques clients. Les premières bagarres apparaissent, il est vrai qu’on commençait à s’inquiéter. Un gars des backstages (ressemblant au chirurgien sur la pochette deGoremageddon d’Aborted) fera quelques passages remarqués. Equipé d’une tronçonneuse, il s’amusera à faire tourner l’engin dans le vide, taillant des tranches dans l’assistance. Plus tard il reviendra avec une tête de mannequin fraichement décapitée, lâchant du faux-sang sur les premiers rangs. Cependant, sa meilleure sortie reste celle où il étrangle le gratteux avec des boyaux, le met au sol, et lui fait boire une pleine bière avec un tube-entonnoir comme les Américains savent si bien le faire. Le gratteux se relève, apparemment touché au front par la précédente chute. Il galère bien, re-crache une bonne partie de sa binouz, et enchaine direct sur un riff bien chaud sans se plaindre : du professionnalisme total.

On finit sur deux titres de All Guts, No Glory où le groupe lâche sa meilleure purée de la soirée. Egalement, le pit s’élargit et peut enfin se regarder dans la glace. Une fin de concert qui augure du bon pour Origin juste après.

Exhumed vient de mettre une petite mandale au Divan avec une bonne setlist, une exécution exemplaire, et avec cette touche de folie qu’il manquait à la soirée. Beau travail les gars.

ORIGIN

Il nous aura fallu attendre Décembre pour enfin voir Origin en concert cette année. Après une première démo A Coming Into Existence qui affichait déjà la couleur à l’époque, le groupe jouera toujours plus vite, plus dense. Sa popularité grimpe jusqu’à atteindre le Graal avec Antithesis en 2008, le diamant que le groupe n’arrivera plus jamais à produire (on ne souhaite qu’une chose, c’est que le groupe nous fasse mentir). Ainsi les deux dernières productions de la formation, Entity et Omnipresent semblent tirer vers d’autres contrées et n’ont pas fait l’unanimité auprès de la presse comme du public. Qu’à cela ne tienne, c’est Origin quand même, merde.

Autant cracher la pilule dès maintenant : Origin et sa réputation de destructeur en live vont perdurer. Leur prestation de ce soir au Divan du Monde était un raz-de-marée, une boucherie. Raz-de-marée dans les oreilles, boucherie dans la salle. 

Le rouleau compresseur Américain te retourne les esgourdes en commençant avec Reciprocal, un titre bien lourd que l’on n’entend que trop peu souvent. Contrairement aux autres zikos qui se doivent de rester les pieds au plancher pour tenir le tempo, le front-man Jason Keyser bouge dans tous les sens. Le pit explose et prend la majorité de la salle. Les premiers rangs prennent bien cher tandis que les photographes shootent de la merde à cause du bordel en fosse et de la tonne de fumée balancée sur scène. Fin du morceau d’intro : le groupe n’a déjà plus de bières et la fosse est déchaînée. Tous les voyants sont au vert pour la boucherie.

Expulsion Of Fury et ses bons breaks arrive juste derrière et met tout le monde d’accord. Jason demande au public de venir se fendre la gueule sur scène ("c’est votre scène à vous également"). Une dizaine d’excités montent sur les planches pour heandbanger avant de stage-diver les uns à la suite des autres. Le son est vraiment pas dégelasse, bien que parfois la basse se noie dans la pluie de blast et de riffs hyper speed des guitares. Petite pause pour le groupe, le temps de se faire ravitailler en houblon par un des gars d’Aborted. La fosse a fière allure, se remettant de ces premières émotions. La température est montée d’un cran, la sueur de la bagarre pointe le bout de son nez.

Sans même prévenir, les Américains lâchent Purgatory un titre plus lent qui permet au Divan du Monde de se préparer pour deux titres de leur dernier skeud All Things Dead et Thrall:Fulcrum:Apex. Contre toute attente ça passe plutôt bien, le chaos ambiant facilitant. La fosse est au taquet, tournera en rond comme à l’accoutumée et s’autorisera même, sous la direction de Jason, un Wall Of Death sans musique. Les slameurs sont toujours de la partie et les premiers rangs n’ont pas fini d’en chier. Le groupe félicite la salle pour être aussi chaude pour Aborted. Les gars c’est pas pour Aborted que ça twerk comme ça depuis 20 minutes, bande de démagogues ! Le death technique ayant pour réputation de ne pas trop communiquer en concert, Origin prend à contre-pied, parle et blague avec l’audience, fait monter des gens sur scène. Bref s’accapare le public qui le lui rend bien. 


Enfin arrive un morceau d’Antithesis : The Aftermath. Votre serviteur ne répond plus de rien. Ce morceau est une petite pépite qui dévaste tout en live. La machine John Longstreth est irréprochable aux fûts et ne montre aucun signe de fatigue. Les deux gratteux restent toujours les 2 fers dans le plancher, déversant les riffs supersoniques.

Comme pas mal de morceau d’OmnipresentRedistribution of Filth joué juste après fait un peu terne et dénaturé. Pas grave, ça permet au pit de recoller les morceaux et aux photographes de prendre deux trois tofs potables. Ensuite, on reprend une baffe de plus avec Evolution of Extinction d’Entity mais surtout avec Portal, morceau qui a plus de dix ans et qui te retourne la tête. L’Origin qu’on aime ! Le pit se fait exploser, cherche ses repères. Essaie même pas d’headbanger en rythme où de suivre le blast avec tes petits doigts, tout va trop vite. Les gens sont partout : sur scène à faire les cons, au-dessus de toi en slam et bien sûr autour de toi à se taper dessus. LA bonne ambiance.

Même si le dernier titre de la soirée Unattainable Zero a de quoi faire sourire, Origin vient d’éclater le Divan du Monde. Certains réclament Saliga ou Antithesis, mais le groupe ne reviendra pas. Il faut remettre les choses à leur place : Origin n’est pas tête d’affiche et ouvre pour Aborted. Les Belges ont la lourde tâche de maintenir un Divan du Monde chauffé à blanc, hypnotisé et abasourdi par l’énorme mandale délivrée par Origin ce soir. 
 

ABORTED

Aborted est un exemple de réussite musicale. Après avoir botté des culs avec Goremageddon, le groupe fait évoluer sa musique sans pour autant se travestir où se reposer sur ses acquis. Leur dernier bambin, The Necrotic Manifesto en est un bon témoin. Reste à savoir si les compos de ce skeud rivalisent avec les classiques du groupe. 

Après le passage à tabac qu’Origin a infligé au Divan, on a du mal à s’exciter pour aller voir Aborted. Qu’à cela ne tienne, les Belges se font acclamer par la foule, et commencent à envoyer des bûches. Meticulous Invagination et Parasitic Flesh Resection passent toujours aussi bien, tandis que les titres du dernier album comme Coffin Upon Coffin et Necrotic Manifesto confirment avec brio en live. L’ambiance de ce dernier concert de la soirée est clairement moins accès sur la bagarre, même si ça se castagne bien en fosse. C’est la même ambiance que pour Origin, mais un cran au-dessous. 

C’est surtout sur la qualité musicale des compos que les gens sont au taquet. Aborted s’amuse à déverser une multitude de riffs et de breaks différents au fil de leur setlist. Des guitares parfois groovy, parfois super lourdes ou même grindy se laissent apprécier. Les breaks sont dévastateurs et ce n’est pas quelques pains pendant les solos qui vont retirer au groupe sa capacité à nous prendre à contre-pied.

The Archaic Abattoir n’est pas à plaindre puisque Hecatomb arrive juste derrière pour réveiller les derniers endormis du fond.

L’ambiance est à la haine, mais aussi au loufoque et à la rigolade. Au détour d’une chanson, le front-man d’Exhumed revient sur scène pour partager le micro avec le père Sven, toujours aux commandes depuis 95. Le batteur se permet d’improviser sur certaines compos, un train de slameurs monte sur scène, Sven s’amuse à railler les autres villes de France. On s’amuse mais on s’en prend aussi plein la face.

La fin du concert arrive déjà. Le trio Sanguine Verses (…Of Extirpation)Cenobites et The Saw and the Carnage Done fait bouillir le pit qui part bien en cacahuète. Aborted achève le Divan… en apparence, car la fosse en redemande ! Nailed Through Her Cunt est alors jouée en rappel, pour le plus grand plaisir des fans de la première heure. Le groupe s’éclipse définitivement, laissant une multitude de sourire en fosse.

Aborted vient de prouver d’une part que leur dernier skeud n’a pas à rougir en live fasse aux anciennes productions du groupe ; d’autre part que l’on peut envoyer du gros bois avec une bonne ambiance haineuse sans pour autant faire la gueule et rester stoïque sur scène. Une tête d’affiche à la hauteur de sa réputation. 
 

Putain quelle soirée définitivement brutale ! Il était attendu qu’Origin vole la vedette à un Aborted qui a pourtant bien assuré. Mais il semble que la puissance de l’espace soit au-dessus. Exhumed n’est pas en reste, alors que Miasmal aurait peut-être mérité plus d’ambiance, au vu que ce qu’est devenu la fosse par la suite. Un grand merci au Divan du Monde d’accueillir ce genre de date, et merci également à Gramonbozia pour l’orga toujours au poil de leurs soirées. 

Origin tue.