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jeudi 11 décembre 2014

Turisas + Nightcreepers

Le Ferrailleur - Nantes

U-Zine

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Shawn : Quelle histoire que cette date … Remettons tout d’abord un peu d’ordre et abordons tout ça de manière chronologique. Novembre 2009, le Crosne Medieval Fest proposait à l’affiche une grosse dizaine de groupes folk/pagan aux portes de Paris, dont la première en France des Darkestrah ou encore de Trollfest. Ce fut également l’occasion de voir pour la première fois Nightcreepers, groupe qui m’avait alors fortement marqué et dont j’ai toujours considéré leur musique comme de qualité. Depuis, j’ai loupé le groupe à un jour près au Hell’Oween Fest II que je co-organisais le mois dernier à Saintes (loupé car Amon Amarth à Toulouse à couvrir), j’avais alors éprouvé beaucoup de peine d’avoir loupé la prestation de ce groupe que j’apprécie tant, humainement comme musicalement.

Et quand, soudain, via Facebook, j’ai vu que les parisiens ouvrait pour les finlandais de Turisas (que je chéri au moins tout autant), la question n’a pas mis longtemps avant de régler : je devais y être. Toulouse-Nantes, départ en ce samedi 19 novembre (presque 2 ans jour pour jour après le Crosne) tôt dans la matinée. Après un arrêt forcé en gare de Pons (« Notre train est arreté en pleine voie, des manifestants sont sur la voie »), au cours duquel lesdits manifestants nous ont offert café/gâteau et où la chef de bord a abordé divers « accidents de personne » de son propre vécu (je cite mot pour mot « Elle a traversé la voie, elle est passé de la voiture 1 à la voiture 10, son corps s’est enroulé autour de l’essieu … Elle a mis 10 minutes à mourir en gémissant … »). Heu … *refroidi* …

Arrivé en fin d’aprèm au Ferrailleur, le temps de discuter avec les Nightcreepers et les quelques fans déjà présents, l’attente du concert passera à toute vitesse, à grand renfort de discutions diverses et variés (la scène métal de La Rochelle, le Hellfest, partage de recette d’hypocras, un cours photo improvisé …). 20h sonne et déjà la salle est bondé : pour cause le concert est sold out et la salle de 280 places est pleine à craquer. C’est donc dans une ambiance chauffée à blanc, dans le brouhaha des olifants.



Dos au public, la formation attend la fin de l’intro de leur premier album Svingeheim (2009) avant de délivrer Battle Through The Wind, l’un des nombreux titres du nouvel album, Alpha, à paraitre début 2012. Au programme donc, un habile mélange de leurs anciens titres comme Leech The Pain ou encore Pursuit Of The Wolf et d’autres, que le public des premières heures ne connait probablement pas comme le titre éponyme Alpha ou Stormbringers. Ces dernières m’ont par ailleurs paru plus travaillé et incisives qu’à l’origine. L’album confirmera ou pas.

Quoi qu’il en soit, scéniquement, les parisiens offrent un show à part entière. Vêtus de kilt et de peau de bêtes, la formule est un peu kitch il est vrai, mais c’est efficace et l’ambiance dégagée par leur musique se prête parfaitement à ce genre de fantaisies. Vincent et Arnaud, aux guitares, assurent en duo la majeure partie du leadership, n’hésitant pas à solliciter le public qui leur répondra sans attendre. Chose pour le moins surprenante, Thomas à l’accordéon semble avoir pris du poil de la bête depuis le Crosne Medieval Fest (et pas seulement en pilosité faciale). En effet, alors que j’avais dit à l’époque qu’il semblait se faire passablement chier sur scène, il apparait ici comme l’un des membres les plus énergiques, n’hésitant pas à haranguer le public et à arpenter la scène. Grosse surprise donc !

Le set s’achèvera sur Set Sails, à mon sens leur meilleur titre, qui ressortait déjà à l’époque du premier album. Malgré un son un peu aléatoire (Raphaelle au clavier que l’on n’entendait malheureusement presque pas) et quelque peu brouillon, le groupe aura marqué le public nantais. Objectif réussi !

Prout : On reprend les mêmes mais on change l'histoire. Difficile de passer après Shawn qui a admirablement bien décrit la scène des Nightcreepers de ce samedi 19 novembre. Je n'ai en fait découvert Nightcreepers en live que très dernièrement au Hell'oween Fest de Saintes (du 28 au 31 octobre dernier). L'histoire se raconte selon deux angles de vue différents, d'un point de vue humain et du point de vue d'un pauvre gars dans le public. Les Nightcreepers sont dans l'ensemble bien marrants et déconneurs, loin de moi viendrait alors l'étonnement si on me disait que les gars évolueraient dans le Pagan Folk. Ah, la régie me dit que oui justement. Parlons donc de leur dernière prestation tant qu'à faire, puisque c'est ce qui nous intéresse.

Nightcreepers est une formation assez riche, à l'instar de nombreux groupes du genre. Je les vois très mal partager la scène dans un café concert à un batteur, deux gratteux, un bassiste, un chanteur (un des deux gratteux), une clavieriste et un accordéoniste ! Et si on se focalise sur ce dernier, c'est quand même la méga classe. Nonobstant le fait qu'on puisse reprendre l’accordéon au clavier sans que ça ne devienne trop risible aujourd'hui, avoir un vrai gars derrière l’instrument en live, c'est quand même carrément plus hype. La scène du Ferrailleur s'est faite happer par cette formation détonante nous rappelant des groupes comme Equilibrium ou encore Alestorm avec une pointe de Finntroll, ou carrément un mix de tout ça si je devais trancher la poire.

Leur prestation fût énergique à souhait avec un chanteur sur le devant de la scène, un accordéoniste toujours prêt à faire le con en arrière plan d’un guitariste qui m’a alors paru avoir un peu forcé sur l’hydromel locale. La belle au clavier était assez en arrière plan niveau communication mais on ne lui en veut pas puisque tous les autres faisaient office de frontman sans qu’il n’y ait qu’un seul capitaine. Une scène partagée entre les zicos mais également partagée avec le public qui sera direct très chaud et avec du répondant. Inutile de paraphraser Shawn quant à l’aspect visuel du groupe, je pense que vous aurez compris le ton de la soirée.

Un public chaud et un groupe qui sait faire la fête tout en interprétant correctement leurs titres. Voici ce que je retiendrai de la prestation des Nightcreepers qui n’ont pas eu à rougir face à la tête d’affiche qui allait arriver.

Setlist Nightcreepers
Intro
Battle Through The Wind
Alpha
Leech The Pain
Pursuit of The Wolf
Stormbringers
Elmore Tempest
The Warcryer
A Guild Is Formed
Set Sails

Shawn : Turisas était ce soir présent pour leur seule date en France de la tournée d’automne. Ceux qui étaient présents au Hellfest doivent se souvenir douloureusement de leur passage, écourté de 10 minutes (sur les 30 initialement prévues) à cause de problème techniques, ne permettant au groupe de jouer que 4 titres (dont 2 franchement passables, occultant ainsi des hits comme Rasputin ou Battle Metal). Pour ma part, j’ai eu l’occasion de les voir depuis au Summerbreeze en sous-tête d’affiche où ils avaient franchement assuré devant une foule fort nombreuse.

Retour donc 5 mois après le Hellfest sur les terres française, dans la même région pour un concert presque considéré de « rattrapage », à croire que la déception du groupe leur avait été tellement pesante qu’un concert à Nantes en devenait presque une quasi-obligation. Quoi qu’il en soit, c’est dans un Ferrailleur bondé que le groupe entrera sur scène au son de l’épique The March Of The Varangian Guard. L’entrée tardive sur scène de Mathias provoquera beaucoup d’acclamation. Ce titre, l’un de mes préférés sera repris en cœur dès le refrain par la foule, connaissant par cœur la majeure partie des paroles.



Autre grand moment : To Holmgard and Beyond, titre devenu culte qui verra le pit se transformer en joyeuse farandole. Par ailleurs, les slameurs n’hésiterons pas à investir la scène avant de se lancer dans des crow-surfing dont certains s’étonnerons eux-même de la durée ! Notons la sublime chute de Mathias, repoussant un slammeur dans la fosse sur The Great Escape. Depuis la période estivale, nous noterons quelques changements au niveau du line up. Ainsi disparue Netta, accordéoniste de son état au jolie minois, remplacé par Robert Engstrand, qui laissera de côté l’accordéon au profit du clavier. De même, le poste de bassiste a été revu avec le départ de Hannu et l’arrivée de Jukka-Pekka Miettinen, anciennement bassiste d’Ensiferum à leurs débuts.

La fin de la setlist ne comportera aucune faute de gout avec Stand Up And Fight, qui fera se lever les poings rageurs et les immanquables Rasputin et Battle Metal. Une fin de concert qui restera dans les esprits de beaucoup. Au final, même après un total de 14 heures de trajet en train pour seulement 2h de concert, si c’était à refaire, je le referai les yeux fermé !! Merci donc aux Nightcreepers, Turisas et à Twiggy, l’organisateur.

Prout : A mon tour de raconter une anecdote. Turisas avait déjà foulé les planches du Ferrailleur en février 2009. Le groupe suivait alors Dragonforce en tournée et avait profité d’un day-off pour venir s’offrir un petit billet supplémentaire accompagné de Vindland et Kerifern sous le jouc de Hellfest Prod. Sous une structure différente (Twiggy Size Event), l’ancien du Hellfest relance la machine ce samedi 19 novembre. Sage décision.

C’est avec acclamation que les finlandais de Turisas monteront sur scène afin de faire bouger le slip de tout un Ferrailleur qui affichait complet pour la soirée. La setlist sera riche, arborant les titres phares des trois albums du groupe, illustrant un peu toutes les époques d’un Turisas toujours plus voyageur. Bien loin de la prestation, et écourtée, et médiocre, de la dernière édition du Hellfest, Turisas aura pris le taureau par les bonnes cornes afin de proposer un set d’une qualité bien supérieure. Le groupe aura fait bouger avec brio ce Ferrailleur bondé d’un public, il faut quand même l’avouer, assez jeune.

On rentre dans le vif du sujet avec The March of The Varangian Guard, morceau présent sur le dernier album du groupe et qui suffira à lui-même à déclencher des mouvements de foules. D’un autre point de vue la salle était tellement bondée qu’une simple personne qui se casserait la gueule déclencherait un pit universel. One More, illustre rien que par son nom la nouvelle déferlante musicale qui prendra écho au sein d’un public de fans avertis, si l’on en croit le karaoké géant auquel il m’a été donné d’assister. On va éviter de partir dans la description piste par piste. Néanmoins l’ensemble de la setlist aura été choisie de façon assez savante puisque les morceaux qui « bougent » le plus auront été favorisés. En effet, Turisas est assez connu pour son côté voyage-voyage bien plus que pour ses blast en double-croche et un mauvais choix de morceaux pourrait amener à une soporifique catastrophe. Heureusement il n’en fût rien.

Dès le troisième morceau, plus rien ne pouvait retenir un public immodéré qui enchaîna slam sur slam pour des longueurs parfois rocambolesques. Farandoles, circle-pit ou autres accessoires du genre furent l’illustration d’un auditorat toujours plus à l’écoute d’un Turisas bien en forme et très communicatif en cette belle soirée païenne. Si on devait choisir un point culminant dans la soirée, ce serait peut-être aux alentours de la fin et surtout sur l’explosion de Stand Up And Fight, dernier « tube » en vogue des finlandais qui partiront sur ce dernier morceau... jusqu’au rappel sans grande surprise mais néanmoins délectable. En effet, vous aurez déjà compris si vous connaissez Turisas quelles ont été les deux pistes choisies pour le rappel. Rasputin en premier lieu avec toujours la même constance et surtout une assemblée qui chante encore et toujours en yaourt ne s’abrogeant pas de la version originelle de Boney M. Puis arrive sur les chapeaux de roux (faute voulue) Battle Metal, le tube qui viendra achever tous les courageux guerriers de la soirée. Il n’est même pas 23h00 et la soirée est finie, le public, lui, est conquis.

Merci aux Turisas (même si je suis vraiment pas content que l’accordéoniste méga bonne ait repris ses études), merci aux Nightcreepers (qui, eux, ont gardé leur jolie claviériste) et un merci tout particulier à Twiggy pour nous avoir permis de venir fouler des pieds la chaleur comme toujours suffocante du Ferrailleur par ce doux soir d’hiver.

Setlist Turisas
Intro
The March of the Varangian Guard 
One More 
The Great Escape 
To Holmgard and Beyond 
Sahti-Waari 
Take the Day! 
Hunting Pirates 
Violin Solo 
Five Hundred and One 
Stand Up and Fight 
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Rasputin (Boney M. cover)
Battle Metal