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jeudi 11 décembre 2014

Entombed + Witches + Necropsy + Orakle

CCM John Lennon - Limoges

U-Zine

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Une semaine après avoir vu Entombed dans une affiche hétéroclyte (Cryptopsy, Beneath The Massacre, Ignominious Incarceration, Trigger The Bloodshed), U-zine était de nouveau sur les routes pour revoir le quatuor suédois. Cette fois-ci, Entombed était la tête d'affiche du festival de Noël à Limoges, en compagnie d'Orakle, de Necropsy, de Witches et d'Arkhon Infaustus.

Arrivé à la salle un peu en avance, j'ai pu amèrement constater, tout comme les fans déja présents, qu'un des groupes à l'affiche annulait sa prestation : Arkhon Infaustus. J'ai pu lire sur quelques visages de la déception. A vrai dire, la bande à DevianT est plutôt coutûmière du fait... J'ai eu, à plusieurs reprises, le regret de ne pas les voir alors qu'ils devaient jouer durant ces dernières années.

Bref, cette annulation a eu au moins l'avantage de laisser un peu plus de temps aux autres groupes pour se produire sur scène (notamment Witches).

C'était la première fois que j'allais dans la salle John Lennon, et j'ai été surpris par la différence entre l'aspect extérieur (sorte de bunker tagué de partout) et l'intérieur très accueillant, bien conçu et vaste. Un bon point donc pour commencer, tout comme l'installation des lumières, qui nous aguichait déja avant le passage du premier groupe.

Le temps de prendre 2 bières (pas chères) et de laisser la salle se remplir, et Orakle arrivait sur scène. La salle était à moitié pleine (environ 150-200 personnes) et tout le monde s’était posté assez loin de la scène. J’attendais avec impatience cette possibilité de voir Orakle après avoir chroniqué leur dernier album Tourments & Perdition, car je voulais savoir si le rendu en live était le même que sur CD. Et bien, dès les premiers accords, ce fut le cas ! Un son aussi bon qu’en album, un groupe à l’aise avec ses instruments, le tout, bien appuyé par des lumières de qualité. Après un début tout de même timide (« Tourments », « Celui Qui Erre » du dernier album et « Gnose » d’Uni Aux Cimes, mais je ne suis plus sûr, ma mémoire me fait défaut), et une petite hésitation à l’enchaînement de titres, Achernar a déployé ses ailes pour emmener Orakle dans un firmament avec sa basse. Amar Ru a paru comme possédé par une force maléfique durant son interprétation de « Dépossédés » (changement de regard, d’attitude scénique, il s’est rapproché du public et de ses collègues musiciens). De même, l’autre guitariste, Eithenn, qui d’apparence paraît un peu renfermé sur scène (« Le Distant »), a semblé se libérer au fur et à mesure du show, prenant du plaisir à jouer et lorsqu’Amar Ru lui rendait visite tout en jouant. A noter la présence d’un nouveau musicien (par rapport aux albums) : Manu au clavier. Sa présence est indispensable pour le rendu en live et il s’en est bien tiré. La qualité du son de plus, a joué en sa faveur, là où d’habitude, les groupes de black sympho et/ou atmo ont une surabondance de clavier sur scène…
Enfin, il y avait un maître de la rythmique pour reposséder tout ce beau monde dans la salle, et défier l’existant : Clevdh, à la batterie. Je dois dire qu’il m’a bleuffé au niveau de son utilisation des cymbales, pour ponctuer la musique de l’Orakle.
Tout ceci est bien beau, mais ! Il y a un mais… : Le public. J’ignore combien de personnes dans la salle connaissaient Orakle, mais je suis sûr que nous n’étions pas nombreux. Il y a eu une bonne réaction à l’issue des derniers titres joués (« Dépossédés », « La Splendeur De Nos Pas », « L’imminence Du Terrible »), mais ce n’était pas suffisant. J’avais l’impression en fait, que c’étaient les passages black pur qui plaisaient le plus aux gens, et moins les passages planants. Vous allez sourire de l’image, mais à l’approche de fêtes de fin d’année, j’ai eu le sentiment que le public aurait préféré manger une tranche de pâté plutôt que de goûter au caviar d’Orakle. Reste que le groupe a livré une excellente prestation, et que je n’ai pas vu le temps passer (35 minutes). Maintenant, je sais qu’Orakle n’est pas seulement un groupe de studio : en concert, c’est pareil : la même ambiance, des musiciens qui sont à l’aise, et un chant français qui prend toute sa valeur ! Il me tarde de les revoir en avril à Chaulnes, avec surement un public plus connaisseur.

Setlist ("le mot de la perte" si je me suis trompé...) :1) Tourments – 2) Celui Qui Erre – 3) Gnose – 4) Dépossédés – 5) La Splendeur De Nos Pas – 6) L’imminence Du Terrible

La suite du festival allait être nettement moins sophistiquée musicalement, mais c’était pour gagner en brutalité. Le public s’est rapproché de la scène, ou du moins, les pogotteurs (une dizaine) pour accueillir Necropsy, groupe de Tours. Changement de registre : ici, c’est la baston. C’est simple, il a suffit un premier titre tel « Gueule De Vieille » pour que les pogotteurs se déchaînent. Là encore, le son était excellent, et le quatuor s’en donnait à cœur-joie. Necropsy a livré un très bon show qui m’a convaincu pour une première fois : un Charal à la basse qui balance des steaks (elle était facile... désolé) à toutes les mesures, un 2020 discret, caché sous sa casquette et collé à son retour, mais non moins efficace pour autant. Il a bien géré son concert, seul à la guitare. Puis, je me suis concentré sur le batteur Taq. J’ai trouvé qu’il avait une façon très personnelle de tenir ses baguettes : très haute. Il perd un peu en fluidité visuelle, mais gagne en impression brutale. Et il faut dire qu’il n’y allait pas de main morte sur ses fûts. Mais c’est le chanteur Gil qui m’a mis sur le cul : un mec à la carrure imposante, au charisme avéré et aux voix (porcine, death) très réussies. Sur scène, il est le seul à bouger et à motiver la foule, et il y arrive bien ! Des phrases qui touchent dans le mille entre les morceaux, une incitation constante au défoulement et un grand don de soi sur scène. Même si ce style de musique n’est pas trop ma tasse de thé, j’ai apprécié le show de Necropsy, et le public a semblé être ravi aussi (plus de présence que pour Orakle, autant au niveau physique que vocal). Le groupe tourangeau a joué quasiment la totalité de son dernier excellent album Bestial Anatomy, mais a juste fait l’avarice de « La varice ». Je termine en disant que je sens que ce groupe est très ambitieux.

Pour l’instant, le staff du festival a très bien choisi ses groupes, j’en ai eu pour mon argent !

Setlist : 1) Gueule De Vieille – 2) C’est curieux – 3) Le Karosse – 4) Dialecte – 5) Nicole’s Rules – 6) Degeule House – 7) Pathetic – 8) 140 – 9) Chupa Mi Grassa – 10) Au pré – 11) Decalcification

Après 2 groupes jeunes, les organisateurs du festival ont décidé de nous faire vieillir de plusieurs années avec 2 autres groupes plus expérimentés. Le premier d’entre eux est encore français : Witches. Connu pour avoir été le premier groupe de metal extrême grandement composé de musiciennes, désormais, seule la meneuse Sibylle est restée. Comme elle l’a bien souligné, le groupe a beaucoup manqué à Limoges, puisque c’était sa première date ici depuis 13 ans. Il y avait des fans de la première heure (sans doute, certains d’entre eux étaient présents quelques jours auparavant pour accueillir ADX) dans le public et d’autres pour qui c’était la première fois. Pour ma part, c’était la seconde, ayant vu le groupe à Paris en début d’année. ADX, justement, parlons-en, puisque le lead guitariste de Witches est Bernard, le Bernard d’ADX. Pour en finir avec les présentations, il y a eu un changement de line-up au sein du groupe par rapport à la date en début d’année à Paris : Magali la bassiste a quitté le groupe, et c’est un homme (dont j’ignore le nom) qui l’a remplacée.

Et c’est parti ! Sous ses coups d'assaut de death / thrash, speed thrash, Witches a tout de suite mis en rogne le public (C’étaient les mêmes personnes qui pogottaient pendant Necropsy).
C’est alors que pendant que le groupe jouait « 7 », un slammeur s’est littéralement écrasé le dos au sol (des gens lui ont pris les pieds et les jambes quand il a sauté, mais personne n’a porté le haut du corps). PAF !! J’ai vraiment eu mal pour lui, et le vigil s’est précipité dessus pour voir si tout allait bien, le relever, puis l’emmener aux soins.
Après avoir laissé passer cet épisode malheureux, je suis retourné dans le show de Witches. Et bien j’ai davantage apprécié le groupe pour ma seconde fois ! Le son (je le redis) était d’excellente qualité, les musiciens étaient au poil et surtout, le duo SibylleBernard y allait de leurs petites remarques humoristiques à chaque changement de morceau, si bien que la bonne humeur s’est alliée au plaisir de voir jouer le groupe. Le point culminant a été le moment où Bernard est parti dans le public pendant un morceau, sans que le reste du groupe ne s'en aperçoive (voir photo). Aussi, j’ai trouvé que le batteur, Franck, était meilleur qu’à Paris. Sans doute le temps, les répétitions avec le groupe, lui ont permis d’être parfaitement en phase pendant le jeu.
Justement, en parlant de phase, j’en viens au bassiste mystérieux (après renseignement, il s'appelle André, musicien cession, présent uniquement pour cette soirée. Fender Jazz Bass du plus bel effet, et position ultra haute de l’instrument sur le corps, à la guitariste technique). Très souvent, il se retournait vers le batteur pour prendre ses repères et on sentait ainsi qu’il avait été fraîchement recruté. Mais là où il a fait fort, c’est qu’il m’a bluffé par son jeu, en dépit de sa nouvelle intégration dans le groupe ! Un excellent toucher, une véritable aisance technique, bref, LA BALLADE !
En définitive, je suis content d’avoir vu des sorcières sur le retour à Paris, pour constater qu’elles savaient bien mieux faire à Limoges. Mais je me dis que Witches a encore de la marge de progression !

Setlist :1) Difficile De Croire – 2) 7 – 3) Crystal – 4) All Is In Proportion – 5) SMF – 6) Code Name : Experiments – 7) Eternal Heroes – 8) Dead Whereas Innocent – 9) Horror Museum

Est venu enfin le groupe tête d’affiche du festival : Entombed. Pour avoir discuté avec pas mal de monde avant le concert, j’ai noté que certains d’entre nous les avaient déjà vus dans la même tournée à des dates précédentes (Toulouse, Nantes et pour moi Paris). Et le groupe nous a fait la surprise de délivrer un meilleur set encore à Limoges, pour la fin de sa tournée !

Pour comparer avec la date parisienne, on a vu les suédois profiter du plus grand espace sur scène pour bouger (Petrov le frontman et Elgstrand le bassiste). De même, une dernière fois, je vais insister sur la qualité du son : superbe. En plus, elle mettait plus en valeur qu’à Paris le jeu de guitare du membre fondateur Alex Hellid.
Au niveau de la réaction du public, certes, il y a eu moins de slams qu’à Paris, mais c’était pour un soutien encore plus fort en contrepartie. Il y avait même un fan qui a brandi les albums du groupe en fonction du morceau joué. Le truc fun aussi, c’est qu’un mec au premier rang allait souvent chercher des bières au bar, et revenait les bras pleins, pour en offrir à ses potes, mais aussi à L.G. Petrov (qui n’a pas pu résister à ce succulent breuvage). Au niveau de sa voix, je l’ai aussi senti en meilleure forme, et au niveau du don de soi, le bougre était à son paroxysme. Pour ce qui est de l’affluence, des 150-200 du début, j’estime à 250-300 personnes la foule lors d’Entombed. Ce qui faisait une salle pas mal remplie, sans pour autant être compressé.
Il y a eu pas mal d’épisodes humoristiques et inattendus, qui montrent que le groupe n’interprète pas un rôle sur scène : il joue à 100% la carte du naturel. J’en évoque un pour illustrer mes propos : à un moment, à force de faire des aller-retours sur scène, L.G. Petrov et Nico Elgstrand se sont emmêlés les fils de micro et de basse (voir photo). Petrov, se rendant compte de gros sac de nœud qu’il avait fait, s’est mis à ricaner, l’a montré à son bassiste. Puis il a ironisé et y a été de son gros headbang sans musique. Enfin, le groupe s’est remis à jouer, sans que le nœud n'ait été défait (je plains le crew à la fin, qui a dû s’amuser à dénouer tout ça…).
Je terminerais ce report en parlant de la setlist : à ma surprise, le groupe a certes joué les mêmes classiques qu’à Paris, mais a aussi renouvelé ses morceaux, profitant de leur immense répertoire. Ici, les nouveautés ont été « Masters Of Death », « Out Of Hand » et « Serpent Saints ». Un très bon show qui clôture mon année de concerts en province.

Setlist :1) Eyemaster - 2) Masters Of Death - 3) Out Of Hand - 4) When In Sodom - 5) Crawl - 6) Revel In Flesh – 7) Serpent Saints - 8) Supposed To Rot - 9) Serpent's Speech - 10) Stranger Aeons - 11) Left Hand Path - Rappel : 12) Chief Rebel Angel - 13) Demon - 14) Wolverine Blues