Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Benighted

Asylum Cave

LabelSeason Of Mist
styleBrutal death groovy
formatAlbum
paysFrance
sortiemars 2011
La note de
U-Zine
10/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Putain, il était temps qu’il débarque ce 6e album ! Depuis « I.C.P. », on s’était un peu habitués : une nouvelle fournée tous les 2-3 ans, en sachant qu’avec Benighted, on n’est jamais déçu. Le groupe n’est plus à présenter désormais : les Stéphanois ont été propulsés en tant que leaders de la scène brutale française après un « Identisick » qui aura marqué beaucoup de monde et de nombreux concert qui leur auront forgé une des meilleures réputations scéniques de l’hexagone. Et autant dire que depuis ce temps-là, le soufflé n’est toujours pas retombé. Rien ne semble pouvoir enrayer la belle machine rhodanienne : un batteur déjà excellent s’en va ? Pas grave, on va en trouver un carrément inhumain ; coucou Kevin Foley, 19 ans tout juste à l’époque ! Et si « Icon » n’atteignait pas forcément le niveau d’excellence de son prédécesseur, il annonçait un nouveau départ et renouvelait la recette Benighted en conservant son essence de fort belle manière : une musique encore plus brutale, lorgnant parfois même avec le grind ; et un album qui se révélait une nouvelle fois impressionnant.
Mais loin d’être rassasiés, les bougres voulaient encore enfoncer le clou. Et à l’écoute de ce nouveau cru, on peut aisément imaginer cette conversation entre les membres du groupe :

« - Bon, d’après les retours qu’on a, y’a tout qui déchire dans notre musique. Alors, comment on fait pour encore enculer tout le monde avec le prochain ?
- Bah, et si on rajoutait plus de tout… ?
- Plus de … tout ? Putain, t’es un génie. »


C’est ainsi qu’on se retrouve avec un « Asylum Cave » qui se révèle encore plus brutal que son prédécesseur, plus surprenant, avec plus de breaks assassins, de mosh-part, plus de SATAN, plus de blasts… Comment ça, vous pensiez que c’était pas possible ? Hahaha, ce serait mal connaître Benighted, que ce genre de défi n’effraie pas ! En même temps, l’artwork « méchant » signé Svencho (Aborted) et le sujet abordé vraiment malsain (la personnalité de Josef Fritzl) ne nous laissaient pas vraiment de doute sur le produit ! Mais si le bouchon est poussé encore plus loin, le résultat n’est pas aussi bas du front que le laisse supposer le paragraphe précédent. Au contraire, le tout est finalement très loin de la brutalité gratuite, et reste dans la cohérence la plus totale avec le style perpétué par le groupe depuis des années.
C’est une entrée en matière assez cocasse, sous forme de réveil matin, qui ouvre le bal. Dix petites secondes (ouais, chez Benighted ils aiment pas les longues intros, c’est droit au but !) avant la déferlante « Asylum Cave » qu’on connaît déjà depuis plusieurs mois (vous avez tous acheté Metallian n°61…non ? Hérétiques !), et qui nous fait toujours le même effet ! Un sourire béat, un constat qui se répète à chaque album : bordel, mais quelle boucherie !

Et bien, vous n’avez encore rien entendu mes amis, car arrive la tuerie de l’album, que Julien Truchan se charge de lancer : « Let The Blood Spill Between My Broken Teeeeeeeeth ». Si la première minute de ce morceau est tout simplement l’un des passages les plus brutaux jamais enregistrés par les Stéphanois, ces derniers ne se sont pas contentés de faire de la surenchère gratuite et intègrent avec intelligence des passages sautants, des envolées un peu plus mélodiques (mais toujours viriles), et de nombreuses surprises tout au long de cet album.

Car oui, niveau surprises, on est servis avec « Asylum Cave » ! En premier lieu, c’est la performance des acteurs du disque qui étonne dans le bons sens : si Kevin nous avait impressionnés en 2007, on sent que les années passées avec le groupe et la maturité acquise lui ont permis de se lâcher encore plus ! Son jeu est plus rapide, varié et groovy que sur « Icon ». Ils lui ont rajouté deux bras ou quoi ? Les autres instrumentistes ne sont pas en reste puisque certains passages assez techniques viennent pimenter le disque, un riffing toujours aussi acéré appuie le côté brutal et des soli et parties plus mélodieuses viennent aérer les compositions. La basse elle aussi est mise en avant de temps en temps (« Swallow »). Mais quand même, Julien, quel frontman ! Y’avait franchement rien à lui reprocher avant, et peut-être que c’est le mix qui le met en avant… mais j’ai l’impression qu’il a encore plus développé ses capacités vocales ! Jamais on n’a senti sa voix aussi puissante (certains de ses cris déchirants m’ont évoqué James Lee, Ex-Origin), les « cris porcins » sont plus que jamais présents (« Let The Blood Spill… », « Swallow »), et le chant black est le plus convaincant que j’ai entendu sur un album de Benighted (à l’écoute du final assez atmosphérique de « Hostile »… on sent Satan !).
Puis au fil des écoutes, on découvre de nombreuses subtilités. C’est vrai que les Rhodaniens ont pris l’habitude d’intégrer des influences diverses à leur brutal death, mais pas avec autant de panache, et en aussi grande quantité dans un seul album. On sent un groupe qui a une totale confiance en ses capacités (ça fait un peu « discours footballistique » là), qui ose et réussit tous les mélanges qu’il entreprend… Et ça fait sacrément plaisir ! « Asylum Cave » est de loin l’album le plus varié de Benighted ! Chaque morceau possède sa propre identité, que ce soit « Prey » et sa mélodie au tapping évoquant une alarme sur le refrain ; « Fritzl » et son chant en allemand, « Swallow » et son intro façon brutal-Motörhead ou encore « Lethal Merycism » qui part sur des chemins plus mélodiques… pour nous asséner un mosh-part au moment où on s’y attend le moins !

Avec « Sex-Addicted » en 2006 ou « Human Circles » en 2007, Benighted a toujours choisi ses invités avec pertinence : cette fois, ce sont Svencho (Aborted) et Mike Majewski (Devourment) qui viennent pousser la gueulante (ou vider son évier pour Majewski), respectivement sur le très groovy « Unborn Infected Children » et « A Quiet Day », le morceau le plus calme de l’album. C’est vrai quoi, 2 minutes sans blast, ça fait tout bizarre ! En tout cas, le résultat est parfois surprenant, mais toujours ultra-efficace, et sonne quoi qu’il arrive comme du Benighted.

La production du Kohlekeller Studio (Francfort) fait encore une fois des merveilles : c’est gras et clair à la fois, c’est puissant, ce n’est plus mécanique comme au temps d’ « I.C.P. » et « Identisick » ; bref c’est bon. Je signale juste en dernier point que l’édition limitée contient en bonus une cover titanesque (désolé, je l’ai piquée cette feinte en plus) de Nasum.
Je pourrais encore vous parler de ce chef d’œuvre pendant des pages, mais je vous laisse une part de surprise, ma chro étant déjà bien trop longue. Il n’en fallait pas moins pour évoquer un skeud aussi riche qu’ « Asylum Cave », qui assoit un peu plus encore Benighted sur le trône de la scène extrême française et qui, je l’espère, leur permettra de tutoyer les sommets de la scène internationale. Car s’il y a un groupe que le monde entier devrait nous jalouser, c’est celui-ci.

1. Asylum Cave
2. Let the Blood Spill Between My Broken Teeth
3. Prey
4. Hostile
5. Fritzl
6. Unborn Infected Children
7. The Cold Remains
8. A Quiet Day
9. Shadows Descend
10. Swallow
11. Lethal Merycism
12. Drowning

Les autres chroniques