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lundi 28 mai 2018

Sleep @ Ancienne Belgique

Ancienne Belgique - Bruxelles

Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

A une époque où on peut guetter sur les réseaux sociaux ce que font ou préparent nos groupes préférés, Sleep a été assez malin pour réussir l'exploit de prendre tout le monde de court en publiant le 20 avril dernier ni plus ni moins que son premier album depuis 2003 ! Surprise d'autant plus belle que l'album se révèle très bon même si j'aime tempérer ceux qui veulent déjà en faire un classique. Calmons-nous. Mais voilà, quinze ans que beaucoup l'espéraient sans trop y croire. 2018 est sans doute l'année de tous les possibles, surtout après la confirmation du retour en studio de Tool.

Comme pour la date parisienne il y a quelques semaines, l'unique étape belge se jouera à guichets fermés, les 1000 places de l'Ancienne Belgique ayant toutes trouvé preneur. Rien d'étonnant non plus car leur dernier passage dans une salle belge remonte à mai 2012 au Trix d'Anvers, en région flamande. Et puis, il faut bien dire que la sortie de ce fameux « The Sciences » a bien dopé l'intérêt pour cette date qui s'annonçait donc immanquable pour tout fan de doom et de stoner.

Le stand merch, rapidement pris d'assaut, plante le décor avec sa merch girl en tenue d'astronaute et le petit présentoir "Praise Iommi" pour faire des dons. Pas le temps de m'y attarder non plus, je tiens à bien me placer - ni trop près, ni trop loin - et les morceaux de Black Sab' qui passent dans la sono de la salle sont parfaits pour patienter.

SLEEP

Car oui, pas de première partie, ce qui laisse théoriquement au trio américain deux bonnes heures de set et il suffit que l'intro commence pour que l'excitation monte d'un cran. Une intro qui nous plonge directement dans l'univers des pionniers du stoner metal avec cette communication-radio pendant un atterrissage sur la Lune pendant lequel on peut apprécier ce qui fera office de seul décorum : les deux murs d'amplis. D'un coté celui de Al Cisneros et de l'autre le mur d'amplis Orange plus flashy de Matt Pike.

Le début de concert est assez crispé, peut-être à cause de problèmes techniques ou simplement le fait de prendre ses marques. Je ne sais pas, mais ça n'empêche pas au trio d'en imposer. Rien que par ce son de basse qui fait vibrer tes organes internes ! Dès "Marijuanaut’s Theme", Sleep donne chair à ses riffs hallucinants et les enfonce dans nos esprits et "Holy Mountain" de leur légendaire album éponyme de 1992 avec son atmosphère d'Into the Void de Black Sabbath chauffe encore plus le public, au contraire des blancs entre les morceaux trop souvent longuets et comblés de temps en temps par Al Cisneros qui se contentera à trois reprises d'un simple "Thank you Brussels".

Alors que le concert prend son envol avec l'imposant et captivant "Sonic Titan", le groupe se retire de scène pour prendre un... break. Oui, un break ! Je ne pense pas que ce soit à cause d'un problème technique mais il me semble qu'un des membres du staff technique du groupe a montré l'heure au batteur ce qui supposerait que ce break serve à ce que le concert ne se termine pas trop tôt. Admettons, mais aucun fond sonore, ni même de solo de batterie pour meubler (je ne suis pas fan de cet exercice mais j'assume être un fan boy de Neurosis donc voir Jason Roeder faire joujou avec sa batterie ne m'aurait pas dérangé). Rien, et dans le public certains s'agacent. Bon, cette espèce d'entracte aura duré dix minutes mais ça casse la dynamique du concert, qu'on le veuille ou non. Tant pis, le monumental "Aquarian", nouvel extrait de « Sleep's Holy Mountain » (sorti il y a déjà plus de 25 ans) repart sur de bonnes bases et quel plaisir d'entendre ce morceau avec le bon dosage de basse, ce qui est le seul bémol de cet album incroyable. Ce qu'a bien compris le groupe avec leur nouvel album qui est évidemment bien mis à l'honneur une nouvelle fois avec le titanesque "Antarcticans Thawed" où la voix de Cisneros est un peu trop en retrait (j'adore tellement la montée et l'intonation sur les premières lignes de texte : Ice cap miles thaw to freedom / Sets free Antarctic legion / Awake limbs, to reach a sun's rays / Blood thaws throughout the unused veins) et  l'instrumental "The Botanist" avec une facette un peu plus bluesy. Ce grain dans le son de gratte de Matt Pike est fantastique niveau feeling, même si le bougre fait quelques pains mais avec un naturel déconcertant. 

Point d'orgue de ce concert, un "Dragonaut" d'anthologie dont les premières mesures ont électrisé le public tant ce morceau est incontournable et a dû être la porte d'entrée de beaucoup de fans avec son clip vidéo diffusé sur MTV à l'époque. De la clameur qui rajoute de l'intensité à ce monument finement exécuté et dont les paroles résonnent dans la salle. En guise de rappel, nous aurons droit à des parties de « Dopesmoker », leur album de 2003 qui repose sur un unique morceau d'une heure. Un rab' qu'il faut apprécier pour ce qu'il est même si sans doute trop court pour les inconditionnels de Sleep.  Délivrant ses dernières notes, Cisneros pose sa Rickenbacker sur les retours comme une relique sacrée tandis que Pike fera sa distribution de médiators aux premiers rangs.

Sans être déçu à l'issue du concert, j'ai un goût de trop peu. Il aurait sans doute mieux valu une première partie car j'ai senti que le trio américain avait du mal à gérer son temps (ce break de 10 minutes et les blancs entre les morceaux) et qu'un temps de set plus réduit aurait rendu le show plus compact (comme à Paris). Néanmoins, entendre les morceaux de « Sleep's Holy Mountain » avec ce qu'il faut de basse est un vrai plaisir et ils cohabitent parfaitement avec les nouveaux morceaux, plus longs et planants mais suintant toujours le culte de Tony Iommi. Ca a juste manqué de folie, d'hashtéroïdes et de rifftuels mais gageons qu'ils reviendront nous rassasier, car ils sont toujours dans le coup, « The Sciences » en est la preuve flagrante.

 

Addendum : le groupe a réagi sur les réseaux sociaux, expliquant qu'ils étaient obligé de faire un break après une heure de set à cause des normes sonores en application dans la capitale belge (100 db max.). "Sound limit of 100db averaged over 1 hour. Breaks were required so the show would not get shut down. Not our choice, talk to Belgian law makers. Thanks for coming out to the show".

Setlist:

Intro/The Sciences
Marijuanaut’s Theme
Holy Mountain
The Clarity
Sonic Titan
Aquarian
Antarcticans Thawed
The Botanist
Dragonaut
Dopesmoker (excerpt)