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mardi 10 octobre 2017

Alestorm + Æther Realm + Troldhaugen @ Toulouse

Le Bikini - Toulouse

Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

Il y a parfois des semaines où les concerts sont tellement fréquents que l’on peut même se tenter une quinte flush du live. Et cette seconde semaine d’octobre 2017 est une de celles-ci. Alestorm à Toulouse le lundi, Monolord le lendemain à Bordeaux, Thy Art Is Murder (ou Anathema/Alcest pour les plus sages) le mercredi, showcase d’Alexi Lahio le jeudi, soirée mix doom/stoner à la Loupiote le vendredi pour finir avec la release party et anniversaire de Monach! le samedi ! Accrochez-vous la semaine ne fait que commencer !

Et en attendant que la saison commence pour Deadly Rhythm ce mercredi et pour Noiser ce samedi, c’est donc SPM Prod qui prend les commandes. L’association en est déjà à sa troisième organisation cette saison après la release party de Fleshdoll début septembre et le passage de Satyricon la semaine dernière. Cette troisième date marquera probablement un tournant puisque les organisateurs auront enfin réussi le pari de faire un sold-out au Bikini ! Difficile à croire quand on se rappelle le passage d’Alestorm en 2013 qui se tenait … au Saint des Seins. Ou comment un groupe est passé d’une salle 300 à 1300 places en 4 ans.

TROLDHAUGEN

Commençant à bien connaitre Alestorm et leur univers, nul doute qu’il fallait un groupe nécessairement allumé du bulbe en guise d’introduction. Ne cherchez plus, c’est Troldhaugen. Déjà quand le groupe est entré sur scène sur un mash-up de la BO du Seigneur des Anneaux mixé avec YMCA, on a senti qu’on n’était pas vraiment prêt pour ça. Mais quand le groupe s’est pointé en lycra gris, le chanteur (étrange sosie de Ron Jeremy) avec un sac banane jaune fluo, on s’est même demandé si on était bien certain de savoir où on avait foutu les pieds. Et pourtant…

Troldhaugen, ça se résume à quatre types, venus d’Australie. Si le groupe était initialement dans un folk metal proche de Trollfest, il a depuis deux albums dérivé vers un WTF musical tirant plus vers l’expérimental et l’avant-gardisme. Les fans de Psykup sembleront à ce titre en terrain connu, puisque la formation distille ici et là les sons, sans forcément de logique, passant du metal/electro au dubstep sans transition. Le tout offre une dimension dancefloor metal que le public ne sait manifestement pas par où aborder. Aux barrières, l’audience reste de marbre même si dans le pit les quelques premiers pogotteurs sautillent joyeusement.

Si le groupe marque en revanche de nombreux points, c’est essentiellement via la prestation scénique de leur vocaliste Reventüsk. Scéniquement sans retenue, le bougre nous gratifie de tout ce que l’on ne s’attendait manifestement pas à trouver ici : du dab et du twerk. On sera presque déçu de ne pas y avoir vu de signes de JuL … Coté setlist, les titres sont évidemment axés autour du nouvel album du groupe, Idio+syncrasies (dont la pochette n’est autre qu’un crabe en trottinette sur fond rose …) sorti début septembre. On y retrouvera ainsi Poultrytician qui parle … de poulets ou encore  ¡Mambo Mambo! (¿Binko Banko?) et son intro hommage à Lou Bega. Qu’en retenir au final ? On oscille entre le ridicule et le grotesque, mais Troldhaugen aura au moins un mérite : celui de se démarquer de la foule de premières parties insipides habituellement placées sur ce genre de date. Au moins le public se souviendra d’eux.

Setlist Troldhaugen :
I Ordered a Taxi Driver Not a Taxidermy
CRISPr Me Baby (One More Time)
BMX Terminator
Poultrytician
¡Mambo Mambo! (¿Binko Banko?)
It’s Morphine Time
Jaw Drop
Genome In A Bottle
Viva Loa Vegas

ÆTHER REALM

Troldhaugen sorti de scène, place donc à Æther Realm. Exit les facéties et les mimiques du pitre précédent, on retourne ici dans un registre clairement plus sérieux. Originaire de Caroline du Nord, le quartet donne dans le death mélodique. Et en effet, à l’écoute des premiers titres, on distingue notablement l’influence d’Equilibrium et d’Ensiferum dans les compositions, les lignes de guitare tirant même parfois vers du Wintersun des bons jours. Sans surprise, la setlist s’axe autour du nouvel album du combo, intitulé sobrement Tarot et sorti durant l’été. Les nouveaux titres passent agréablement bien l’épreuve du live à l’image de The Chariot ou Death.

Sur scène, l’ambiance est plus classique, clairement assagie par rapport au groupe précédent. Cela n’empêchera pourtant pas Christopher Bowes d’Alestorm de venir mettre l’ambiance sur King Of Cups, le tout déguisé en… tranche de bacon ! Heinrich Arnold (chant/basse) en profitera pour demander un circle pit triangulaire, demande qui restera sans suite, à l’inverse du wall of death pour lequel le public ne dit jamais non. Leur prestation se terminera sur 5 minutes de leur titre The Sun, the Moon, the Star, fresque épique normalement longue de 19 minutes. Le seul regret ? Ne pas avoir ce titre en intégralité, quitte à rogner sur la setlist ! En bref, à l’inverse de Troldhaugen,ÆtherRealm aura fatalement moins marqué les esprits, la faute à un set un poil trop classique et sans réelle surprise.

Setlist Æther Realm :
America
The Magician
Tarot
Death
Swamp Witch
King of Cups 
The Chariot
The Sun, The Moon, The Star

ALESTORM

Canard gonflable sur scène, backdrop gigantesque représentant un croco qui pionce, distributeur d’alcool sur le drumkit (?!), pas de doute, Alestorm (une fois pour toute, ça se prononce « aïle-storm », Tempête de Bière quoi… et certainement pas « alé-storm ») a bien changé depuis ces 5 dernières années. Alors plutôt sérieux sur les deux premiers albums, le groupe a depuis 2011 dévié sur un WTF permanent, le tout mené par Christopher Bowes, seul rescapé des premières années. Pour les quelques curieux, je vous invite par ailleurs à trouver son canal Youtube personnel pour y dénicher quelques pépites (des remix techno d’Alestorm, encore plus de loufoque et d’improbable). En attendant le groupe, quelques classiques passent sur les enceintes ; on retiendra un We Will Rock You chanté par une grande partie du Bikini pendant que quelques slameurs planent au-dessus du lot.

C’est donc Keelhauled qui lancera les hostilités, et il ne faudra qu’une poignée de secondes à Alestorm pour transformer les 1300 âmes en une seule entité, grouillante et sautillante. Etant en pleine promotion de leur cinquième album, No Grave But The Sea, pas étonnant donc de retrouver sur la setlist quelques nouveaux titres : Mexico, Alestorm ou l’éponyme No Grave But The Sea. Ces nouvelles compositions, déjà en partie entendues au Hellfest avaient fait leur preuves, la confirmation sera apportée ce soir.

Sur scène, Chris Bowes (chant/clavier) occupe l’essentiel de la scène, laissant le reste de l’espace à Gareth Murdock (basse) et Maté Borod (guitare) dernier arrivé il y a deux ans en remplacement de Dani Evans. Côté pit, l’ambiance est évidemment surchauffée, entre pogo, wall of death et circle pit. Sans réelle surprise, l’un des moments marquants de la soirée dans le public sera la langoureuse Nancy The Tavern Wench et son paquito géant allant quasiment des barrières jusqu’à la régie, le tout faisant évidement référence au concert au Saint des Seins de 2013 et à ce même mouvement.

En réalité, peu de grosses surprises au programme, le groupe assurant l’essentiel via des titres ayant déjà été maintes fois éprouvés en live (Shipwrecked, That Famous Ol’ Spiced, …). Pour autant, Bowes s’implique clairement notamment par sa prestance scénique offrant une véritable plongée dans l’univers pirate et s’assurant de fait la sympathie d’un public qui lui mange littéralement dans la main. Les deux seuls fait notablement surprenants seront la présence de quelques guests sur le titre Hangover tel que leur technicien guitare, ou encore la moitié de Wenches & Mead chantée avec des aboiements.

Pour autant, une interrogation ne cesse de me trotter dans la tête. Qu’est-ce qui a bien pu mener le Alestorm des débuts, plutôt sérieux dans la démarche, à tomber dans la musique à boire, bien basse du front avec un côté (faussement) festif ? Exemple notable en 2008, avec le titre Captain Morgan's Revenge, abordant une histoire de malédiction (certes très largement inspirée de Pirates des Caraïbes) mais avec des paroles inspirées et crédibles. 9 ans plus tard, le même groupe sort des titres comme Mexico parlant de se pinter la gueule à coups de tequila tout en bouffant des tacos. L’influence de Korpiklaani ? Probable, mais clairement dommageable, le groupe aurait clairement plus à offrir. On regrettera à ce titre les quelques moments particulièrement dispensables comme le fait de gueuler « Sausages » en plein milieu de Captain Morgan's Revenge. Nah …

En bref, du fun, de la bonne humeur, de la sueur, des tubes, une première partie barrée et un Alestorm en forme. La recette d’un sold-out mérité pour SPM Prod. Bravo !

Setlist Alestorm :
Intro
Keelhauled
Alestorm
Magnetic North
Mexico
That Famous Ol' Spiced
The Sunk'n Norwegian
No Grave But The Sea
Nancy the Tavern Wench
Rumpelkombo
1741 (The Battle of Cartagena)
Hangover (Taio Cruz cover)
Pegleg Potion
Bar ünd Imbiss
Captain Morgan's Revenge
Shipwrecked
------
Drink
Wenches & Mead
Fucked with an Anchor
Mr Blobby

Photos