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jeudi 30 avril 2015

Loudblast : 30ème anniversaire

L'Aeronef - Lille

Schifeul

Dans l'équipe car il était là avant.

Loudblast, légende du Thrash Death français et, à fortiori , de la région Lilloise, a décidé de fêter ses 30 ans comme il se doit ! Le groupe a donc donné rendez-vous pour un concert de folie dans un Aeronef bien blindé pour l'occasion, avec une ribambelle de groupes pas piqués des hannetons ! Voyez plutôt : en plus de Loudbast, on retrouve Crusher, Black Bomb A, Benighted,Anaal Nathrakh et Samael.

Affiche 30 ans Loudblast

SCHIFEUL :

Et la teuf commence par Crusher, si vous n'avez pas entendu parler de ce groupe jusqu'ici, c'est peut-être parce qu'ils ont splitté alors que la plupart d'entre vous étaient encore en train de kiffer Bonjour Babar. Mais le groupe s'est reformé en 2014 et les voilà sur scène à montrer que leur chanteur Crass n'a rien perdu de sa capacité à botter des culs avec un Grind / Death Metal bien teinté old school. Le frontman harangue continuellement la salle pour obtenir le maximum de retours (« c'est tout ce que vous savez faire Lille ? Vous foutez pas de ma gueule, vous pouvez beaucoup mieux, je le sais, j'ai vécu ici » ) et il y arrive le bougre, car au fur et à mesure du set l’ambiance se réchauffe, offrant déjà les premiers pogos.

Amateur de modifications corporelles, il profite de leur hit No Progress Without Regression disponible sur la compil Brutal Generation pour épater la galerie et fait traverser de part en part ses joues par une tige métallique ! Malheureusement après quelques pas, celui-ci la retire. Dommage ça m'aurait fait marrer de le voir chanter avec! Toujours le petit truc visuel en plus qui donne du cachet à la presta' d'un groupe. Excellente mise en bouche pour lancer cette sauterie d'anniversaire dans les meilleurs conditions !

AXHELL :

C’est pile poil dans ce genre de cas que je me dis qu’Horns Up me permet de combler mes lacunes chaque jour… Je m’explique : jamais je n’avais entendu parler de la horde Française Crusher qui affiche pourtant bien trop d’années au compteur pour être ignorée ! Jugez plutôt : formée sur les cendres de Frayeurs qui enregistre sa première démo en 89, la formation change de nom pour Crusher et enregistre un premier album en 92 et un ep dans la foulée, autant dire que ces vieux briscards ont de la bouteille ! Hélas, le destin en aura voulu autrement car ce n’est pas moins de VINGT DEUX ANS de hiatus qui séparent l’EP en question d’un split sorti cette année avec d’autres légendes du death metal national, j’ai nommé Mercyless.

Après cette brève et perfectible introduction sur laquelle je ne pouvais pas ne pas m’arrêter, place à mon ressenti : si c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, celle-là n’a rien à voir avec celle que te préparait ta grand-mère ! Oscillant entre la lourdeur bien frontale d’un metal/hardcore style L’Esprit Du clan et des parties plus brutales encore typées Death Metal, saupoudré d’un putain de groove que n’aurait pas renié un Zuul FX, Crusher saura fédérer l’Aéronef vite et bien ! Avalanche de mandales dans la tronche d’un public qui répondra présent et saura donner de sa personne dans une série de circle pits qui débutera dès la 2ème ou 3ème chanson. On appréciera également la joie communicative du frontman, visiblement très heureux de refouler les planches Lilloises, ainsi que son freak show qui me rappelle mon mois de juillet et l’Obscene Extreme Festival ! Une entrée en matière des plus savoureuses !

SCHIFEUL :

Black Bomb A... Quelques secondes ont suffi pour me rappeler pourquoi j'ai arrêté d'écouter ce groupe passé 16 ans. Mais ils assurent le show, faut leur accorder ça, surtout que la salle de l'aero s'est remplie d'un coup pour l'occasion et le public, pas mal jeune tout de même, s'en donne à cœur joie dans le pogo et répond à chaque demande de Braveheart. Comme d'hab, le set se termine sur un « Mary » repris par la fosse. Mpff, j't'enverrai toute cette jeunesse droguée au gnouf moi !

AXHELL :

Malgré la relation intime qui me lie à ce groupe et qui me transporte dans mes jeunes années lycéennes, je passerai le set de BBA à boire de la Primus, à flyer et à tailler le bout de gras avec Vincent Dupire, journaliste et présentateur sur France 3 Nord Pas de Calais. Un grand merci à toi si tu me lis, et encore bonne continuation pour l’organisation de ce Gohelle Fest 2015 !

SCHIFEUL :

Mine de rien, il a fallu que Loudblast fête ses 30ans pour enfin voir Benighted à Lille ! (car oui, St André-Lez-Lille, ça compte pas ! Et puis même, cela remonte déjà à 2007) Du coup, on sentait une grosse attente pour le groupe et celle-ci explosa dès le début de X2Y ! Pugilat, chicane et mêlée, on a droit à la recette habituelle dans le pit, même si l'impossibilité de monter sur scène fait que les premiers rangs se sont pris un peu moins de coups de pompes de slammers derrière la tête (tant mieux en fait). Alors qu'on pensait voir le groupe enchaîner sur Noise, le temps de jeu accordé réduit le set aux hits récents du groupe, de ce fait c'est par un Experience Your Flesh que Benighted continue son entreprise de destruction de cervicale certifié NF.

Benighted déroule son concert tandis que les circles pit et les walls of death s’exécutent à la demande de Julien (Grind Wit, Fritzl). Le groupe est content d'être là, en particulier Olivier Gabriel qui enchaîne les grimaces tandis que Kevin maltraite sa batterie comme se fait maltraiter une équipe de foot dont on préfère oublier le match qui s'est déroulé lors de cette même soirée. Les nouveaux membres sont maintenant parfaitement intégrés et à l'aise, déroulant leur jeu avec aisance dans la violence.

Alors que s'approche de la fin du set, Julien annonce un morceau très rock'n'roll « car on est là pour rock'n'roller » et nous balance un Swallow qui fait plaisir à réentendre. A chaque fois que j'écoute ce titre, dans les premières secondes j'ai une image de Lemmy Kilmister en short de surf. S'il vous plaît, ne me demandez pas pourquoi. Candy, ancien bassiste du groupe qui est venu pour l'occasion faire un coucou dans le Nord, pète un plomb ! Alors qu'il était tranquilou à regarder le concert sur le côté de la scène, d'un coup le voilà tout foufou, vient sur scène gueuler le refrain dans le micro puis repart de l'autre coté non sans prendre le temps de mettre une main aux fesses de son ancien chanteur. Galvanisé par ce geste d'affection, Julien demande à tout à trac au public d’exécuter un wall of death. Ce qui bien sûr se fera dans la seconde.

Pour rester dans cet esprit « youpi les copains », c'est au tour de Sven d'Aborted de venir sur scène pour jouer un titre avec le groupe. Mais alors qu'on s’apprête à chanter la quête des biscottes perdues, Benighted nous fait un pied de nez car c'est Slut qui est annoncé et qui va ravager l'Aeronef avant qu'Asylum Cave ne vienne finir de tout casser.

X2Y
Experience Your Flesh
Let the Blood Spill Between My Broken Teeth
Collapse
Grind wit
Fritzl
Collection Of Dead Portrait
Swallow
Slut
Asylum Cave

AXHELL :

Tout rassemblement métallique est une épreuve un tant soit peu risquée dès que l’on a choisi de vouer une partie de sa vie au culte du houblon. Lors de (l’ultime ?) édition du Festival Des Arts Bourrins 2014, le « K.O technique » (jolie appellation que voici) m’avait empêché d’assister au set des gloires Françaises que sont Benighted. Les erreurs, normalement structurantes dans la maturation intellectuelle d’un individu normal –pause pour respirer- m’ont été salutaires : je suis encore sobre pendant leur set, et je peux pleinement en profiter.

Qu’il me semble loin le temps où j’avais « laissé » le groupe et leur Black/Death mélodique ! Aujourd’hui (depuis un petit moment, en fait), la mouture Benighted se veut autrement plus brutale. Plus efficace que jamais, l’ossature typée Brutal Death de leur musique, parsemée d’un Grind épileptique et furieux comme le caniche de ma mère (véridique !), vient foutre l’assemblée sens dessus dessous en quelques minutes. Blast beats en veux-tu en voilà, pig squeals en pagaille, circles pits et wall of death déclenchés sur demande, voilà qui échauffe un peu plus l’ambiance. Des compos courtes, compactes, épurées de toutes fioritures, constitueront la set list du groupe pour un public qui leur mangera littéralement dans la main. Notons l’apparition complètement inattendue d’un guest et non des moindres le temps d’une chanson : Sven de l’inénarrable Aborted…le public devient littéralement fou ! Le son, quelque peu perfectible de là où je me trouve (un manque relatif de relief et un chant un poil surmixé) n’entache en rien la prestation volontiers frontale qu’il m’est donnée de voir. Erreur réparée !

SCHIFEUL :

Après avoir retourné le Bistrot St So et marqué les esprits il y a deux ans, Anaal Nathrakh revient à Lille pour aider à garder haut le taux de dérouillées. Bien sûr il est toujours délicat de passer après le bulldozer atomique Benighted, mais les Anglais vont réussir la transition en restant dans la violence, mais surtout en remplaçant l'esprit de fête généré par les Stéphanois par la haine pure !

 Le set commence avec Acheronta Movebimus, instrumental qui ouvre aussi son dernier album Desideratum, tandis que V.I.T.R.I.O.L tourne en rond, se laisse entrer en transe et explose quand va au tour d'Unleash d'éclater à la face des Lillois ! Anaal Nathrakh va ensuite dévoiler un set solide, vomissant ses titres les plus efficaces (Between Shit And Piss We Are Born, Bellum Omnium Contra Omnes, In the Constellation of the Black Widow, Drug-Fucking Abomination ...) avec un frontman qui explique toujours de quoi va traiter le morceau qui suit, parfois avec une pointe d'humour ( « This song is very close to my heart, it's about a man, who's on fire... And fucking a pig! » ) ou encore demande qui était présent lors de leur dernière venue dans la capitale des Flandres. Dommage qu'il n'ait pas demandé qui était là à Valenciennes, j'aurais été le seul gogo à répondre...

Comme d'habitude, leurs morceaux sont ultraviolents, avec juste pour contraster un peu de chant clair qui, pour le coup, est très bien maîtrisé et donne un côté plus épique voire parfois pompeux aux titres. Pour le son, beaucoup se sont plaints de la qualité soit disant exécrable de celui-ci, perso au premier rang avec mes protections j’étais peinard, le son était niquel !

A la fin du set, V.I.T.R.I.O.L nous annonce, d'après ses dires, un des morceau préféré des fans, qu'ils n'avaient jusque là joué que 3 fois ! Et putain je me rappelle plus du titre, la grosse défaite.. Après cela le concert se termine par l'ultime Do Not Speak qui effectivement, nous donne l'impression d'avoir le visage martelé à coup de botte militaire.

AXHELL :

Ayant déjà eu l’occasion d’assister à un show du groupe (en 2013, accompagnés de nos Otargos nationaux à la Gare Saint Sauveur à Lille si je ne dis pas de conneries), je savais déjà à quoi m’attendre avec Anaal Nathrakh. Ils furent le grand moment de ma soirée et je me rappelle encore assez clairement de leur prestation. Quel plaisir de les rencontrer deux ans plus tard !

Autant ne pas tourner autour du pot. En deux mots comme en mille : la claque ! Leur cocktail combinant Black brutal frénétique parsemé d’Indus et constellé de grosse louches Death/Grindcore fait mouche dès la première chanson. Le pit devient bien brutasse et dissuaderait presque de s’y frotter. Piochant çà et là les tubes de sa discographie pour nous les balancer à la tronche façon cocktail Molotov, les anglais dynamitent littéralement l’assistance. Même les passages en chant clair résistent à l’épreuve du live et savent littéralement le transcender, apportant un peu de majesté à tout ce bouillon. Mention spéciale pour ce frontman (Dave Hunt aka V.I.T.R.I.O.L) littéralement habité par son art ! Chapeau bas messieurs, et à la prochaine !
 

SCHIFEUL :

On arrive aux rois de la soirée, ceux pourquoi ce soir c'est la fête : Loudblast ! Et on pourra dire qu'ils savent fêter leurs 30 ans les bougres (et j'en prends de la graine, j'y arrive bientôt putain ... ) car tout est réuni ce soir : une bonne salle très bien remplie, un public chauffé par d'excellentes premières parties, tout est bon pour les Loud afin qu'ils retournent tout ce qui reste sous l’œil des cameras présentes pour une captation live en vue d'un DVD.

Loudblast profite de l'occasion pour faire de son concert, au delà de l’événement en lui-même, quelque chose de spécial en adaptant sa set-list, on revoit donc des vieux titres, quelques-uns assemblés sous une forme de medley et des titres plus rares. Loudblast pioche dans toute sa disco afin de couvrir le maximum de ses 30ans de carrière. On retrouvera aussi bien-sûr des invités, comme Alex d'Agressor ou encore Junior, chanteur dans Darkness Dynamite mais aussi ancien batteur de Sublime Cadaveric Decomposition qui remplaça Hervé derrière les futs lors de leur tournée avec Death DTA, avant que tout ce monde et certains membres des groupes précédents ne viennent faire la bamboula sur scène tandis qu'on remet à Stéphane fleurs et gâteaux.

AXHELL :

Avec tout ça, c’est quand même finalement l’heure de faire face à Loudblast… LE groupe à qui l’on doit la création de ce concert si particulier, LE groupe qui fête ses 30 putains d’années à écumer les scènes et à distiller son Metal made in France, LE groupe qui, de toute évidence, était attendu comme le messie par toute la salle et avait motivé tous ces metalheads à venir se déplacer.

Loudblast… que de chemin parcouru pour ces infatigables gaillards ! Dignes représentants du Metal de la mort à la Française (avec leurs compères d’Agressor, Massacra, Mutilated pour ne citer qu’eux, je ne citerai pas Gojira car beaucoup plus récent évidemment), ces vieux loups de mer ont su mener leur barque (huhu) au long de ces TRENTE années (je n’ai même pas cet âge-là, bordel !). Forts de leur renaissance post-split (à répéter de plus en plus vite), et de la sortie de trois albums qui ont su faire parler d’eux dans la foulée, le groupe investit les planches de l’Aéronef qui est littéralement PLEIN A CRAQUER. Je m’en rends immédiatement compte car, parti vidanger et soulager aussi bien ma vessie que mon ivresse grandissante, je me retrouve avec ma bande à squatter le fond du fond de la salle faute de place. Loudblast attaque son set sous un tonnerre d’applaudissements. Le son me semble très correct d’où je suis et me permets de profiter du Death Metal tantôt thrashisant, racé et résolument old school que plus mélodique et moderne. J’ai de quoi être surpris. Cet équilibre entre ces différents styles laisse infuser la patte Loudblast dans mon petit cerveau et je n’ai qu’une seule envie : me replonger dans l’intégrale du groupe une fois retourné à la maison pour redécouvrir tous ces titres que j’avais oubliés…

Je tiens une fois encore à insister sur la liesse générale qui à fédéré cet évènement. Je ne compte plus les fois où Stéphane Buriez remercie chaleureusement le public pour sa présence et son accueil, nous avons même eu droit à une cérémonie d’anniversaire (avec gâteau) improvisée, jeté de merch dans le public et guest from Agressor (si je ne dis pas de bêtises) le temps d’une chanson. Bref, comme disait Laurent Gerra dans son imitation de Mr Sebastien, l’amour c’est « le partage et l’échange », et on était tous un peu amoureux ce soir.
 

 


C’est que je ne voudrais pas passer pour un alcoolique notoire mais franchement, vu l’heure qu’il est quand Loudblast quitte les planches, et vu le nombre de bibines que je me suis enfilé, je n’avais qu’une seule envie : celle de me pieuter dare dare. Peut être bouffer un morceau aussi, tiens. J’ai dans l’idée que c’est ce qui à dû passer par la tête de pas mal de monde vu la quantité de personnes qui s’amasse aux portes. Dommage pour eux, ils vont rater Samael.

Le groupe démarre alors que je suis assis sur les marches jouxtant la sortie. Personnellement, j’avais laissé le groupe de côté après avoir découvert leur premiers opus, d’obédience Black Metal on ne peut plus radical et épuré de tout artifice. Difficile alors de ne pas être supris par ce que j’entends, et très agréablement qui plus est, car chacun sait que Samael s’est reconverti vers un metal beaucoup plus moderne et électronique. D’autant plus vrai que Thomas Betrisey (aka Drop des excellentissimes Sybreed (RIP)) a fraîchement obtenu un poste à la basse au sein du groupe. Personnage avec qui j’aurai l’occasion de discuter un peu à l’extérieur, tout éméché et quasiment tremblant, groupie inside.
Comme si l’ossature groovy des riffs à la Rammstein / Eisbrecher et compagnie cotoyait les samples futuristes d’un The Kovenant, Samael m’interpelle. Je file reprendre ma place vers le milieu de la fosse pour écouter ça d’une oreille plus attentive. Pas de doute, je suis charmé. Autant dans la recherche visuelle, l’attitude des musiciens sur scène que dans l’enchaînement de leur titres puissants mais dansants, mélodiques mais rageurs, je ressens là encore cette envie, bien plus forte que pour le groupe précédent, de retendre une oreille bien plus attentive à l’œuvre du groupe.
L’heure est malheureusement bien trop avancée pour moi et toutes les fibres de mon corps me réclament de partir à cause de la fatigue. Le temps de faire la bise aux collègues, de retrouver la voiture au parking que je retrouve mon plumard pour un repos bien mérité.



Remerciements : Un grand merci à tous les groupes pour leur prestation, au public ayant répondu présent de manière massive, aux collègues pour les bières offertes, et à un certain Vincent Dupire, journaliste et présentateur à France 3 Nord Pas De Calais pour sa gentillesse et sa disponibilité.