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Album

30 mars 2015 - DarkMorue

Psycroptic

Psycroptic

LabelProsthetic Records
styleDeath Technique
formatAlbum
paysAustralie
sortiemars 2015
La note de
DarkMorue
5.5/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Rah Psycroptic. Ce groupe tout cassé que tout le monde aime quand même. Bien belle carrière que celle de ces Australiens, qui ont quand même participé à faire rejaillir le Death Metal au début du siècle et forts d'un album culte avec "The Scepter of the Ancients" qui reste le monument de leur discographie, inégalable à jamais. Et comme tout groupe culte qui se respecte, il a bien fallu qu'ils se ramassent à un moment. Le joli combo changement de frontman + signature chez Nuclear Blast nous a donc valu un "Ob(Servant)" en demi-teinte, pas mauvais venant d'eux mais tellement en dessous des capacités que c'en était la frustration la plus ultime. Et un revirement a eu lieu, et "The Inherited Repression" fut accouché dans la douleur en 2012, d'une qualité surprenante au vu de ses partis pris. Psycroptic s'était vu rediriger son son vers quelque chose de bien plus frontal, hybride de Brutal Death Technique stellaire et de Metal plus moderne pour ne pas dire -core, on hurlait à l'hérésie, mais... Mais les morceaux étaient tellement efficaces tout en restant tellement typés que ça marchait. Et à balle. Et on se retrouvait avec certains des titres les plus jouissifs de nos Australiens. Comme quoi. Et donc, ils se sont fait attendre, ils nous ont annoncé un nouvel EP pendant une plombe et finalement c'est carrément un album complet qui nous tombe sur la gueule. Et il est là. Et vous avez déjà vu la note avant même de lire le premier mot de la chronique, donc vous savez qu'il m'emmerde.

Un éponyme. Hum. Chose rarement vide de sens quand c'est le 6ème album d'un groupe. C'est soit la synthèse, soit le nouveau départ. Et la première écoute gomme la première des deux options : Psycroptic version 2015 reprend la ligne directrice de son aîné de 2012 en appuyant encore un peu plus sur ce qui nous avait fait grincer des dents. Et donc, sous cette pochette qui ne rappelle pas, mais alors pas du tout du tout, celle des derniers Soilwork et Agalloch, mais alors vraiment pas hein, se planque une musique qui en a à revendre, mais qui fera trop tiquer les fans des débuts pour qu'on ne soupire pas trop. C'est fourmillant de bonnes idées, on a des instants de grâce ultimes, mais également d'autres moments où on se traîne dans la boue et cette dualité fait mal sur le long terme. On savait que nos gars avaient simplifié leur musique, mais ça se fait désormais de manière pour le moins étrange et dure à comprendre. On s'est habitué au chant Hardcore de Jason, totalement anti-nuancé (merde mais c'est le même mec que sur "Symbols of Failure" sérieusement?) mais autant sur l'opus précédent les tricotages de guitares incessants et l'accroche des lignes le faisaient plutôt bien passer, autant maintenant c'est vraiment la goutte de trop qui finit de saloper certains morceaux qui en deviennent insupportables (je pense notamment à cette merde de "Cold" et son riff principal ressemblant juste à un exercice pour main gauche en 3ème année de guitare qui dure des plombes et qu'on nous sert à toutes les sauces). Mais surtout, entendre Psycroptic balancer des riffs Thrash chiants sur la moitié de la longueur de l'album, c'est un gâchis incroyable qui nous donne de quoi nous arracher les cheveux.

Comment expliquer des trucs comme "Setting the Sky Ablaze" qui sonne juste comme du Thrash/Death de base au chant aboyé ridicule que même ses parties scintillantes vues et revues n'arrivent pas à sauver ? Ou ce titre d'ouverture qui commence bien avec une partie acoustique exotique superbe et qui... Qui se vautre dans le néant total, enchaînant épique poussif, basique, et parties techniques réchauffées entendues mille fois auparavant. Mais à côté de ces haussements de sourcils, on conserve quand même de quoi se mettre sous la dent. Déjà un "A Soul Once Lost" pas trop mal, ayant du mal à décoller mais rattrapant une "Ending" où il ne se passe absolument rien (c'est bien de gérer les montées en pression mais encore faut-il que quelque chose suive quoi). On voit les guitares tournoyantes et virevoltantes aux mélodies ultra complexes refaire leur apparition pour de vrai, et on souffle du bonheur de retrouver enfin le groupe en forme, en se délectant des motifs jazzys spatiaux en forme de jams incroyables (la dernière minute absolument succulente). Il faudra en fait attendre la fin pour vraiment relever la tête, à partir de "Sentence of Immortality", clairement le meilleur morceau de l'album, modèle de progression et d'ambiance, et de subtilité monstrueuse sous une simplicité apparente. Les deux derniers titres se lâchent en effet un peu et officient simplement dans du Psycroptic correct, mais toujours trop en retenue, un peu molasson car ne se débridant jamais, ne lâchant pas les chevaux, ni rien...

C'est bien ça le souci de cette cuvée. Jamais ça pète un plomb. Jamais ça part dans un gros magma guitaristique qui serait pourtant parfaitement jouissif. On a de beaux tricotages, des passages techniques tout en finesse, mais le reste du temps quand on croit que ça va faire parler la poudre, hé ben non ça ralenti et ça envoie un riff Thrash chiant et mou du bulbe. Le tout couplé à ce chant linéaire, percutant et efficace certes mais tapant sur le système et ne mettant pas particulièrement bien en valeur ce qu'il y a derrière, on pourra donc dire que ce nouvel opus ne m'a pas, mais alors pas convaincu du tout. Pourtant "The Inherited Repression", dont il est le plus proche, est aujourd'hui mon second album préféré du groupe donc on ne peut pas dire que ça partait avec un malus stylistique Mais non, c'est juste à moitié vide et chiant. Le "Ob(Servant)" des années 2010, composé donc à moitié de ce qui avait fait le succès de son aîné et à moitié de remplissage totalement bateau quand ce n'est pas des morceaux complets à jeter purement et simplement. Bref, on va voir si ça sonne mieux la prochaine fois, on se revoit en 2019 les enfants, ciao.

En une phrase : Quelques morceaux admirables, mais aussi d'énormes ratés et un rendu global trop sage et mitigé pour être retenu...

Tracklist :
1. Echoes to Come
2. Ending
3. A Soul Once Lost
4. Cold
5. Setting the Skies Ablaze
6. Ideals That Won't Surrender
7. Sentence of Immortality
8. The World Discarded
9. Endless Wandering

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