Chronique Retour

Album

22 février 2015 - S.

Himinbjorg

Wyrd

LabelEuropean Tribes
stylePagan Black Metal
formatAlbum
paysFrance
sortiemars 2015
La note de
S.
8/10


S.

S’il y a bien un groupe dont je surveille assidûment les travaux depuis de nombreuses années, c’est bien Himinbjorg ; non seulement ils sont originaires de ma région, mais surtout ils produisent un Pagan Black Metal de tout premier ordre, qui se vit d’autant plus en live tant leurs prestations sont intenses, une aura que bien trop peu de formations possèdent.

Avec près de vingt ans d’existence, les français se sont imposés comme des valeurs sûres dans leur registre, avec des chefs-d’œuvre tels que « In the raven’s shadow » ou « Where ravens fly », alors que la horde est plutôt discrète, médiatiquement parlant.

Cinq ans après leur dernière réalisation « Chants d’hier, chants de guerre, chant de la terre… », qui m’avait plutôt laissé sur ma faim par son côté plus posé, acoustique et progressif, l’attente était grande, doublée d’une certaine inquiétude : le projet emmené par sa tête pensante Zahaah allait-il poursuivre dans cette voie ou un retour aux sources était-il envisageable ? Ô que de bonnes surprises ce nouvel album nous réserve !

Tout commence par une immersion dans le monde d’Himinbjorg avec le morceau d’introduction ; nous voilà plongés au bord d’un ruisseau, près d’un champ de bataille personnalisé par cet hymne joué à la cornemuse de Gascogne, le narrateur en appelant à « l’esprit de l’Homme, […] à l’esprit de la terre ». C’est solennel et incantatoire, idéal pour assurer la transition avec la fougue du Black Metal qui vient se glisser à la suite. Et là il ne faut guère de temps pour constater la nette progression au niveau du mixage. Si les précédents opus pêchaient par un manque de relief, ici les réglages sont particulièrement bien dosés grâce au travail de Patric "Darkhyrys" G. au WSL studio, offrant aux instruments clarté, contraste et cohérence entre eux. On se rapproche en cela d’un Golden Age (2003), en mieux. Le quatuor nous démontre d’ailleurs qu’on peut avoir un concept « roots » tout en ayant un son contemporain.

Au-delà de cet aspect technique positif, c’est surtout au niveau musical que s’exprime tout le génie de Zahaah. Les titres retrouvent cette vigueur qui faisait tant défaut sur les dernières sorties, le groupe vient chercher en nous l’esprit guerrier avec ses compositions à fort impact, ses mélodies revanchardes et lignes acérées. Une expérience qui avait été testée avec brio par le passé avec le titre « Destin de Sang » sur le précédent album (le seul qui avait retenu mon attention d’ailleurs), c’est l’intégration d’instruments traditionnels venant se fondre aux plans metal ; un alliage que l’on doit aux invités de marque, Christophe Morvan (Soldat Louis, Tri Yann…) et Baptiste Labenne (Boisson Divine). Ces éléments apportent un côté rustique et celtique, en étant toutefois utilisés sans excès, avec parcimonie, différenciant ainsi Himinbjorg de toute cette tripotée de groupes plus ou moins folk/viking aux structures faussement héroïques, surfaits.

On ressent un certain nombre d’influences des grandes formations du style, avec des titres dans la veine de Primordial (« The Mirror of Suffering »), Moonsorrow (« Another Shore ») ou encore Falkenbach (« The circle of Warriors »). Des comparaisons flatteuses qui n’altèrent cependant en rien la griffe propre à Himinbjorg avec notamment son jeu vocal intéressant, alternant voix claire presque shamanique et cris écorchés, vindicatifs.

Pour ainsi dire, j’ai bu comme du petit lait les trois quarts d’heure de cette nouvelle cuvée, tant les compositions sont inspirées et captivantes. Certains moments sont musicalement et spirituellement forts, je pense en particulier à ce final sur « The World of men without Virtue », mid-tempo, magnifique, avec son solo à mi-chemin entre Bathory et le vieux heavy des années quatre-vingt. Seule ombre au tableau, la pochette de l’album qui n’est absolument pas à mon goût même si l’idée de base était bonne, il y avait matière à mieux faire selon moi.

En tout cas, ce Wyrd risque de faire grand bruit dans le milieu par ses nombreuses qualités et ce retour aux sources attendu par beaucoup. Un album puissant, riche, mature et assurément gaulois !

1. Intro - Call to the Being
2. The Sword of Dignity
3. The World of Men Without Virtue - The Circle of Disillusion
4. The Circle of Warriors
5. Initiation
6. The Mirror of Suffering - The Circle of Ghosts
7. The Shamanic Whisper
8. Another Shore
9. The Eternal Light