Interviews Retour
jeudi 12 février 2015

Europe

Joey Tempest

Eve Knoxx

Si tu me croises en fest, fais comme si c'était jamais arrivé. Glam Metal principalement, mais des fois d'autres trucs.

C'est à Paris, au célèbre Hard Rock Café plus précisément, que Joey Tempest a choisi de faire la promo du nouvel album de son légendaire groupe EuropeWar Of Kings ne sortira qu'en mars, mais Tempest a su nous mettre l'eau à la bouche correctement. Horns Up était là, juste pour vous les gars.

Ce sont cinq morceaux de leur futur album, War Of Kings (sortie le 6 mars chez UDR Records / Warner , une première pour Europe) que nous avons eu en écoute à deux reprises (retard sur le timing oblige). 5 morceaux qui sont, il faut l'avouer, surprenants. Impossible de ne pas remarquer les influences 70's et blues de ces morceaux. Preuve que, 32 ans après leur premier album, nos Suédois préférés peuvent nous surprendre.

« Je trouve que 'War Of Kings' est le parfait successeur de 'Bag Of Bones' »

Joey Tempest éclaire nos interrogations, et nous explique que ces changements sont dus, d'une part, au véritable travail d'équipe que le groupe a fourni pour cet album, chacun ayant participé à l'écriture des morceaux, et d'autre part à la participation importante de Dave Cobb à la production. Celui-ci les a en effet poussés à trouver une nouvelle vibration, une atmosphère propre à cet album. Joey nous parle plus particulièrement du morceau Angel (With Broken Hearts), écrit la nuit du décès de Jeff Brudges, qui est selon lui le morceau le plus chargé en émotions de l'album. Le leader semble vraiment excité de parler de son album, et ne nous cache pas qu'ils en sont tous très fiers. Il nous raconte l'intensité en idées de ces deux semaines, leur choix d'utiliser les claviers pour sonner de manière, je cite, 'majestueuse'.

Dave Cobb, donc, a eu un rôle très important dans la production de cet opus. Un nouveau studio (PanGaia Studios, à Stockholm), de nouveaux matériels et une vision juste de la musique. C'est avec son travail pour Rival Sons (USA) qu'Europe le remarque, et lui demande de collaborer (coïncidence, celui-ci a apprit la batterie avec des morceaux du groupe, donc forcément, il s'est pas fait prier, le mec..).

Quand on lui demande le secret pour avoir ce son 70's tout en étant moderne, ses yeux s'éclairent et on sent qu'il a réellement passé un super moment en studio. « En fait, en studio, tu dois aller de l’avant, dans le sens avoir de nouvelles idées, être toujours meilleur avec ton instrument, c’est ce qui explique cette sensation de modernité. » Hum... Bon, c'est ça le secret, mais faut quand même s'appeler Europe, non..?

Retour aux sources et inspirations

C'est à Vasastan, en Suède, que l'album a été enregistré. Joey en profite pour nous faire un petit cours d'étymologie suédoise et nous éclaire donc sur le bonus track du même nom, Vasastan donc. (van = roi, stan = ville). Le titre puissant War Of Kings ayant aiguisé ma curiosité, je ne peux m'empêcher de lui demander si ça a un quelconque rapport avec tous ces groupes de référence des années 80 qui essaient de rester sur scène pour toujours et à n'importe quel prix. Joey rigole et apprécie l'idée, mais non, rien à voir : il se remet en mode prof de fac et nous raconte l'histoire du roman suédois « The Long Ships » (Frans G. Bengtsson). Les vikings, les conquérants, l'histoire danoise et suédoise, les batailles... De quoi inspirer les lascars. La pochette, quant à elle, ne devait en rien avoir un rapport avec ça. Tempest nous confie en rigolant qu'il a simplement demandé à ce qu'il n'y ait ni flammes, ni épées, ni bateaux, bref quelque chose qui sorte des sentiers battus de leur leit motiv et qui surprenne, tout en restant dans le thème. Et c'est pas mal réussi.

Joey s'exprime également sur les réseaux sociaux et la facilité d'avoir un album en libre accès sur le net. Pour ce qui est des premiers, il est ravi de voir à quel point les fans sont connectés. Mais comme chaque artistes en 2015, il est préoccupé par le marché du disque. « Je préférerais que tous les albums puissent bénéficier de trois mois sans libre accès en streaming sur le net. Les gens apprécieraient plus leurs CDs ». Cependant, il est soulagé que ça ne décourage pas les groupes à sortir des albums, comme certains l'avaient annoncé avant de changer d'avis et de s'y remettre. « Si tu ne sors rien, tu ne progresses pas et tu tombes dans la nostalgie. On a toujours besoin d’être poussé à faire de nouvelles choses. » 

Il conclu ce sympathique et convivial échange par ces quelques mots pleins de sens : « Quelqu'un a dit un jour 'Le rock est mort'. Et moi je vous dit, non, le rock n'est pas mort, il était juste en vacances. »

C'est après ces 30 minutes de discutions que l'on nous annonce que la conférence est terminée. La conférence, certes, l'expérience, certainement pas. Joey Tempest reste avec plaisir quelques dizaines de minutes de plus, le temps de faire quelques photos, signer des disques, et échanger quelques mots, et c'est un type plein d'entrain, accessible et marrant que l'on découvre. Il prends le temps de dire un mot à chacun pendant les photos, contrairement à certains qui ne sont pas plus expressifs qu'un robot avec le manche de leur guitare carré bien profond dans l'anus.

Post Scriptum :  Un conseil pour les fans ; révisez bien les paroles de Hole In My PocketPraise You et Angel (With Broken Hearts). Mon petit doigt me dit qu'ils seront sur la setlist...