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Album

09 février 2015 - DarkMorue

Ingested

The Architect of Extinction

LabelCentury Media
styleSlamcore
formatAlbum
paysAngleterre
sortiejanvier 2015
La note de
DarkMorue
5/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

"Trois albums et deux Eps ont été nécessaires pour trouver notre son, notre identité en tant que groupe. Cet album, c'est Ingested dans sa forme la plus pure, nihiliste, Slamming Death Metal ta race. Les paroles, riffs de guitares, patterns de batterie de cet album sont balancés avec une grande sincérité, cette fois-ci on y croyait pour de vrai. C'est l'album qu'on a toujours voulu créer, c'est THE ARCHITECTS OF EXTINCTION" qu'il a dit Jason Evans, le chanteur du groupe.

Ouais ouais, et la marmotte elle met le chocolat dans le papier alu.

Je me suis bien fait avoir par Ingested aussi moi tiens. Découverts là comme ça, dans les sorties de 2015. J'aime bien la pochette, je check ça, tranquillou. Et je me prends "The Divine Rights of Kings" dans la tronche et woh. C'est massif, c'est gras, c'est sombre, pas original mais genre absolument pas du tout, mais c'est bien fichu. En surface, ça claque dans la gueule, c'est immédiat, le premier riff Slamme la tronche comme un bonhomme, et vas-y que ça blaste et tout et tout. Bref, le premier contact est carrément bon, je fous ça de côté et c'est parti pour voir ça en détails. Et puis... Et puis bah en fait non, très vite ça se dégonfle, et on sent l'arnaque.

J'aurais du percuter aussi. Du Slam Death chez Century Media ? Depuis quand ces derniers s'aventurent dans ces terres là ? D'accord si pour un groupe supposé de qualité, plus fouillé que la moyenne, genre Aborted et Napalm Death qui ont leur place, mais là, du Slam reste du Slam, c'est crade, c'est totalement abruti, donc un album estampillé de la sorte a tout simplement rien à faire dans une distro à grande échelle pareille. Même Devourment a divisé par deux son quota de Slammachins en passant chez Relapse. Et du coup, bah c'est ce à quoi on s'attendait, ce dernier Ingested est vendu comme du Slam, mais c'en est pas. C'est une raison pour les détester ? Non. Par contre le fait que ce soit du Deathcore clinique pas assumé planqué derrière des riffs promos, un peu plus. Bon, au début ça maintient l'illusion, mais malgré le côté blockbuster, la surproduction ultra violente, les explosions de partout, on se rend vite compte que le tout est d'une froideur, d'une aridité typique. C'est épais, mais aucune émotion, aucune envie de tout casser, aucune véritable rage. On enchaîne les trucs et les machins, on les regarde faire en se disant "ouais c'est bien" mais jamais on sent la crasse, jamais on a envie de tourner en coupant des bûches, jamais on remue quoi que ce soit. Et vas-y que ça riffe, que ça cache ses moshparts sous des artifices empruntés... Opus le plus abouti et personnel ben voyons. J'ai envie de dire encore heureux, le premier était un album de Brutal Death pas terros massacré par une prod et une batterie quasi honteuses, le second c'était du Death Moderne à tendance core clinique et générique imblairable, maintenant on a un mélange des deux. En soit, c'est mieux, mais c'est pas encore ça.

J'avoue que "The Divine Rights of Kings" est clairement badass. Mais en dehors, les fulgurances qualitatives tiennent du cas isolé. On a de manière surprenante une interlude à moitié acoustique superbement interprétée avec "Penance", sinon autant on retient quelques passages qui bourrent ("Endless Despondency" arrache, "I, Despoiler" dispose d'un énorme concassage jouant du compresseur qu'on aurait voulu beaucoup plus long) mais sinon... Pffff. On parle d'album de la maturité. Moi je parle d'album très bien branlé qui enchaîne ce qu'on attend de lui, mais est quand même sacrément chiant et prévisible. C'est bien de sortir des moshparts repiquées à droite à gauche chez d'autres avec une plus grosse prod mais en 2015 c'est plus du tout assez. C'est même pas une question d'absence de renouvellement, c'est juste de l'arnaque. Les growls ont beau être sur-gutturaux et variés allant fouiller parfois au fond des glaires de manière proche de Katalepsy, les notes pesantes et la brutalité factice au rendez-vous, c'est juste un Suicide Silence qui revient mal déguisé enAbominable Putridity. Donc ceux qui aiment ça seront servis, mais le reste se rendra vite à l'évidence : Ingested joue du Brutal Death à destination de ceux qui aiment pas ça.

Donc voilà. Album au final franchement pas mauvais mais bien apte à tromper son public sur la marchandise. Se vendant comme du pur Texan au goût du jour, s'ouvrant et axant toute sa promo sur son morceau le plus jouissif dans un esprit autre, et se dégonflant vite comme un ballon mouillé. En live ça doit sûrement bien claquer (je demande qu'à être bluffé vu qu'ils vont pas mal tourner cette année) mais là en studio ça tape à côté. De la pure poudre aux yeux, un machin lancé aux yeux des non-habitués qui seront persuadés de détenir la nouvelle vérité et le groupe le plus jouissivement sur-violent lourdingue du monde, tandis que les autres auront pour une fois le droit de se la jouer hipsters et rester sur des trucs plus intègres et ne se gourant pas de scène. Exactement le même problème que les derniers Acranius donc, sauf que ces derniers ont le mérite d'avoir frappé autrement plus fort avec leur premier EP unanimement reconnu dans le milieu...

Abwa : Un truc qui se fait passer pour du Slam tout en étant réservé à ceux qui en écoutent pas. Deathcoreux contents, les autres resteront froids.

Tracklist:

1- The Divine Right Of Kings
2- Narcissistic Apathy
3- Endless Despondency
4- The Heirs To Mankind's Atrocities
5- I, Despoiler
6-Penance
7-A Nightmare Incarnate
8- Extinction Event
9- Amongst Vermin
10- Rotted Eden