Chronique Retour

Album

07 février 2015 - DarkMorue

Just Before Dawn

The Aftermath

LabelChaos Records
styleDeath Metal
formatAlbum
paysInternational
sortieoctobre 2014
La note de
DarkMorue
7/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Il faut cautionner ce genre de projet. Juste... Il faut soutenir, faut qu'on en ait dans tous les sens. C'est le genre de truc que j'ai dans mes rêves, moi qui suis favorable à toutes formes de partouzes musicales. Et pas forcément que musicales d'ailleurs.

Just Before Dawn c'est tout con. C'est du Death bas du front qui part en guerre dans son Panzer comme on l'aime. Mais avec un gigantesque gang-bang au micro. Comme Megascavenger l'a également fait y'a pas longtemps en encore plus all-star, on a ici un connard sobrement intitulé Anders Biazzi qui fait ses compos, enregistre ses riffs, ses guitares, sa basse, appelle son pote chasseur de primes Brynjar Helgetun pour matraquer les fûts en 10sec... Et après il rameute tout le monde pour se greffer sur le projet. Mais genre plein plein de gens. Du coup on se retrouve avec un line-up de musiciens de sessions long comme le bras avec du guest de prestige à foison. Rien de moins qu'un vocaliste différent par morceau (avec même de la grosse pointure via la présence de Marc Grewe ou Dave Ingram) et quelques guitaristes pour faire les leads qui vont bien, et zob.
Alléchant programme hein ?

Le premier album était déjà plus que cool en gros Death Metal ultra basique, peu d'évolutions de tempo mais toujours une efficacité en titane, comme un copier / coller de Bolt Thrower mais avec des guitares sonnant comme Grave et des gimmicks purement Suédois dans les manières d'amener les riffs. Problème : c'est ultra linéaire et dont ça devient potentiellement vite chiant. Parce que bon, c'est mignon de faire du Bolt Thrower mais quand on est pas Bolt Thrower bah on se retrouve super vite totalement en chenille libre (j'ai voulu me la jouer métaphore mais en fait cette expression est juste moche... Bon on va dire que c'est l'intention qui compte). C'est là que l'astuce des douze millions de chanteurs arrive donc, pour renouveler systématiquement la formule au micro à chaque nouvelle piste et donc bah... Bah capter l'attention tout au long de l'album. Et ça fonctionnait. On pouvait apprécier les derniers titres sans piquer du nez, chose qui aurait été impossible sans ces changements de paramètres tellement tout était dit le temps des trois premiers titres, bien évidemment les trois meilleurs avec le dernier comme tout album à tubes qui se respecte.

Ici, c'est pareil. On va pas se leurrer : les deux albums sont strictement identiques, on a juste de nouvelles compos et un peu plus de renommée chez les invités (Rick Rozz en personne qui va taper la lead sur le premier vrai morceau quoi!). Mais, on passe quand même un bon moment parce que sur ces 12 titres pour quelques 54min (uuuuuuurgh) y'a de la sacrée boucherie. En commençant par "Death From Above" qui martèle sans plus finir en faisant se renvoyer la balle avec les deux frontmen de Blood Mortized et Puteraeon qui livrent étrangement une bien meilleure prestation que sur les derniers albums de leurs groupes respectifs... Sinon bah. Bah on a affaire à du gros Death qui sent la poudre et laisse des éclats d'obus dans toute la pièce. Riff sur riff, mécaniquement, inexorablement. On voit les growleurs défiler, chacun nous en met le plus possible plein les mirettes, on secoue notre crinière, on va jouer à Warhammer 40 000 et on termine notre cosplay de Terminator. C'est basique, c'est d'une pauvreté musicale absolue en termes techniques et purement créatifs, mais ça fait un de ces biens fous bon sang vous pouvez pas savoir comment je suis content d'écouter des trucs comme ça tout en sachant pertinemment qu'il y a mieux partout.

Et puis voilà, "Lightning War" qui fait carrément venir Ingram en personne, ça nous fait verser une larme en pensant à l'inactivité studio totale des meilleurs anglais du monde depuis 2005. Hommage encore plus appuyé sur le morceau suivant, moins enthousiasmant jusqu'à son refrain gueulant des "Bolt Thrower ! Cold Fire ! Soul Burner !" qui font lever le poing. Après, faut encaisser tout ça. Tout n'est pas égal, on peut clairement faire un gros tri, on ne comprend pas pourquoi c'est cette "Through The Mud" totalement identique à "Incoming" qui a été réservée au vénérable frontman de Morgoth et on doit attendre le dernier titre qui se la joue épique (oh comme c'est original un dernier titre épique avec tout plein de leads tristes, je connais aucun autre groupe qui fait ça moi) pour se faire rouler dessus par le growl tétanisant de Ralf Hauber (l'ogre de Revel In Flesh). On garde quand même de grosses pépites, les leads crépusculaires de "Feast of the Firedemon", le sombre "Bastogne" et son titre qui ressemble à un jeu de mots mais en fait non... Mais voilà, le bat blesse à un moment : tous les titres sont les mêmes, et c'est long. Donc si on est pas bien exigeant et qu'on mouille comme une pucelle dès qu'on met les mots "BOLT THROWER" et "Death Suédois" dans la même phrase (genre typiquement moi quoi) globalement on peut prendre notre pied, mais alors, en dehors des die-hard fans en rut, c'est chaud d'y revenir pour une raison autre que la simple curiosité.

Donc voilà. Gros gros pavé avec une farandole de fifous derrière le micro, musique brise-nuque sans complexes parfaite pour le live mais dans une configuration n'en appelant aucun, la base de la base du Death de rustre qui part en guerre avec sa bite et son panzer. On apprécie tout particulièrement ce genre de projets parce que, bien que tout ne soit pas parfait, que ça tire trop en longueur et que certaines pistes ne sont au final que des prétextes à faire chanter un copain, on ressent dans tous les cas une affection profonde pour le genre, une volonté de créer un véritable bataillon du Death Metal, de rassembler et faire connaître (fort à parier que sur la grosse vingtaine de participants, il y ait de grands inconnus et donc de bonnes découvertes à faire). Le tout illustré superbement avec un packaging classieux allant jusqu'au bout de son concept.

Bref, donnez au moins une chance. Même si c'est pas de la grande musique, ça rentre dans le lard et ça s'écoute tout seul. Un vrai rêve de gosse qu'il ne faut surtout pas briser malgré ses maladresses.

Tracklist :

1- Across the Battlefield
2- Lightning War
3- Soulburner
4- Incomming
5- Bastard Battalion
6- Death from Above
7- Device of Utter Death
8- Bastogne
9- Through the Mud
10- Blitzkrieg Brigade
11- Feast of the Firedemon
12- The Aftermath