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jeudi 11 décembre 2014

Equilibrium + Trollfest + Northgard

Nouveau Casino - Paris

U-Zine

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Equilibrium sort le 3 Avril dernier son nouvel enfant, Erdentempel, dans un contexte particulier où Andreas et Sandra Völkl (membres fondateurs) quittent le navire. Ils sont respectivement remplacés par Dom R. Crey et Jen Majura.

Ce nouveau skeud confirme l’évolution musicale de la formation, se séparant de leur dimension épique pour prétendre à une ambiance plus festive. On peut la noter de manière objective en appréciant l’affiche (Equilibrium + Trollfest).

Lors de leur show au Hellfest de cette année, la part belle a été faite à cette nouvelle production, promotion oblige. Mais qu'en est-il une fois le groupe en salle et en tête d’affiche, avec une set list d’une quinzaine de titres ?

La soirée ne débute pas sous les meilleurs hospices : une mauvaise gestion du trafic entre la Stargate #34 et #06 ne permet pas une recomposition atomique assez rapide pour assister au premier concert de la soirée : Nothgard. On entre donc pendant les "one two check check check" de Trollfest.

TROLLFEST

Quel bonheur de retrouver le Nouveau Casino, cette salle bien agencée, avec une jauge excellente, … qui se transforme en un énorme fourneau dès que deux gus sautent à pieds joints. Le genre de salle où ton T-shirt a servi de serpillère pour éponger le spiritueux et la sueur des copains, miam ! Et devinez quoi ? Ce soir, c’est sold-out.

En montant à l’étage de la salle, on constate que la fosse est déjà pleine. Ce soir on est venu pour Equilibrium certes, mais également pour Trollfest. Cette hauteur permet d’apprécier la scène, arborant un nombre important de micros, mais aussi des kits de percussions loufoques, terminés par des gadgets absurdes. On ne s’est pas trompé sur la marchandise.
 

Le noir se fait, les premiers excités gueulent pour gueuler, puis les Norvégiens déboulent sur les planches. Equipés de leurs grandes blouses blanches et de leurs maquillages de mineurs, le groupe sort tout droit d’un laboratoire de fous. Les premiers riffs sont envoyés et la fosse embraye sur le combo gigue/pogo de rigueur. Les premiers rangs se font écraser.

Sitôt le premier morceau terminé, ça enchaîne direct, avec une fosse toujours aussi à fond, une température dans la salle qui crève le plafond, des slams nombreux (sans être trop relous) et une fosse en grande partie entrain de bouger son boule. Le public partira même en circle pit alors que personne ne leur en aura donné l’ordre (mal élevés !). En résumé, l’intégralité du concert sera un gros bordel jovial.

Sur scène, les zikos font plus que simplement jouer leur partition. Trollfest sourit, danse, et fait son intéressant, en prenant un malin plaisir à jouer avec les premiers rangs. La petite scène du Nouveau Casino peine à contenir l’ensemble de la formation. En comptant les instruments de Metal classique, ajoutons accordéon, violon, et kits de percussions. Là encore c’est petit, mais viable. Le problème c’est que Trollfest voyage en meute. Ainsi plusieurs personnes s’ajouteront sur un ou plusieurs morceaux, tantôt à pousser la chansonnette, tantôt à jouer du kazoo, ou à simplement danser en picolant. Total : une quinzaine de gus sur les planches. Ca manque de se cogner contre la batterie, et il faut mettre son clignotant pour passer d’un côté à l’autre de la scène. Tout ce bordel correspond parfaitement à l’esprit du concert : une grosse teuf.

Et quand il s’agit de fête, il faut une playlist qui va bien. Trollfest l’a bien compris et servira une super setlist. On commence avec des titres Pagans très bourrins, pour passer sur du folk délirant, avant de reprendre du Britney Spears. On enchaîne en frôlant le morceau jazz, pour passer sur des sonorités tropicales qui sentent bon la noix de coco et les colliers à fleurs. Pour finir, on termine avec du gros Pagan des familles ! Car c’est aussi ça Trollfest : une grande variété dans la composition qui permet de ne pas s’ennuyer une seconde !

Plutôt que d’haranguer de manière classique la fosse pendant les refrains ou entre les chansons, Trollfest utilise la stratégie du "je fais un truc drôle, et je regarde le public". Il en résulte une excellente communication : spontanée et non omniprésente. Au niveau des décibels, on peine par moment à bien entendre le violon et l’accordéon, mais globalement rien de méchant à signaler, mon colonel.

Trollfest vient de mettre la barre très haut ce soir au Nouveau Casino. Leur volonté de faire la bringue aura emporté même le plus sceptique des spectateurs. Saluons une telle créativité et une telle énergie. On en vient à oublier que ce n’était qu’une première partie, et qu’Equilibrium a la lourde tâche de prendre la suite.

Bande de petits chanceux, vous avez même le droit à une vidéo bonus, en cliquant sur le carré noir :

EQUILIBRIUM

Après une petite pause, histoire de prendre l’air pour ne pas mourir asphyxié, on retourne dans la fournaise pour la tête d’affiche de ce soir : Equilibrium.

Le noir reprend ses droits, les Allemands s’accaparent la scène, on est parti pour une entame 100% festive. L’intensité de la fosse ne baisse pas, au contraire. On aurait pu penser que la prestation de Trollfest avait laissé quelques marques, laissant un public crevé : il n’en est rien. Le bordel s’étend maintenant à toute la salle. Le spectateur pépère sur le côté, souhaitant simplement boire sa bière, doit essuyer la ferveur d’un Nouveau Casino chauffé à blanc.

Côté public, Equilibrium transforme l’essai d’un claquement de doigts, mais qu'en est-il de leur prestation brute ? Les zikos sont bien énergiques, et ne sont pas plantés dans le planché. Le front man Robb prend soin de son audience qui lui mange dans la main. Ses potes communiquent bien, à grand renfort de "You’re crazy Paris", prenant même des photos de la foule entre les morceaux.

Musicalement, c’est plutôt carré et intense pendant les morceaux. A l’instar d’un Trollfest en mode fête foraine, les Allemands restent dans le registre du "tout dans ta gueule", et ça fait plaisir. Globalement Equilibrium sait ce qu’il fait, la nouvelle monture a maintenant corrigé les dernières imperfections constatées au Hellfest. Le groupe d’Epic German Metal, comme il aime se qualifier, maîtrise son show de bout en bout, rien à redire. Là vous noterez que je leur passe de la pommade.

En effet, on aurait pu croire qu’avec un statut de tête d’affiche, Equilibrium prenne le soin de rendre hommage à l’intégralité de leur disco : que nenni ! On fait table rase du passé ! Ainsi la setlist est en grande majorité composée de titres du dernier skeud sans saveurs des Allemands. Remplacez les Nordheim, et autres Die Weide Und Der Fluß, par des Wirtshaus Gaudi et Uns'rer Flöten Klang téléphonés, et sans prise de risque.

Bien trop naïf de s’être persuadé qu’on aurait eu le chef d’oeuvre Mana, quand le titre le plus épique, c’est la reprise de Skyrim et … les quelques pistes de Sagas et Turis Fatyr. Outre un Blut Im Auge de rigueur, on tentera d’apprécier Wingthors Hammer et Unbesiegt, bien que la fosse ne soit pas enclin à l’évasion.

Allez, arrêtons de gueuler, on va passer pour des vieux cons. Equilibrium a opéré un virage musical, et à en voir le nombre de T-shirts et posters emportés par l’audience à la sortie du concert, ça a l’air de leur réussir, et grand bien leur fasse. Les Allemands ont fourni une bonne prestation, pleine d’énergie et sincère : pousse vert !
 

Pour la vidéo bonus, même principe, on clique sur le carré noir :

Cette date parisienne du Erdentempel Tour d’Equilibrium est un succès. Même si le grand gagnant de la soirée est Finntroll, la tête d’affiche ne s’est pas viandée, en dépit d’une setlist de merde. On en vient à regretter d’avoir loupé les gars de Nothgard. Remercions le Nouveau Casino pour continuer d’accueillir ce genre de dates, les groupes, et les mecs de l’ombre qui tournent des boutons et branchent des câbles. Big thanks également à Bettina De Guglielmo pour la photo bonus et les vidéos. The last but not the least : l’asso Garmonbozia pour l’organisation au poil de cette date, merci à vous !