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jeudi 11 décembre 2014

DARKSPACE

Dampfzentral - Berne (Suisse)

U-Zine

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Six ans. Voilà le temps qu’il aura fallu à Darkspace pour dévoiler leur quatrième album, malgré les rumeurs d’une sortie bien plus précoce. Comme la dernière fois, cette nouvelle offrande est célébrée par un concert sur leurs terres natales. En grand fan de la musique des suisses, nous n’avons pas hésité à effectuer les trois heures de route pour accéder au lieu de cérémonie, comme ce fut le cas ce jour de 30 mai 2008, un show qui m’avait personnellement marqué à tout jamais.

L’impatience fut grande, mais nous y voilà, aux portes du Dampfzentral de Berne, chef-lieu helvète. Initialement annoncé pour 22 heures, on nous annonce que le rituel démarrera une heure plus tard. Soit, nous patientons au merchandising et dans le hall d’accueil.

Pour ceux qui ne connaissent pas Darkspace, il s’agit d’un trio, pionnier du genre « Astral Black Metal ». Leur musique est une véritable expérience auditive et spirituelle, pour atteindre ce que j’appelle la « transcendance astrale », transportant l’esprit dans des sphères cosmiques. Expression pompeuse vous me direz, mais ô combien juste.

Les suisses ont la salle rien que pour eux, et pour cause, ils sont les seuls à jouer ce soir. Environ deux cents personnes sont venues honorer leur prestation, dans une attitude très statique, pour mieux apprécier, communier, s’échapper. Les trois individus, sur scène, sont déshumanisés et s’apparentent davantage à des créatures extraterrestres : aucune émotion, le visage grimé et des lentilles sur leurs yeux offrant un regard troublant, particulièrement chez la bassiste avec ses iris totalement noirs. Le jeu de lumière est particulièrement intéressant, quelques spots bien placés, envoyant des faisceaux bleus ou jaunes, tels des étoiles, avec aucun mouvement du matériel. Les lights s’allument ou s’éteignent progressivement. La mise en scène, soignée, est donc bien appliquée au style.

Le set est découpé en deux parties : la première permet l’interprétation de trois titres issus de leurs trois premiers albums (2.8 // 1.4 // 3.13) puis, après une pause d’une vingtaine de minutes, le nouvel opus est joué dans son intégralité (4.18 // 4.19 // 4.20).

La première fut plutôt délicate. J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans l’atmosphère, à cause d’un mauvais équilibre des balances : guitare de Zhaaral trop en retrait pour ses mélodies célestes, a contrario, celle de Wroth un peu trop en avant, le micro de Zorgh trop fort…et surtout les nappes de clavier difficilement perceptibles dans ce mur sonore. Or ce sont surtout elles qui contribuent à l’ambiance sidérale de Darkspace. Après un 2.8 assez lent, un 1.4 convaincant, voilà qu’un problème de cordes intervint sur l’instrument de Wroth. Décidément, il y a six ans, le leader avait déjà eu un souci similaire. Plusieurs minutes sans lead guitare, forcément ça casse l’ambiance. Bilan mitigé à l’issue de ce premier chapitre, dois-je me résigner à avouer.

Je place donc beaucoup d’espoir pour la suite, sur les nouveaux morceaux. Est-ce parce que je me suis recentré devant la scène que je trouve le son meilleur ? Nul ne le sait, mais en tout cas dès les premières notes, c’est nettement plus homogène. Les suisses nous envoient 4.18, la mayonnaise prend de suite, des notes stellaires, une épopée galactique. Hélas…les compositions suivantes perdent en intensité et pêchent par des longueurs trop importantes, mid-tempo, hachées par des interludes ambiants qui accentuent cette perte de rythme. On a le même plan qui revient régulièrement, donnant un parfum de redondance. Je me dis que non, Darkspace ne peut pas nous faire ça. Et c’est là qu’arrive le dernier morceau qui va faire oublier toute les appréhensions qui ont germées auparavant. 4.20 est juste hors norme. De l’Astral Black Metal de haute volée, le rythme est infernal, les riffs sont cosmiques, les claviers enveloppent le tout pour porter la musique dans d’autres univers. Bouquet final. C’est de l’art. La transcendance astrale est atteinte.

Darkspace nous aura fait douter, nous aura fait patienter avec des longueurs inadaptées, mais il nous aura malgré tout offert les sensations que nous sommes venues chercher ici.

Il est à peu près 1 heure, nous récupérons le « précieux » à la sortie de la salle, à savoir le fameux « III I » au stand d’Avantgarde. Pour la petite histoire, une erreur minime de pressage a eu lieu : le CD, au lieu d’être noir, est gris brillant. Les exemplaires sont malgré tout proposés à la vente, avant d’être détruits pour un repressage conforme. Qu’importe, nous prenons notre copie, qui deviendra sans doute collector ?
Quelle soirée ce fut. Merci Darkspace.