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jeudi 11 décembre 2014

Corpus Diabolis + Je + Malepeste + Noctem Cursis + Daughters of Sophia

MJC Allobroges - Grenoble

U-Zine

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En ce samedi 26 avril 2014 se tenait à Grenoble une soirée Black Metal, organisée par les acteurs locaux d’Ulusumm Corp à la MJC Allobroges. Au programme, cinq groupes français, venus de Franche-Comté, de la Savoie, de PACA et de la région lyonnaise : Je, Noctem Cursis, Corpus Diavolis, Malepeste et Daughters of Sophia. Ayant déjà vu quatre d’entre eux par le passé et plutôt convaincu par leurs différentes prestations, c’est tout naturellement que je suis de nouveau venu les supporter pour cette date dauphinoise.
A l’ouverture des portes, plusieurs constats. D’abord le lieu ; il ne s’agit pas d’une salle de concert mais plutôt d’une sorte de salle des fêtes, sans scène. Soit, on fera avec les moyens du bord. Ensuite, c’est le faible nombre de participants, pourtant l’organisateur s’est donné du mal à promouvoir cette soirée aux groupes intéressants. Visiblement le public metal préfère vaquer à d’autres occupations plutôt que soutenir la scène locale. J’ai vraiment ce sentiment désagréable de me répéter sur ce point à chaque live-report dans le coin ces derniers mois…Au maximum nous serons donc environ une cinquantaine.

Les hostilités commencent avec Daughters of Sophia, que j’avais eu l’occasion de voir lors du show de Sombres Forêts à Saint-Etienne l’été dernier. On retrouve donc le quatuor lyonnais avec son Black Metal aux relents dépressif et mélodique. Par contre, quelle étonnante distance de la part du public, pour ne pas dire timidité, formant un arc de cercle par rapport à la scène. Pourtant la formation ne manque pas de qualité, les riffs et mélodies sont plutôt accrocheurs, j’ai parfois l’impression d’entendre Nae’blis, cet excellent one-man-band suédois. Qui plus est, le vocaliste est convaincant dans sa prestation, se donnant à fond et imposant sa puissante voix (aidé en cela par son compagnon Jack Daniel’s). On notera par ailleurs la présence d’une boite à rythme, qui se fond plutôt bien dans la musique. Concernant les titres, aux dires du groupe, il s’agit de morceaux créés spécialement pour le live et n’existent pas en version studio, voilà un concept pour le moins original. Par contre…niveau ambiance extra-musicale on repassera, les spots de la salle resteront allumés pendant l’intégralité du set et aucun jeu de lumière n’est à signaler, le chandelier à même le sol aura fait pâle figure, vraiment dommage.

Set-list : Premier chapitre // deuxième chapitre // troisième chapitre // quatrième chapitre

C’est ensuite aux chambériens de Noctem Cursis d’enchainer. Je les avais découverts en première partie d’Himinbjorg l’année passée et leur prestation m’avait bien plu. Les natifs de la Sapaudiae s’apprêtent d’ailleurs à sortir leur premier album « Nocturnal Frost ». C’est dans le répertoire de ce dernier que les six membres vont puiser pour cette soirée. Force est de constater que leur musique est toujours aussi intéressante, un Black Metal à clavier puissant et captivant. Noctem Cursis nous gratifie ses meilleurs titres, que ce soit « les rivages de la mort » ou « le guerrier noir ». Les quarante minutes de show défilent sans que pointe l’ennui. Mais là encore, la forte luminosité de la salle contrebalance sérieusement avec la noirceur du groupe. Mauvais point.

Set-list : Prelude of an Era (intro) // From Space // Scars of the Past // Le Guerrier Noir // Wrath of Winter // World to Ashes // Les Rivages de la Mort // Secrets of the Elders // Crossing the Everlasting

 

 

 

Changement d’atmosphère lorsque retentissent les premières notes de Malepeste. Les lyonnais ont ordonné que s’éteignent les lumières (enfin !!), pour que seuls des spots rouges éclairent légèrement la scène. Le décor de celle-ci va d’ailleurs être totalement refait : encens, bougies, chandelier, bannières et machine à fumer. Enfin, enfin ! Cet endroit salement quelconque ressemble à un lieu de cérémonie noire, c’est une soirée Black Metal bordel de merde ! Je ne vais pas le cacher, c’est eux que je suis le plus impatient de voir ce soir. Le rituel commence, malgré quelques soucis techniques, la mayonnaise prend rapidement, les membres se perdent dans un brouillard de fumée qui renforce l’ambiance. Leur Black Metal est occulte, oppressant…suffoquant. Suffoquant, oui, le mot est juste. C’est sans doute ce qu’ont pensé également les détecteurs de fumée de la MJC…alors que Malepeste n’est pas à la moitié de leur set, en plein sur Cosmic Crypt, voilà que retentissent les sirènes incendie, coupant l’électricité de la scène. La prestation est brutalement stoppée par cet événement plutôt cocasse, les membres quittent les lieux, dépités. Dépité je le suis tout autant, le public est lui aussi médusé. Les organisateurs s’affairent à remettre en ordre la salle, un peu dans la panique, interrompant le spectacle pendant presqu’une heure ! La prestation de Malepeste s’achève ainsi, navrant, pour eux comme pour nous…


Setlist : White Part // Waiting For // Hymn for the End // Cosmic Crypt

 

 



Peu avant 23h, les choses sont rentrées dans l’ordre (j’ai bien cru que ça ne repartirait pas), les francs-comtois de Je peuvent enfin commencer. Je garde d’eux un bon souvenir lors de leur première partie de Sombres Forêts à Saint-Etienne. Le quatuor officie dans un autoproclamé Post-Black Metal, que l’on pourrait comparer à leurs compatriotes d’Amesoeurs, tout en puisant son inspiration dans la scène DSBM (Depressive Suicidal Black Metal). Pour cette soirée, ils viennent nous jouer un peu moins de dix titres, dont la plupart sont extraits de leur nouvel album éponyme. Tout commence assez mal pour eux, sur le premier titre, le chanteur-guitariste fait face à un souci technique, l’obligeant à retourner dans le backstage pour brancher sa guitare de secours, tandis que le morceau continue. Fort heureusement, tout rentre dans l’ordre pour la suite. Ils déroulent leur répertoire avec cette touche nostalgique dans les mélodies et les cris déchirés de Morgan, le public semble enfin se réveiller. Je nous propose même une reprise des suédois de Lifelover avec le titre « Androider », plutôt bien exécuté. Un show d’environ trois quarts d’heure ma foi bien maîtrisé.

Setlist : Omines Humilitas // Un lac de souffrance // ?? // La ligne // Androider (Lifelover cover) // ?? // Cendres de rêve // Non existence // Un royaume de nuit

 

 





 

 

Dernier groupe à se produire ce soir, le seul que je ne connaisse pas : Corpus Diavolis. Les marseillais ont déjà cinq ans d’existence et deux albums studio au compteur. Avec eux, pas le temps de pinailler, on rentre dans le dur directement et on peut dire que ça avoine. Le quatuor nous envoie un Black Metal satanique jusqu’au bout des ongles. C’est sans concession, incisif, les samples et clavier utilisés ne sont pas là pour sucrer l’atmosphère mais bien pour la noircir. Musicalement, on se rapproche d’un Gorgoroth, Horna voire les vieux Dark Funeral. Etant au premier rang, absorbé par leur prestation, je me retourne histoire de voir comment réagit le public. Mais quel public ? D’une cinquantaine on est passé à environ une vingtaine, où sont donc passés les autres encore présents il y a quelques minutes ? Sans commentaire, je me suis déjà largement répété au sujet de l’affluence. En tout cas ils ne savent pas ce qu’ils ratent et la poignée d’irréductibles que nous sommes en profitons intensément. Certes Corpus Diavolis ne réinvente rien, mais parfois (souvent) les bonnes vieilles recettes sont les meilleures. Quelques personnes dans l’assistance vont même demander un rappel à la fin, que le combo honorera pour nous délivrer le dernier méfait de la soirée. Une très bonne surprise pour ma part.

Setlist : Executors Of God // Kosmos // Om // Znakat Na Zvyara // Swallow // Vechna Inertia // Sharp Moon Devils Horns // Karma Convulsions // Primordial Chaos Reinvoked // Nightsky Orgia // Rappel



De cette soirée nous retiendrons plusieurs choses. D’abord l’affluence médiocre. Mais aussi une salle finalement pas adaptée pour ce type d’événement : ambiance salle des fêtes, jeux de lumière quasi inexistants et si un groupe tente de créer une atmosphère ce sont les dispositifs anti-incendie qui viennent gâcher la prestation. Enfin quelques soucis techniques qui auront ternis les shows de Malepeste et Je. Néanmoins les groupes ont dans l’ensemble bien géré ce contexte. Cela dit, d’un point de vue des organisateurs, je crains fort que la soirée n’ait pas été une franche réussite. Dommage. Un point positif à signaler tout de même : la très bonne qualité du son.
Merci aux différents acteurs pour cet événement.

Pour les photos, ça se passe ici : www.u-zine.org/photo.php?id=383