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jeudi 11 décembre 2014

Blues Pills + Libido Fuzz

MAC - Bordeaux

U-Zine

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Les groupes de revival ont visiblement le vent en poupe. Entre le son des années 70’s avec les excellents Kadavar, Witchcraft, The Graviator, Mos Generator ou autres Ghost, on ne compte plus le nombre de formation ayant réussi à percer en faisant du neuf avec du vieux, tout en le faisant bien. Jamais les jeunes formations n’auront tant rendu hommage à leurs illustres ainés de Black Sabbath, Led Zepplin ou Hawkwind. A tel point que l’on se demande même si la scène ne risque pas de saturer tant le genre semble revenir à la mode. Et parmi ses formations remarquables : Blues Pills, des suédois biberonnés aux groupes précités menés par une chanteuse à la voix presque soul commencent à faire beaucoup parler d’eux. Avec une énorme tournée européenne de 35 dates dont 10 en France, il était impensable de les louper !!

Direction donc Bordeaux depuis Toulouse pour rallier le combat de Make It Sabbathy, orga de concert bordelaise spécialisée dans la scène stoner, doom et psyché. Et tout n’a pas été rose pour eux, le concert étant initialement prévu au Bootleg, la salle a fermé entre temps pour raisons administratives, les obligeant à trouver en urgence une salle de secours. Ce sera la MAC, sur le campus étudiant, à Pessac, en banlieue de Bordeaux. Bonne surprise, la cotisation à l’association coûte deux euros mais comprend une consommation offerte au bar !

LIBIDO FUZZ

A peine entré dans la salle, on sent qu’elle n’est pas foncièrement pré-disposée à accueillir des concerts tant la scène semble fait de bric et de broc. Un petit côté do it yourself qui a son charme vu les styles musicaux abordés ce soir. Ce sont les bordelais de Libido Fuzz qui ouvrent la soirée. Dès les premières notes, leur musique nous plonge en plein milieu des années 70, dans un acid rock invitant au voyage. Il suffit de fermer les yeux et nous voilà en plein désert, traversant les States dans le fond d’une caravane, l’œil mi-clos, la bave aux lèvres, comatant un joint à la main.

Leur look y est pour beaucoup dans cette ambiance, le bassiste (tout comme le bassiste de Blues Pills) ayant une sacré bobine de hippie, rappelant vaguement quelques passages de Easy Rider. Malgré des soucis de larsens rapidement corrigés par l’ingé-son en milieu de set, Libido Fuzz nous emmènent sur les terres arides où le fuzz est la loi, et où on ne s’exprime qu’avec de la réverb’. Le power trio joue de manière très décontractée, on sent que les dates effectuées sur quelques festivals européens leur ont servi. Leur set se terminera sur un gros passage expérimental, les cordistes jouant avec leurs pédales pour un rendu très psyché rappelant à sa manière les expérimentations de Kylesa en live.

BLUES PILLS

De Blues Pills, jusqu’à présent, c’est surtout le clip de Devil Man que le public connait. Avec un EP 4 titres sorti dernièrement, la formation est encore toute jeune mais dispose d’un potentiel purement énorme. Et, c’est avant tout l’envie de constater par moi-même le rendu live de cette formation si discrète qui m’a mené jusqu’au campus de Pessac. Autant être clair, net et précis d’emblée : ce groupe est une merveille en live. C’est bien simple, pendant une heure, j’ai eu l’impression de vivre à la fin des années 60, à une époque marquée par la massification de consommation de LSD, l’explosion de l’acid-rock et du psychédélisme musical. L’époque de la Manson Family et de ses exactions macabres, de Woodstock et autres évènements du style.

Blues Pills, c’est d’une extrême simplicité : Dorian Sorriaux à la guitare, jouant avec un groove et une passion sans faille, Zack Anderson dont la basse jouée au doigt ronronne tout au long du set avec un son chaud, André Kvarnström qui a déjà fait ses armes au sein de Truckfighters et surtout Eli Larsson au chant. La jolie blonde, offrant une tenue tout en sobriété dévoile au fur et à mesure du show des qualités vocales impressionnantes, oscillant entre Janis Joplin et Jinx Dawson et offrant un timbre de voix soul, suave et chaud. Elle se montrera touchante de timidité et reconnaissante à sourire à la fin de chaque titre, comme si elle se rendait compte du succès de sa formation. Le quartet joue avec une aisance et un naturel déconcertant, donnant parfois l’impression de ne faire qu’un long buff.

Avec une musique célébrant les grands de la fin des années 60 / début 70, Blues Pills nous replonge dans cette époque où Coven était, dans l’underground de l’époque une référence. Et pendant tout le concert, je ne cesse de me dire « C’est Coven ! » : le même fuzz, le même psychédélisme, le même son, la même jolie blonde au chant, possédée par sa musique. Comme si Eli n’était autre que la fille prodigue de Jinx Dawson.

Avec un set sans faille, offrant une alternance entre passages calmes et d’autres plus tempétueux, c’est surtout le titre phare de la formation, Devil Man, qui marquera les esprits, Eli prouvant une fois de plus ses qualités de vocaliste. Le set s’achèvera sur Black Smoke, titre au cours duquel Dorian cassera une corde sans pour autant s’en sentir handicapé : classe et foutrement rock’n’roll ! Au final, c’est à un grand concert que nous avons assisté ce soir. Un de ceux où, en ressortant on se dit que Blues Pills a toutes les cartes en main pour devenir un très gros groupe. Une chose est sûre : au Hellfest, les suédois font frapper fort et j’y serais !

Setlist :
High Class
Bliss
Dig In
Little Sun
Mind Exit
Astralplane
Blues Pills
Time Is Now
River
Devil Man
Gypsy
Black Smoke

Vidéo par Claire, de Make It Sabbathy et The Heavy Chronicles, avec son aimable autorisation. Son live report de la soirée ici.

Merci à Valérie pour la logistique, à Claire et Jimmy de Make It Sabbathy pour l’orga, à mes adorables co-voiturés et un immense merci pour l’indulgence de l’agent de police qui aurait pu m’enlever 8 points d’un coup (gloups …).