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jeudi 11 décembre 2014

Watain + Degial

Ninkasi - Lyon

U-Zine

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On continue avec la série des bons concerts de metal extrême en Rhône-Alpes, entamée depuis quelques mois avec, entre autres, Shining, Marduk, Behemoth, Sargeist, Aeternus.

En ce lundi 31 mars, c’est au tour d’une pointure de la scène suédoise de poser ses amplis dans la capitales des Gaules, à l’occasion de leur tournée européenne du 21 mars au 16 avril, j’ai nommé Watain. La soirée, se déroulant dans l’antre du Ninkasi, nous est concoctée par les incontournables organisateurs lyonnais que sont Sounds Like Hell Productions et Dream Factory Music.

Les portes ouvrent peu avant 20 heures, on ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon. On reconnaît ci et là les visages des fidèles, toujours présents qu’il vente ou qu’il neige. Peu à peu, la petite foule se disperse dans la salle, entre bar, merchandising et scène. Cette dernière, contrairement à la salle, est déjà bien remplie avec le décor et instruments pour Watain dissimulés sous des draps noirs, laissant au final un bien maigre espace pour Degial, le groupe d’ouverture. Avant que ceux-ci ne montent sur les planches, je ne peux m’empêcher de penser au concert de Behemoth. Les polonais, avec toute leur artillerie de mise en scène, avaient accaparé une grande partie de l’espace alloué. On retrouve ici la même configuration, avec une batterie pas loin du bord de la scène. Une manière pour Watain de bien montrer qui est la tête d’affiche ? On pourrait presque le penser tant la prestation de Degial aura été insipide.

Le quatuor suédois, malgré dix ans d’existence, n’a pondu qu’un seul album studio (Death's Striking Wings, en 2012). C’est à se demander pourquoi d’illustres inconnus partagent la tournée avec les géants de Watain, peut être pour ne pas faire d’ombre à la tête d’affiche ? Promis j’arrête de faire ma langue de pute. Plus sérieusement, il faut sans doute y voir un jeu de connaissance entre les membres des deux formations, lorsque l’on se penche sur l’historique des individus, on constate que le leader de Degial (Hampus Eriksson) a joué pour Watain dans le rôle de guitariste pour les sessions live, voilà tout.

Revenons à la musique. Les scandinaves nous ont délivrés ce soir un death metal thrashisant, au tempo soutenu et agrémenté de nombreux soli. C’est beau sur le papier, mais à écouter, que ce fut pénible ! Cette sensation d’entendre le même morceau pendant 35 minutes tant leur jeu est linéaire, une prestation scénique relativement faible et sans âme, comme s’ils se contentaient simplement de jouer, puis cette batterie réglée trop fort qui vous file un mal de crâne dès le deuxième morceau... Heureusement leur show ne s’est pas éternisé et quel soulagement lorsque retentirent les dernières notes du set.

L’heure fatidique approche, la salle commence (enfin) à se remplir, bien que non comble pour cette soirée. L’entracte permet aux différents techniciens de parachever ce qui sera le temple du rituel : croix renversées ornées de crânes, arrière-plan ésotérique, bougies, torches enflammées.

Honnêtement, j’apprécie les différents albums du combo suédois, mais je reste très loin de les idolâtrer et suis plutôt surpris de voir leur grand succès au sein de la communauté metal. C’est donc avec une certaine prudence que j’aborde ce concert, préférant juger par moi-même la valeur du groupe.

Dès les premiers morceaux, mes doutes s’estompent et le quatuor démontre que leur réussite n’est pas le simple fruit d’une bonne communication ou d’un réchauffement des vieilles recettes qui marchent. Les membres délivrent un Black Metal accrocheur et inspiré, émaillé d’un jeu de scène parfaitement bien rôdé et millimétré, où l’acteur principal est évidemment Erik Danielsson, le leader fantasque. Le maître de cérémonie ne tient pas en place ; en plus d'exécuter la partie vocale, il anime les planches avec ses grigris, ses rituels lors d’intermèdes, n’hésitant pas à passer ses mains dans les flammes, carburant à la douleur ou encore d’entrer dans des phases de transe, en se tordant sur scène, le regard blanc et le visage grimaçant. On peine à croire que Watain a déjà dix soirées de suite dans les bras tant les quatre personnages ont de l’énergie à revendre, d’autant plus que les suédois vont se produire pendant près d’1h20 ce soir. Côté musique, nous avons le droit à la visite de l’ensemble de leur répertoire, récent comme ancien, avec quelques titres références tels un “Total Funeral” rageur, appelant à lever les poings serrés, un “The Wild Hunt” prenant les tripes avec un côté Bathory, ou encore un “Malfeitor” revanchard et épique.

Par ailleurs, Watain doit entretenir sa réputation sulfureuse, et transformer les “il parait” par des “ils l’ont fait” dans l’esprit des visiteurs néophytes. C’est ainsi que, pour introduire le titre phare de l’album Casus Luciferi, Erik avance sur scène, une coupole à la main, pour prononcer “This...is...the Devil’s Blood !” et envoyer le contenu sur le public, ravi de se faire baptiser par du sang à l’odeur infecte.

Le show se conclut par le long morceau qu’est “Waters of Ain”, lequel se prolonge par le rituel de clôture. Tous les membres quittent le plateau, à l’exception d’Erik qui, plongé dans un brouillard de fumée et bercé par un clavier aux accords glaciaux, éteint une à une les bougies et de saluer l’assistance qui visiblement a été conquise par le spectacle proposé. Ce le fut en tout cas pour moi. Watain a su répondre présent et leur prestation fut à la hauteur de leur réputation.

Une excellente soirée passée dans le repaire du Ninkasi, un Degial certes transparent, mais un Watain captivant, avec une scène parfaitement mise en valeur par le décor, les lumières et autres fumigènes. Seul bémol peut être : le son un peu trop fort. Mis à part ça, c’est une réussite.

Merci aux organisateurs et aux groupes !