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jeudi 11 décembre 2014

Gojira + Headcharger

Splendid - Lille

U-Zine

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David : Ca faisait un petit moment qu’on l’attendait, et c’est en juin prochain que nous arrivera « L’Enfant Sauvage », le Gojira nouvelle fournée. Mais si ça fait quasiment 4 ans d’attente discographique, les Landais ne se sont néanmoins jamais trouvés trop longtemps loin du Nord, leur dernière venue datant d’il y a moins de deux ans. Rebelote en 2012 au même endroit donc, puisqu’après avoir foulé plusieurs fois le Grand Mix de Tourcoing il y a quelques années et l’Aéronef pour la tournée The Way Of All Flesh, il semblerait que la salle privilégiée par nos frenchies dans la métropole soit désormais le Splendid.

Pour ma part ça faisait longtemps que je n’avais pas fait un concert aussi « gros » (toutes proportions gardées), j’ai donc pris la fâcheuse habitude d’arriver au dernier moment. A 20 heures donc, une queue impressionnante se dresse (désolé j’ai pas pu m’empêcher) devant la salle Lilloise, alors même que les portes sont ouvertes depuis un moment. On le savait, que les Nordistes réservaient toujours un accueil chaleureux à Gojira, mais ça fait toujours plaisir de voir une fois à l’intérieur une salle déjà quasi pleine pour accueillir la première partie, Headcharger.

Headcharger

David : « - Headcharger c’est vachement bien… je crois.
- Ah, tu connais ?
- Ouais ouais j’ai adoré un morceau, raaa j’sais plus trop le nom… En même temps c’était en 2003.
- Ah ouais, en 2003 t’étais pas ultra fan de Linkin Park et Black Bomb A ?
- … »


Blague à part, voilà un groupe que j’avais totalement oublié depuis presque 10 ans, c’est donc comme si je le découvrais à nouveau. Une intro sympatoche rappelant des riffs à la Metallica, qui était en fait un leurre sur le style pratiqué par les Normands. Et la première impression est plutôt positive : le rock (un peu sudiste sur les bords) aux refrains mélodiques accrocheurs et avec quelques passages énervés façon metalcore, c’est pas ma tasse de thé, mais le son d’Headcharger se laisse écouter. Surtout que techniquement, les mecs assurent, scéniquement aussi ça bouge bien ; on a affaire à un groupe très motivé et énergique. Le son est agréable, ni trop fort ni trop faible, et on entend bien les instrus ainsi que la voix du chanteur, Sébastien (sauf erreur de ma part).

Ce dernier possède d’ailleurs une certaine technique : qu’il hurle ou chante, sa voix est toujours convaincante, et son chant clair toujours juste. Ce dernier ne se ménage pas pour faire partager son énergie au public, qui le lui rend bien : les Lillois ont réservé un bel accueil à cette première partie ! Si le public semble avoir apprécié, par contre pour moi la bonne impression des débuts s’estompe assez rapidement pour laisser place à l’ennui : non pas que la prestation du groupe était mauvaise, loin de là ! Quelques moments accrochent l’oreille tout de même : « All Night Long », « Fires of Hell », « Communication Breakdown » (revisite du titre de Led Zeppelin)… juste que le hardcore/metalcore gentillet ça en impose pas des masses, alors si en plus on y met des refrains mielleux (certes accrocheurs, mais mielleux quand même), j’arrive plus à rester concentré sur la presta. Question de goûts personnels. Bravo à eux tout de même, le public a semblé conquis par la presta de Headcharger.


Gojira


David : Enfin l’attente de voir les Landais va prendre fin ! Mais qu’est-ce que je raconte, moi ? Il y a encore quelques semaines j’étais en train de critiquer la nouvelle orientation du groupe (« The Way Of All Flesh ») qui m’a laissé quasiment de marbre, et encore plus le nouveau morceau en écoute (« L’Enfant Sauvage ») que j’ai trouvé franchement moyen. Alors pourquoi je suis si excité à l’idée de revoir ce groupe en live ? La réponse ne tardera pas à venir : les lumières s’éteignent, et le public devient chaud comme la braise ! Une petite intro et les premières notes de « Space Time » retentissent dans le Splendid. Joie !

Gojira, c’est l’assurance que le groupe nous délivre une prestation impeccable, propre mais également rageuse et d’une puissance de feu rarement égalée : on s’y attend toujours, surtout après avoir vu le groupe en live près d’une dizaine de fois, mais ça épate toujours ! Les mecs sont techniquement impeccables et bougent bien sur scène (même si Christian est un peu plus statique que ses camarades) ; et que dire de Mario Duplantier derrière les fûts : juste magistral. On peut dire ce qu’on veut, mais pour moi ce mec atteint le haut du panier mondial dans sa catégorie. Au niveau du son, c’était un peu trop fort, heureusement qu’on a les bouchons dans ces moments-là. Les premiers titres s’enchaînent sans qu’on ait le temps de dire ouf ; et surtout ; le groupe a choisi d’en mettre plein la gueule à tout le monde d’entrée de jeu ! Après « Space Time », c’est un second titre de « Terra Incognita » qui vient prendre la relève avec « Clone ». Puis on passe au tout d’abord groovy, puis ensuite terrible d’efficacité « Backbone », pour repartir époque « The Link » (album totalement oublié lors de la tournée « The Way Of All Flesh ») avec le brûlot « Remembrance » !

Que dire à part que cet enchaînement m’aura fait de nombreux bleus sur tout le corps, mais aussi m’aura procuré un grand moment de folie. Le public était déchaîné, pogotait et sautait de partout (sur « Backbone » notamment), au bout de 10 minutes ça puait déjà la sueur et une bonne partie du public (dont moi) avait déjà le t-shirt complètement trempé ! S’en suit « Flying Whales », et cette fois en entier, ce qui permet de calmer le jeu le temps d’une ou deux minutes… avant de laisser la fosse se déchaîner de plus belle sur la suite du morceau, et sur ce qui s’en suivra : « The Heaviest Matter of The Universe » puis le court mais intense « Wisdom Comes ». « Vous semblez déjà fatigués là ? A Lille en principe le public est complètement taré… Enfin, en principe… » Joe n’hésite pas à pousser la foule dans ses derniers retranchements en raillant un petit peu ; ce qui ne provoquera pas forcément l’effet escompté : après une telle dépense d’énergie, le reste du concert sera un peu plus calme, surtout que les morceaux qui suivront (en gros, ceux de « The Way Of All Flesh ») se prêteront un peu moins au carnage. Tant mieux, moi j’en pouvais plus. C’est plus de mon âge tout ça.

Clairement, le show baissera en intensité, ce qui permet également de mieux profiter du jeu de lumières et des illustrations qui défilent en permanence sur un écran derrière le groupe. Des illustrations qu’on a déjà pu voir sur les tournées « From Mars To Sirius » et « The Way Of All Flesh », et qui sont de toute beauté. « L’Enfant Sauvage » sera joué, précédé d’un discours très sympathique de Joe rendant hommage à JP (acteur de la scène metal lilloise, membre de Cross 9, et décédé d’un cancer le 31 décembre dernier. On ne le répète jamais assez, mais RIP). Et le morceau en live m’a encore moins convaincu. J’ai un peu peur d’écouter la suite de l’album.

« Vacuity » fait quelque peu remonter la sauce : j’aimais vraiment pas ce morceau à sa sortie, mais faut reconnaître qu’avec ça, Gojira a réussi à se créer un petit hymne. Mais ce n’est rien, absolument rien, à côté du rappel qui nous attendait : un seul et uniquement morceau. Oui, mais quel morceau : « Where Dragons Dwell », dont le final sera joué en boucle par le groupe, avec un son d’une puissance marquante et des cris de Joe qui se font écho derrière cette boucle hypnotique… J’ai d’ailleurs même oublié de souligner les progrès au chant de ce dernier, qui fut ce soir réellement impressionnant. Ce final dépassa la dizaine de minutes d’après mes souvenirs, c’est long mais c’est court à la fois car honnêtement, je n’arrivais pas à détacher les yeux de la scène. Un final très impressionnant qui laissera béat une grande partie de l’assemblée, comme si on venait de nous écraser un mur de plusieurs tonnes sur la tronche. Bravo messieurs!
 

John : Paris, vendredi 4 mai, 13h30
- " Tiens, si on allait voir Gojira ce soir à Lille ?"
- " Ok c'est bon on a des places"
- " Bon bah je vais chercher la bagnole !"


ROADTRIIIIIP ! Twingo (a.k.a. Croissant-mobile) : check, Monster : check, sandwichs : check, chips : check, gauffres et cookies : check, le compte est bon on peut partir !

19h00 : sortie de Paris, Gojira est censé monter sur scène à 21H30, le timing est serré mais juste. Vas-yyyy John, tu peux le faire !

21h17 : Arrivée devant le Splendid, les deux heures et quelques de trajet ou encore la pluie n'auront eu raison de ma si belle Twingo.

Quelques minutes après avoir pénétré dans la salle quasi comble, Gojira... euh pardon "Gojirôh" (bah oui on est dans le Nôôôôôôôrd) s'apprête à monter sur scène, la salle est plongée dans le noir, et c'est sur un surprenant et monstrueux "Space Time" que les landais débutent. Premiers constats, le son est béton, la salle explose dès les premières notes, à l'image d'un Elysée-Montmartre en 2006 pour "From Mars To Sirius", je pense prendre une belle fessée ce soir. Et ce début de set aura mis tout le monde d'accord : un concentré de ce que les landais ont pu faire de mieux, l'enchainement de "Space Time", "Clone", "Backbone" et "Remembrance" était tout simplement dingue.

Mon dernier contact avec Gojira remontait à 2007 et l'excellente prestation à Bercy pour le Unholy Alliance II, les landais étaient déjà monstrueux sur scène, les choses n'ont pas changées. Que l'on aime ou pas le groupe, il est certain que le succès qu'ils reçoivent en France et dans le monde entier n'est pas démérité et scéniquement parlant on ne croirait pas assister à la prestation d'un groupe français.

Si le set est parti sur les chapeaux de roues, la pression ne retombera pas d'emblée avec l'arrivé de l'énorme "Flying Whales" qui pour moi restera le meilleur titre de leur discographie. Cette fois, le groupe a eu la bonne idée de rejouer le titre en intégralité sans couper cette introduction ô combien parfaite. Si "Flying Whales" est bien le titre le plus mélodique depuis le début du show, je ne m'attendais pas à un début de set aussi brutal surtout depuis la sortie de "The Way Of All Flesh" qui n'aura pas réussi à me convaincre. Et pourtant Gojira continuera à nous en foutre plein les oreilles avec les "The Heaviest Matter Of Universe" et "Wisdom Comes" qui font partie des titres les plus brutes de leur discographie. Grand bien me fasse, car la deuxième partie de set aura fait retomber la pression avec l'enchainement de titres de "The Way Of All Flesh" ainsi qu'un petit nouveau, "L'Enfant Sauvage", qui emprunte le chemin tracé par son prédécesseur. Je savais bien que ce moment allait arriver, mais encore une fois même si je ne suis pas client de ces derniers titres, ils sont foutrement bien exécutés sur scène.

Fort heureusement le rappel avec l'excellent "Where Dragons Dwell" et son final hypnotique m'auront fait oublier ces derniers titres, on regrettera cependant que ce rappel soit uniquement constitué de ce titre ce qui fait court... Mais où sont les "Love" et "Ocean Planet" ?!

Même si la tournure musicale que prend Gojira m'intéresse de moins en moins, il faut reconnaître que la scène reste un terrain où les landais sont au sommet de leur art. Le déplacement valait clairement le coup, je tiens d'ailleurs à féliciter le public lillois qui a donné de la voix ainsi que de l'énergie ce soir-là ! David semble avoir fait le tour du show, je pourrai rajouter une seule et unique chose : si Gojira passe par chez vous durant ce mois de mai, allez-y les yeux fermés.

Setlist Gojira Lille :
Space Time
Clone
Backbone
Remembrance
Flying Whales
The Heaviest Matter Of The Universe
Wisdom Comes
Oroborus
L’Enfant Sauvage
Toxic Garbage Island
Vacuity
Where Dragons Dwell


David : Gojira en live, ça reste un putain de rouleau compresseur, et de loin le meilleur groupe français à tous les niveaux : prestance, puissance, technique, professionnalisme… Mon seul et unique regret aura été de ne pas voir « Ocean Planet » en live, alors même que le morceau était présent sur la setlist du groupe ! Ce n’est néanmoins que peu de choses face à la soirée qu’on vient de vivre. Merci à Roadrunner pour l’accréditation, ainsi qu’à Schifeul pour ses vidéos !

Bonus (encore merci Schifeul) :

Crédits photos : Slaytanic de Metal Sickness.