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lundi 4 février 2013

Ad Patres

Arnaud (basse) - Canard (Guitare)

U-Zine

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Annoncés un peu partout, sélectionnés parmi les meilleurs groupes français de 2013, U-Zine ne pouvait pas passer à côté d'Ad Patres. On vous livre une petite interview menée de front par Arnaud, le bassiste du groupe et Canard, un des gratteux. Enjoy !

Salut les gars. Vu que Suffocation n'ouvre pas encore pour vous je vais devoir vous demander d'expliquer aux lecteurs qui vous êtes, pourquoi vous êtes et comment vous êtes devenus ce que vous êtes.

ARNAUD : Salut, nous sommes Ad Patres. Un groupe de Death de Bordeaux. Nous avons monté le groupe en nous retrouvant sur un style que nous adorions : le Death des années 90. Je pense que dans notre parcours on a un peu monté les marches 4 par 4 et cela grâce à pas mal de réussite. On a aussi la chance de tomber sur un bon paquet de vieux cons comme nous qui n’ont pas envie de rentrer dans un slim et porter un tee-shirt blanc. Donc voilà on fait un gros death bien direct et qu’on espère efficace !

Votre premier album « Scorn Aesthetics » vient de sortir et déchire la chronique. Vous avez une idée de pourquoi il a été si bien reçu ? Quelles sont les meilleurs critiques que vous ayez reçues à son égard ? Et les pires ? Et ce qui intéresse le plus au final : il se vend bien ?

ARNAUD : En effet, l’accueil de l’album est très bon et on me dit dans l’oreillette qu’il se vend pas mal. Comme je te le disais, je pense qu’on “arrive” à un moment où la musique qu’il nous fait plaisir de jouer répond à une certaine attente.

CANARD : c’est vrai que jusque là on a eu de super retours sur “Scorn Aesthetics” et ça fait quand même bien plaisir! Je pense qu’il reçoit cet accueil parce qu’il répond à une attente, entendre une musique directe, sans trop de chichis où l’intensité des morceaux est intacte et pas noyées sous une prod abracadabrante qui enleve le petit ‘plus” des bon skeuds de death metal. Je pense aussi que ne pas rechercher l’originalité à tout prix nous a aidé, y a tellement de mélanges improbables dans les sorties métal ces derniers temps que même moi quand je vois un disque des fois je me dis “oh putain, c’est même pas du black metal dancehall core!! trop cool, j'achète !!”. Je crois que la pire critique qu’on ait eu c’est quand on a dit que les morceaux étaient plus orientés sur la technique que sur l’efficacité, le feeling ou la qualité des morceaux... Étant loin d’être un guitar hero, ça m’a fait bizarre surtout que j’ai l'impression qu’on fait un peu l’inverse...Sur le moment j’ai eu l’impression qu’on nous comparait à des groupes comme Brain Drill et je me suis senti tout souillé.

ARNAUD : Au niveau critique, j’ai vraiment bien aimé quand on nous place dans la même lignée que Loudblast, Massacra et Benighted au niveau scène française. On a aussi fait un rapprochement entre Alsvid et Dave Culross, on ne pouvait pas lui faire plus plaisir. Mais en général on prend ça avec le sourire et en rougissant un peu. On n’a pas eu de critique assassine pour le moment - pourvu que ça dure ! - on nous reproche régulièrement de pas réinventer la roue mais je le vis bien.

D'après les metalleux français, votre album est le troisième meilleur album de Metal français de 2012. Ça fait quoi de venir écraser d'autres groupes qui existent depuis une chier d'albums ? Vous vous sentez à quelle position au niveau des autres groupes nationaux évoluant dans votre genre ?

ARNAUD : Je suppose que tu fais référence au Référendum VS.
Ça fait quoi ? Ça fait bien sûr très plaisir. Mais ce qui fait plaisir, c’est déjà de figurer dans ce classement, et pas spécialement “d’écraser” tel ou tel autre groupe.
Franchement, j’ai pas spécialement de noms en tête mais il y a vraiment énormément de groupes français dans des styles à la “machin new metal” ou “truc-core” sur lesquels je n’ai pas d’opinion. Je n’écoute pas cette musique là. En métal, je n’écoute que du Black et du Death ou du Brutal Death donc c’est comme nous comparer à Herbert Léonard. Bon, je t’avoue que s’ils avaient été au dessus de nous, j’aurais eu les boules en fait...
Sinon c’est cool de se retrouver à côté de Gorod et Offending qui sont des potes. On s’est bien chambré avec “Cyriex” d’Offending. On ne raisonne pas trop en se disant qu’ils sont là depuis beaucoup plus longtemps que nous. On est beaucoup plus impatients qu’eux je crois.

Vous auriez les couilles de nous dire sur quels groupes vous crachez ? Attention, on veut de l'argumentation !

ARNAUD : Non. La scène métal, comme toutes les autres je suppose, fonctionne beaucoup par copinage. Comme tout le monde, et contrairement à ce que tous les artistes se complaisent à dire à tout va, nous ne sommes pas potes avec toute la scène et il y a plein de groupes qu’on n’aime pas, que ce soit dans la musique, l’attitude ou le comportement. Si je te cite des noms, ne ne sera pas repris par Gala et Paris Match (“Ad Patres déballe tout !!!”) donc ça nous desservirait plus que cela nous servirait. Je le garde pour moi.

Bien entendu j'ai mes préférées, mais quel est le tube de l’album selon votre point de vue ? Et pourquoi ?

ARNAUD : Personnellement, ma préférée est la dernière de l’album, “All That Remains”.
J’aime beaucoup les ambiances variées et très prononcées sur les différents moments du morceau et le finish est un des passages les plus puissant, intense et violent que nous ayons produit à mon sens.
Par ailleurs, c’est aussi le morceau dont je suis le plus content au niveau des paroles (oui, c’est moi qui les écrit). Je m’étais imposé pas mal de contraintes en préparant l’écriture et j’ai réussi à tenir tous les défis que je m’étais posé : diverses figures de styles, motifs, métaphores. Elles m’ont bien pris la tête mais je suis fier du résultat.

Qu’est ce qui vous a motivé à signer chez KAOTOXIN RECORDS (outre le fait qu'il s'agit là du meilleur label indépendant émergent de la scène de ces dernières années) ? Qu'est-ce que vous attendez de cette signature ?

ARNAUD : Nous avons choisi de signer avec KAOTOXIN car nous avons senti, lorsqu’on lui a proposé de le sortir, qu’il était vraiment hyper motivé, et il a su nous le faire ressentir plus que d’autres. Il a été très honnête à ce moment-là sur ses moyens de “petit label” et ne nous a pas fait miroiter des engagements qu’il ne pouvait pas tenir. Au bout du compte, il en fait beaucoup plus que ce sur quoi il s’était engagé et je pense qu’on est le premier groupe avec lequel il investit autant pour la promo et de notre côté on essaie d’apporter de l’eau à son moulin en s’investissant également beaucoup de ce côté-là. Comme dirait Pascal Nègre, c’est “gagnant-gagnant” !

Vous taffez déjà sur un nouvel album ? Si oui, dans quel sens évoluera ce nouvel album ?

ARNAUD : On a un petit peu commencé, mais on fait ça vraiment tranquille. On a un seul nouveau morceau qui soit vraiment terminé. Comme pour “Scorn Aesthetics”, on avait fait les choses à notre rythme et on n’a aucune raison particulière de se stresser pour la suite, si ce n’est l’envie de nouveauté. Difficile de dégager une tendance mais là encore, on garde la spontanéité qu’on a eu jusque là, on fait ce qui nous passe par la tête : de la mule mais en se débrouillant pour que ça soit suffisamment varié pour ne pas nous ennuyer et conserver une grande intensité.

CANARD: c’est difficile de voir ou on va parce qu’on calcule pas à l’avance quelle direction on va prendre. Souvent les morceaux prennent pas la tournure qu’on avait envisagé au début, chacun rajoute sa touche et ça colore le morceau d’une autre façon donc pour l’instant, on est plutôt dans le flou.

Même pas encore un album que vous jouiez déjà devant plusieurs milliers de personnes sur la Metal Corner du Hellfest. Ça fait pas un peu chier de faire son premier gros concert à un niveau qu'on ne rattrapera peut-être jamais ? Ou vous êtes confiants quant à l'évolution du groupe ?

CANARD : sans vouloir verser dans la philosophie de comptoir, je pense qu’on peut s’estimer heureux d’avoir vécu ça, c’était vraiment une putain d'expérience et peu de groupes ont cette chance...Après oui ça a un peu influé sur nos exigences en matière de conditions live même si on a conscience qu’on ne revivra peut-être jamais un truc comme ça. Mais bon si y a du public et qu’il se bouge le cul, qu’ils soient cinquante ou deux mille on est toujours content quand on a fait un bon concert et que les gens se sont éclatés.

On doit s'attendre à quoi lorsqu'on assiste à un live d'Ad Patres ? Et en backstage ?

CANARD : c’est dur d’avoir une vision de sa propre performance alors je vais te faire une synthèse de tout ce qu’on a pu me dire sur nos live (en général 10 minutes après au comptoir donc je garantie pas l’objectivité ni la pertinence du propos), c’est intense, c’est compact, ça donne envie de headbanger même si t’avais déjà la nuque en vrac en arrivant (ma préférée celle-là). C’est vrai qu’en général on donne vraiment tout ce qu’on a en concert, on vient pas pour broder des napperons alors je pense que ça se ressent dans la fosse.

Qu’attendez-vous de la part des organisateurs qui vous font jouer ? Quelles sont vos humbles demandes ? Vous avez connu de nombreuses mauvaises surprises une fois arrivés sur place ? Ou d'autres excellentes ?

ARNAUD : Franchement, je crois pas qu’on soit très difficiles. Mais je pourrais comprendre que par rapport à une grande partie de la scène qui est prête à accepter tout et n’importe quoi pour jouer, on puisse passer pour des chieurs. On demande juste à pas jouer dans un squatt mais plutôt dans une vraie salle, avec une vraie sono et des conditions techniques qui soient un minimum correctes. Franchement, quand tu fais venir des gens pour une affiche décente et que les gens paient, il faut leur proposer un spectacle de bonne qualité.
Comme on est un peu sélectif sur nos dates et qu’on traite en général avec des gens de confiance, ou qu’on connaît par le bouche à oreille, il n’y a pour l’instant pas eu de mauvaises surprises.
L’excellente surprise/souvenir c’est une date à Montpellier à la Secret Place l’an dernier : la réputation du public de Montpellier n’était pas arrivée jusqu’à nous et on est tombé en panne sur le trajet, un bordel pas possible, on a bien cru devoir annuler et on est arrivé sur place quelques minutes seulement avant de monter sur scène. Le public était chauffé à blanc, et on a lâché sur scène toute la pression accumulée par les emmerdes du voyage. C’était VIOLENT. On a même eu droit à une fracture ouverte dans le pit, je crois...

Avez-vous des projets de tournée pour 2013 ? Des festivals ou autres concerts en vue ?

ARNAUD : On adore vraiment la scène et on voudrait jouer le plus possible mais nos vies privées et professionnelles ne nous permettent pas de prendre la route pour une tournée.
On a quelques concerts prévus, dont deux belles dates le 26 avil à Paris au Divan du Monde avec SCD, Benighted et Aborted à l’occasion des 10 ans du “Goremageddon” qu’ils joueront en intégralité. Le lendemain, le samedi 27, on remet le couvert au Ferrailleur de Nantes avec Pitbulls in The Nursery et Benighted. En septembre, on participe au Bloodwave Metal Fest à Saint-Nazaire avec notamment Supuration et on a quelques autres dates dans nos manches.
On adorerait également jouer sur des festivals et jouer à l’étranger, cela fait partie nos prochaines aspirations.

Une question qui va faire ma marque de fabrique pour mes très (pas) nombreuses interviews, je le sens : si vous aviez frotté une lampe qui traînait dans votre vieux local de répet' et qu’un génie en sortait, quels seraient les trois vœux que vous feriez en ce qui concerne l’avenir du groupe ?

ARNAUD : 1 - Qu’on nous propose plein de grosses dates, notamment sur les fests internationaux de l’été et les gros rassemblement de brutes style Neurotic Death Fest
2 - Avoir moyen de promouvoir et diffuser notre album “Scorn Aesthetics” aux quatre coins du globe
3 - pouvoir refrotter la lampe

Pour finir, on va se la faire décontracté et vous tirer le portrait. Qu’est ce qu’Ad Patres serait s’il s’agissait :

ARNAUD :
1. D’un film : Pulp Fiction
2. D’un musicien : Rémy Bricka en bad trip sous amphèts
3. D’un instrument : un Gaffophone avec deux grosses caisses (ça fait un peu une forme de bite)
4. D’un skeud : Scorn Aesthetics
5. D’un pays : Le duché du Luxembourg
6. D’une religion : Le Raëlisme
7. D’un jeu vidéo : Mortal Kombat
8. D’un sport : le 3000 mètres steeple en fauteuil roulant
9. D’une saison : Le printemps, parce qu’on commence à peine à casser les nuques
10. D’un écrivain : Loana
11. D’un animal : un Ornithorynque
12. D’un rêve : Rêve de Cuir 2

CANARD :
1. D’un film : la soupe aux choux
2. D’un musicien : ringo de ringo et sheila
3. D’un instrument : une octobasse avec une disto
4. D’un skeud : Reign in blood
5. D’un pays : la principauté de Hutt River
6. D’une religion : le pastafarisme
7. D’un jeu vidéo : Brutal Legends
8. D’un sport : un sprint d’un kilometre
9. D’une saison : seasons in the abyss
10. D’un écrivain : William Gibson
11. D’un animal : un belier en colere
12. D’un rêve : celui ou t’es peinard en train de regarder la soupe aux choux et là y a Ringo qui débarque sur Reign in Blood joué avec une octobasse sur une disto et te dit que tu dois aller dans la principauté de Hutt River répandre la parole du pastafarisme. Mais là toi tu peux pas parce que t’es en train de jouer à Brutal legends, alors il te dit que si t’y va pas il va cramer tous les exemplaires du monde de seasons in the abyss, alors toi, bonne poire tu te tapes un sprint d’un kilomètre mais tu te rends compte que tu peux pas aller plus loin parce que William Gibson est en permanence en train de se battre avec un bélier en colère...

Merci à vous pour les réponses, si vous avez quelques choses à balancer aux visiteurs de U-Zine c’est maintenant !!!

Bougez votre cul pour assister aux concerts et soyez exigeants envers vous-même, envers les groupes et envers les organisateurs pour tirer tout le monde vers le haut.

Merci à Arnaud et Canard, tout simplement !