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vendredi 23 avril 2010

Ythad

Nico, Mô et Vincent

U-Zine

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Ythad, c'est le genre de groupe comme il y en a des milliers. Ce genre de groupe qui a accumulé les poisses durant toute sa petite carrière et qui, plus de dix ans après sa création, arrive enfin à sortir son premier album, Youth Adrift. Entretien dans la bonne humeur avec l'ensemble des membres d'une formation prometteuse et déjà très expérimentée.

U-zine : Vous venez de sortir votre premier album après quatorze ans de carrière. Pouvez vous présenter le groupe ?

Nico et Vince : On laisse Mô présenter le groupe et on le corrige après

Mô : Alors le groupe en fait...

Nico : Non c'est pas ça, Mô. (Rires)

Mô : Alors le groupe s'appelle Ythad. On est en trio et sous ce nom depuis 2006 mais c'est vrai que cela fait vachement longtemps qu'on joue ensemble. Nico et Vincent en 1997. Je les avais rejoins en 1998.

Vincent : Et c'est le bon moment pour annoncer qu'en 2010, on ne sera plus que deux (Rires).

Mô : On est passé par des changements de noms, de line up. On avait un chanteur, il est parti. On n'en a pas retrouvé d'autres. On avait un guitariste soliste et il est parti. On a du essayer pas loin d'une quinzaine de chanteurs entre le premier et et le moment où Vince s'est décidé à chanter.

Vincent : Ils ont pris le plus mauvais (Rires).

Mô : On a mis du coup huit ou dix ans à se stabiliser en trio, à trouver un nom et une identité. Si bien qu'on est un groupe à la fois relativement jeune et plein d'expérience.

Vincent : Enfin on n'est plus tout jeune.

Mô : On est même plutot sur la pente descendante. Du coup, effectivement, c'est le premier album qu'on sort. On a sorti une démo en 2006 mais ce ne sont pas les premiers compos qu'on a faites.

Nico : En fait, on est passé par toutes les étape d'un jeune groupe. L'enregistrement par des micros pourris, par des potes... par des micros pourris par des potes. On est parti sur l'idée qu'on voulait enregistrer nous même les chansons donc on a investi nous même dans le matériel. On a fait des petits concerts, on a gagné des petits sous, on a acheté des micros, des conneries...

Mô : ...des PC qui plantent, des disques durs qui crament. Avec nos petites mains, on a essayé d'enregistrer les douze meilleurs morceaux qu'on pouvait avoir en stock. Pour le mixage, on a fait appel à un pro : Fla. Il nous a fait, honnetement, le meilleur mix compte tenu de ce qu'on lui a filé comme pistes. On a fait des erreurs de débutants comme c'était notre premier enregistrement. Je me souviens de quelques trucs dans ta chronique comme quoi il y a quelques trucs bizarres dans le son qu'on est les premiers à reconnaître et qu'on ne refera plus dans le futur... Du moins qu'on essaiera de ne plus refaire...

U-zine : Justement, vous n'êtes pas satisfait de votre production...

Vincent : Non.

Mô : Objectivement, non. Mais sur le moment, c'était le meilleur de ce qu'on savait faire.
Vincent : On pensait pas que ça serait aussi mauvais à la fin.

Mô : Mais ça, fallait le faire pour s'en rendre compte.

Nico : En fait, on a deux concepts favoris : Le caca in, caca out et la Loi De Murphy.

Mô : Surtout la loi de Murphy en ce qui me concerne, je fais buguer un pc ou planter un disque dur tous les six mois.

U-zine : Avec le recul, vous le voyez comment le premier album Youth Adrift ?

Vincent : Tu le vois pas parce qu'en fait, faut considérer que tu composes les chansons. Tu les écoutes. Tu les retravailles. Tu travailles chacun des riffs. Tu les répêtes pour les concerts. Tu les éprouves en concert. Tu les répêtes pour les prises de batteries, de basses, de guitares, de chants et de claviers. Tu les réécoutes car on te propose des mix. T'en peux plus quoi. Si bien que t'arrives plus à le vendre car tu les as écoutés des milliers de fois ces chansons. Les gens te disent : « ça j'aime bien et tout » et tu redécouvres tes musiques car toi, t'es innondé de détails. Le petit coup de charley qui te pète aux oreilles alors qu'il n'y a que toi qui l'entend. Même au bout d'un an, je ne le réécoute pas encore.

Mô : En fait, il y a un truc : Quand j'écoute des morceaux et que je ferme les yeux, je suis à la limite de voir les couleurs du séquenceurs devant les yeux et de voir le marqueur le B33 et que là, il y aura un pain quoi. Je le sais d'avance. Tu ne peux pas écouter ton propre album comme un autre auditeur.

Nico : On a pas mal de critiques qu'on a recueilli de nous même. On connait les axes d'améliorations. Mais de là à dire qu'on a le recul suffisant pour faire mieux la prochaine fois, on sait pas.

Vincent : Ce sont les remarques qu'on prend qui nous font avoir du recul. On pensait que ça serait pire que ça.

Mô : On pensait pas mais on pouvait craindre. Il y a des fois où on écoute, on entend que les pains. Il y a d'autres moments, on se dit que c'est pas si mal que ça car le message y est même si sur la forme, il y a des trucs qui vont pas.

U-zine : Au niveau de Musique on sent un manque de cohérence : vous avez deux personnalités, l'une plus moderne, violente et une autre carrément dépressive avec pleins de mélodies. Allez vous vous focaliser sur l'une d'elle ou allez vous continuer dans cette voie ?

Mô : Alors j'ai une réponse courte et après je laisserai Vincent développer : On va se focaliser sur le fait de ne surtout pas choisir un des deux cotés.

Vincent : C'est du feeling. On est très emprunt à beaucoup de musiques. Nico a des origines Jazzy, un peu soft. Mö, des emprunts plus brutaux. Je navigue entre les deux. Et ce la se reflète sur notre musique. La question est de savoir pourquoi on changerait alors que spontanément on l'a sorti comme ça ? Soit on aurait trouvé un coté qui nous plait plus, ou alors soit les gens nous diraient ce qu'ils préfèrent. On sait qu'en se dispersant on perd des auditeurs. Pour les plus bourrins, c'est trop mélodique. Pour les mélodiques, c'est trop bourrin. Cependant, on s'y plait et c'est bien le principal.

U-zine : Personellement, je préfère votre coté plus mélodique et dépressif.

Vincent : Pourquoi ?

U-zine : Ca sonne mieux, plus cohérent dans votre album. Quand cela part dans les mélodies, c'est beaucoup plus touchant.

Vincent : La question que je te pose c'est : est ce que les mélodies sont d'autant mieux à cause du coté brutal ou elles s'autoportent ?

U-zine : Non, justement ce n'est pas à cause du coté brutal car les morceaux les plus touchants n'ont pas de coté brutal : « Happier », « Lunatic », « Kaddish » et « Please ».

Vincent : « Please » c'est marrant, elle ressort souvent alors qu'elle est très spontanée et pas retravaillée.

Mô : On ne l'a pas retravaillé pour l'album car elle est écrit depuis des lustres.

U-zine : « Burn » ne rend pas très bien, en revanche « The Rule » me plait beaucoup.

Mô : C'est curieux, car c'est justement celle qui me déçoit le plus sur album.
C'est interessant de savoir qu'on pourrait se brider dans notre plaisir pour plaire à plus de gens qui pourraient l'écouter. On ne l'a jamais fait et je ne sais pas si on est prêt à le faire mais c'est interessant de se dire qu'on a cette possibilité.

Vincent : C'est marrant car c'est vrai qu'à part « Happier », qui est plus compliqué, les morceaux qui ont les meilleurs accueils (« Kaddish » et « Please) sont les plus simples.

U-zine : Quelle est cette idée des Warm up pour introduire les morceaux plutot que d'en faire directement des plus longs ? Un rapport avec la Formule 1 ?

Mô : Non aucun lien. Il y avait « Warm Up 1 » qui s'appelait « Warm Up » comme introduction de « When You Fall ». Le riff était cool et un matin en me levant, j'ai eu l'idée de refaire ce riff sous d'autres formes. Je me suis alors tourné vers Vincent pour qu'il essaye de faires des arrangements de ce riff sous pleins de formes différentes. Il a fait des trucs dans son coin pendant des mois et des mois et puis on a fait des tas de versions, on a testé pleins de trucs qui ne marchaient pas et on a finalement réussi à décliner le riff sous trois formes. La forme initiale : la 1. La forme 2 qui partait dans un trip musique classique, orchestration. Il y a quelqu'un, un jour, qui m'a fait la remarque que ça lui faisait penser à du Craig Armstrong. Pourtant, on n'écoute pas du tout Craig Armstrong mais pourquoi pas. Et une troisième qui part dans un trip limite Indus. Là c'est peut être plus des influences à la Nine Inch Nails. En mettant les trois morceaux et en les combinant, on s'est rendu compte qu'ils s'emboitaient plus ou moins avec les autres morceaux. C'était pas fait exprès à la base mais on a travaillé pour que ça fasse un bloc.

Vincent : J'ai une question. Ca se remarque que ce sont les mêmes riffs de base?

U-zine : Non pas trop...

Vincent : Putain, je me suis fait chier (Rires)

Mô : En fait, c'est la même suite de notes, les mêmes intervalles. Le souci, c'est que des gags, des riffs qui reviennent, des transpositions mélodiques, il y en a plein dans l'album que les gens ne percoivent pas. On se fait chier pour pas grand chose mais ça nous fait plaisir donc on continuera à le faire.

U-zine : Question sur votre genre. Vous vous qualifiez de Pop Metal Dépressif. Vous ne trouvez pas que Pop et Dépressif, ça ne va pas ensemble ?

Le groupe : C'est ça le truc! Nous ne sommes pas normaux.

Vincent : En fait, à chaque fois qu'on a fait des concerts, on nous a mis une étiquette différente. Alors quand on nous demande une étiquette, tu dis « Metal » alors les métalleux vont dire « non, t'es un peu en dessous. C'est pas du Metal ». Alors tu dis « Pop » et on va dire « Non ça remue trop ». Bon ba alors on fait quoi : Pop Metal. Mais non car il y a un coté dépressif. Alors on va mettre les trois.

U-zine : Mö, tu étais à Ulver lors de leur passage parisien. C'était justement une formation qui ne devait rester qu'au stade du studio, sans live. Et vous, vous ne pensez pas devenir un vrai groupe de Live ?

Mô : C'est pas le but recherché d'en faire toutes les deux semaines même s'il y a eu une période en 2004/2005 où on a du tourner à une moyenne d'une date par mois. On s'en est lassé, ça nous a fait chier à tel point que cela fait deux ans et demi voire trois ans qu'on en a pas fait.

Vincent : On s'est consacré à l'enregistrement de l'album et on n'a pas fait de concerts depuis.

Mô : On recommencera à en faire mais très très très sporadiquement car ce n'est pas le trip du groupe en général. On aime bien écrire, effectivement, des morceaux compliqués avec des orchestrations. On est que trois pour le faire et il y a une frustration quand on joue en live de ne pas pouvoir tout jouer. Du coup, ça nous frustre car le morceau ne rend pas comme on voulait et cela frustre le public aussi. Tout le monde sort frustré. Néanmoins, on refera quelques dates.

Nico : Vous allez me dire ce que vous en pensez mais globalement, on essaye de se faire plaisir et aujourd'hui, on se fait plaisir en composant. On ne se voit pas tout le temps, c'est pas toujours facile. Les concerts, ça prend beaucoup de temps. Ca veut dire rejouer souvent les mêmes morceaux. On a plus envie de composer, d'avancer. Mais on en fera des concerts.

Mô : Il y a un projet, c'est une avant première (Rires). Pour cet automne, on essaiera de faire un truc un peu plus visuel et pour Ythad, qui dit concert, dit nouveau morceau. A chaque concert, il y aura des nouveaux morceaux qui ne seront joués peut être qu'une fois. On veut faire de l'évènementiel.

Vincent : On va se faire plaisir en faisant un concert un peu différent, plus construit et si ça plait aux gens, c'est super. Mais on ne cherche plus à tester les compos auprès des gens.

Mô : Tu ne peux pas avoir des retours objectifs de quelque chose joué en concert sauf si c'est quelque chose de connu.

Nico : C'est là où on arrive aux webzines. Cela sert à avoir un retour sur « ça j'ai préféré », « ça j'ai pas aimé parce que ». C'est interesant en fait.

Vincent : Mais on se prive de certaines choses. Une fois on a été joué à Duclair, dans un coin perdu pour un plan foireux. Il faisait froid et il y avait personne. On a joué et on a pris du plaisir mais sans plus. Et quelques mois après, on a retrouvé un gars sur notre myspace qui a dit « J'étais là à Duclair et vous m'avez fait aimer la Musique et donner l'envie d'en faire ». Là, tu ramasses ta machoire par terre. On sait bien qu'on se prive de ça. C'est pour ça qu'on veut y revenir mais pas de la même façon.

U-zine : Comment voyez vous le futur en studio ?

Mô : Je pense qu'on va faire une démo avec quelques concerts puis, on va se poser et attaquer l'album. J'espère pas dans trois ans (Ndlr : comme entre la première démo et Youth Adrift) (Rires).

U-zine : Est ce que vous avez d'autres projets ?

Vincent : On a le projet de se reconstruire un studio.

U-zine : Et en groupe ?

Vincent : Non, on est tous fidèle à Ythad. Celui qui ne l'est pas, il est mourru dans l'instant.

Mô : Alors je vais mettre un bémol. Alors, c'est vrai que Vincent et Nico sont focalisés que sur Ythad alors que moi, j'ai toujours eu pleins de projets.

Nico : Le symbole de la prostituée.

Mô : En dehors du groupe, j'adore faire des concerts et jouer plein de styles différents. J'ai été cinq ans dans un groupe, puis deux ans dans Equinox. Là je remonte un nouveau projet avec des potes.

Vincent : Je te comprends pas. Si j'avais plus de temps, ce serait plus de temps sur Ythad pour faire des trucs encore plus dingues. Mais là, déjà, on va essayer de se reconstruire notre studio. Ca sera une étape indispensable avant l'enregistrement car on veut encore le faire nous même.

U-zine : Et la contrainte géographique ?

Mô : Ca necessite de l'organisation, des emails, des plannings.

Vincent : On est plus aidé grace à l'informatique.

Mô : On travaille beaucoup à distance en s'envoyant des partitions. On a appris à faire avec car on n'avait pas trop le choix.

U-zine : Je laisse le soin à Mö du mot de la fin.

Mô : Pourquoi ça serait à moi de le faire ?

Vincent : Parce que Nico, c'est un peu les fondations, je suis une brique et Mö, c'est un peu le ciment. Tu le vois pas forcément mais sans lui tout se casse la gueule.

Mô : voilà ça c'est un super mot de la fin. Sinon, on a besoin que les gens écoutent, on a besoin que les gens donnent leurs avis. On ne sait pas si on en tiendra compte mais on en a besoin quand même. (Rires)

Nico, Mô et Vincent pour leur bonne humeur et leur disponibilité et Mathilde qui m'a filé un bon coup de main.