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dimanche 22 mars 2009

Cattle Decapitation

Travis RYAN (voix)

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Fort d’une carrière ascendante dans le genre Brutal Death et d’un dernier album tout bonnement phénoménal, ce groupe de ricains végétariens méritait de faire un tour sur les pages de U-zine. C’est chose faite grâce à cet entretien avec Ryan Travis (chant) qui nous parle de son groupe, du Gore, du végétarisme et des burgers...

U-zine : Peux-tu nous faire un résumé de la carrière de Cattle Decapitation ?

Travis : Nous avons commencé en 1997, avons subis quelques changements de line-up, tels que virer notre guitariste, signer chez Metal Blade, puis on a réussi à se débarrasser de notre batteur, qu’on a remplacé par Michael Laughlin. Un paquet d’albums plus tard, nous voilà avec The Harvest Floor.

Justement, ce nouvel album est disponible depuis le mois de Janvier, peux-tu nous en parler ?

Oui, je dois dire que c’est vraiment notre meilleur album à ce jour. Je sais que tous les groupes disent ça de leur dernier album, pourtant il y a un consensus de la critique, de la presse et des fans pour dire qu’il s’agit bel et bien de ce que l’on a fait de mieux. Nous avons travaillé dessus environs 6 mois, puis nous sommes allés au Sharkbite Studios à Oakland, Caligorenia pour l’enregistrer. Billy Anderson l’a produit et Zach Ohren s’est chargé des prises de la batterie.

Comme tu le signalais, beaucoup (moi inclus) considèrent qu’il s’agit de votre meilleur album, celui-ci poursuivant une voie plus Technique, amorcée sur Karma Bloody Karma…

Merci ! Oui je le répète : c’est de loin notre meilleur disque. Sur les deux albums précédents il y avait pas mal de morceaux écrits avec notre premier batteur et heureusement il est parti définitivement. Nous avions progressé avec l’écriture de Karma, mais le nouvel album le surpasse sans conteste.

Penses-tu que vous pourriez accroître ce côté technique pour écrire des morceaux dans l’esprit de Necrophagist (des riffs ultra techniques avec des parties neo classique) ?

Bien sûr que nous pourrions le faire, mais ils le font déjà et cela nécessite une certaine mentalité qu’on ne possède pas complètement. Franchement, je ne pense pas que l’on prendrait du plaisir à faire un truc pareil. Nous sommes plus soucieux de produire quelque chose de NOUVEAU plutôt que de copier quelque chose que l’on apprécie.

Depuis votre troisième album, quelque chose a changé : fini les covers gores, plus de mélodies et de variété… que s’est-il passé ?

Nous sommes plus qu’un simple groupe « Gore ». Nous restons dans un trip Gore, mais nos idées et nos concepts ont plus d’importance et de significations que le simple recours au Gore pour dire que l’on est un groupe Gore. Bon en plus, ce genre de cover, ça ne le fait vraiment pas dans les magasins, alors nous avons dû ruser en cachant le Gore à l’intérieur. Au final ça donne un truc assez marrant à faire, puisqu’il y a une surprise à l’intérieur. Et ça peut aider à accentuer le concept.

Et tout ça, ça ne vous fait pas peur d’être accusé par vos anciens fans de virer mainstream ?

Qu’ils aillent se faire foutre.
On est bien meilleur aujourd’hui qu’on ne l’a jamais été auparavant. S’ils veulent juste voir les « bells and whistles » du Gore et rien d’autre, alors on en veut plus comme fans. Et croyez moi, quand je vous dis qu’il reste des morceaux Gores et dérangeants sur cet album ! Essayez juste de lire les paroles de « Into the public Bath » sans grimacer. De toute façon, ces personnes dont tu parles doivent probablement apprécier ces nouveaux trucs comme ces groupes de Deathcore qui jouent du « Death Metal commercial ». Cette merde est plus commerciale que l’on ne le sera jamais.

Je dois admette avoir adoré votre dernier album, pourtant j’avoue avoir été très surpris d’entendre un titre avec du chant féminin. Etrange choix pour un groupe de Brutal Death d’écrire une telle chanson…

Ouais, on est des mecs très bizarres. Et on ne veut rien faire qui soit linéaire et trop prévisible.

Vous fixez-vous des limites lors de l’écriture des morceaux ? Peut-on imaginer que tu chantes des parties en clair ou des éléments électroniques ?

On fait vraiment ce que l’on veut. Si une partie doit avoir telle sonorité, on la fait. Mais bon il est fort probable que tu n’entendras jamais de parties chanté de façon sexy à la manière des groupe de Metalcore.
Des éléments électroniques, peut-être, pourquoi pas ? Si c’est cool. Le chant masculin avec des voix de gays ce n’est pas cool du tout. En tout cas dans ce style de musique, ça ne l’est pas.

Deux choses m’ont impressionné dans cet album : ta voix, extrêmement variée et les parties de guitare qui empruntent à la scène Metal extrême dans son ensemble. Avez-vous travaillé durement ces deux éléments ?

J’ai pratiqué ce style de voix depuis presque 20 ans dans diverses formes. Je pense que dans ce laps de temps, je dois être devenu assez bon, ou en tout cas j’ai dû acquérir une bonne technique, et je pense l’avoir acquise. Le reste de la musique suit ce mouvement et arrive comme elle arrive. Notre guitariste pratique énormément.

Vous avez la réputation d’être un groupe anti-humain (anti human band). Tout chez vous, de vos paroles à vos visuels le prouvent, alors peux-tu nous expliquer ce concept ?

People suck.
Ça résume plutôt bien ce concept. Nous détruisons tout ce qu’on touche. Ça paraît minime et lent à l’œil nu, mais c’est énorme et très rapide à grande échelle.

Bon, alors explique moi ce qui vous différencie des idéaux misanthropiques des groupes de Black Metal ?

Pas grand chose franchement. Simplement, Satan n’intervient d’aucune manière dans nos affaires. Bon, sauf peut-être la philosophie de La Vey dans une certaine mesure, mais pour croire en Satan, il faut croire en un « dieu » et je pense qu’aucun être humain n’a le droit de dire où nous allons quand nous mourrons ou qui est dieu. J’estime que la religion se conduit de manière très irresponsable et nous prive de notre véritable nature. Certains diront que le végétarisme fait de même. Et bien pour nous, le végétarisme aide à réveiller les gens pour leur faire voir que « hé, vous autres, les mecs, vous avez vraiment foutu la merde ici et si vous croyez que c’est comme ça que vous pourrez survivre, et bien vous avez tout faux ».

Puisque l’on parle de tes opinions, désires-tu nous parler des droits des animaux ?

Réfères-toi à ma dernière réponse ! Je pense que l’on a vidé de sa substance le concept de survie avec les abattoirs en batterie, le béton, l’acier et l’industrialisation. Nous trichons. Je veux dire, des arcs et des flèches c’est une chose, même les flingues que je peux me procurer, mais le massacre systématique à un niveau planétaire, qui engendre des maladies et entretien la terreur et la torture, là c’est autre chose. C’est complètement fou.

J’ai vu sur votre site qu’il existait désormais un buger Cattle Decapitation. C’est quoi ce gag ?

Il y a un resto ici, dans notre ville, qui a donné notre nom à un sandwich végétarien. Il est excellent ! Il s’agit juste une pâte végétale en forme de steak. Très bon. Ils m’ont simplement appelé et demandé si j’étais d’accord et j’ai accepté. D’ailleurs, maintenant notre bassiste travaille là-bas … hahaha….

vous en êtes à votre quatrième album qui rencontre un franc succès. Quelle est la prochaine étape ? Un DVD, un album live ?

Probablement pas, car nous sommes de vraies bites quand il s’agit de savoir comment on doit sonner et ce qu’on doit virer. La matos en live pue toujours. Mais, ce n’est pourtant pas totalement exclu.

Merci pour tes réponses je te laisse conclure.

Merci. J’espère qu’on se reverra bientôt !

Merci à Travis pour ses réponses rapides