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mercredi 14 février 2007

Melechesh

Moloch

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

A l'occasion de la sortie de l'album "Emissaries" des blackeux de Melechesh, U-zine a souhaité interviewer par mail Moloch, guitariste du groupe.

U-zine : Bonjour. C'est la première interview de Melechesh sur U-zine, c'est un honneur pour nous. J'aimerai savoir... selon toi, c'est quoi l'esprit mesopotamien ?
Moloch : Je ne sais pas comment le décrire, parler de l’esprit mésopotamien au XXIème siècle relève plus du conceptuel, du fantastique, de philosophique et du mystique. C’est sûr que pour nous c’est un moyen de donner vie à la mythologie et la cosmogonie mésopotamienne interprété à travers le prisme de plusieurs choses de choses aussi divers que le mysticisme, la musique du moyen orient, la Kabbale, Zecharia Sitchin, notre expérience à Jérusalem, la géographie… bref en disant tout ça je me rends compte que c’est bien plus facile de l’exprimer en musique !

Vous considérez-vous comme un groupe de métal extrême à part entière, ou plus à du metal mesopotamien/folklorique, quelque chose comme ça ?
Je pense qu’on est plutôt un groupe de métal extrême. Je me suis jamais reconnu dans le label folk métal même si beaucoup de gens nous le prête. C’est surtout grâce à notre deuxième album « Djinn ». La raison pour laquelle je ne me reconnais pas dans ce label c’est surtout parce que l’idée de Melechesh était de rester un groupe de métal extrême mais d’apporter des éléments qui inspiré de musique « folk » ou autre dans le metal lui-même en adaptant les rythmiques sur la batterie, les gammes et ornements sur les guitares, etc. L’idée est d’arriver à un style homogène, ce qui veut dire qu’on ne plaque pas des samples de violon sur des parties de guitares classiques, et voilà. Non, les éléments qu’on peut considérés comme « folk » sont largement intégré dans un style de métal extrême, black, thrash, et même heavy. Bref, en fin de compte, c’est notre style à nous.

Quel message souhaitez-vous véhiculer au travers des lyrics de Melechesh ?
Je ne pense pas qu’il y ait de messages précis. S’il y a bien quelque chose que les paroles peuvent apporter ce sont des questions et non pas des réponses. Des questions existentiels et métaphysique sur ce qu’est l’homme ? d’où vient-il ? Qu’est-ce que le destin ? Le bien et le mal ? Le spirituel et la matériel ? Je ne cacherai pas qu’il y a un élément de réponses dans une réinterprétation de certains mythes, mais il ne s’agit pas à proprement dit de message. S’il s’agissait uniquement de cela, on utilisera des moyens plus efficaces et dogmatiques que la musique pour les faire passer.

Pourquoi ne pas avoir approfondi le concept "oriental" black metal en proposant des passages plus atmosphériques propre à la culture mésopotamienne dans votre musique ?
Parce que le réel défi pour nous en tant que musicien c’était d’arriver à cet amalgame auquel j’ai fait mention tout à l’aire. Il est plus dur d’écrire des riffs avec un esprit oriental que de plaquer des samples de musique orientale sur du métal traditionnel. Par contre on a de plus en plus envie de faire des morceaux acoustiques et instrumentals, surtout des arrangements acoustiques de certains de nos morceaux joués sur des instruments traditionnels. On a tenté l’expérience et j’espère qu’on la mènera à un niveau plus élaboré dans le futur…on verra bien.

Que s'est il passé lors de l'enregistrement d'Emissaries, pourquoi a t'il été repoussé ?
Après l’enregistrement qui a duré un mois, l’album devait être mixé par Attie Bauw qui a mixé des albums comme Painkiller de Judas Priest et a travaillé avec des gens comme Scorpions, Rush, Halford, etc. On s’attendait avec Osmose à un résultat phénoménal…ce qui n’a pas été le cas. Attie Bauw a fait un travail pourri, on est devenu fou, jusqu’à détester l’album et ne plus vouloir l’écouter. C’était horrible. On a du trouver une solution, chercher un autre mixeur (Dennis Keohane de Woodhouse Studios), remixer. Tout ça a prit beaucoup de temps, ce qui explique le retard.

Emissaries est le 4ème album de Melechesh. Il est sorti en Octobre dernier. Quelle évolution selon toi il y a t'il sur celui-ci par rapport au(x) précédant(s) ?
Chacun de nos albums est très différent de l’autre. Notre premier « As Jerusalem Burns…Al’Intisar », c’est du black metal typique avec déjà des éléments "mésopotamiens". « Djinn » notre deuxième a un côté plutôt folk, quant à « Sphynx » il introduit un élément plus black thrash qui est également très présent sur Emissaries. Après il y a une évolution naturelle : une maturité dans l’arrangement et l’écriture de la musique, des surprises par ci par là... On est sur une phase ascendante…et ce n’est pas prêt de s’arrêter même si avec le temps les défis sont énormes et les attentes de plus en plus exigeantes.

Que pensez-vous du travail de votre nouveau batteur studio Xul ? (qui n'était déjà pas un inconnu chez vous)
Oui comme tu le dis ce n’est pas un inconnu, car il joue live avec nous depuis quelques années. Je pense qu’il a eut le temps de s’adapter. Et puis avec Melechesh c’est simple, c’est Ashmedi, le principal compositeur, qui écrit les parties de batteries, qui marchent main dans la main avec les parties de guitares. Xul a parfaitement su retranscrire cela en y ajoutant une touche qui lui est propre.

Xul a remplacé Proscriptor à la batterie... en parlant de Proscriptor, je sais qu'il fait des choeurs sur "Emissaries". Etait il important pour vous/lui qu'il soit présent sur le CD tout de même ?
Oui c’est une manière de dire qu’il fait toujours partie de la famille…malgré une distance qui avec le temps à rendu notre collaboration impossible.

La chanson instrumentale « The Scribes of Kur » est pour le moins mystique je trouve. Parles-moi de ce titre, de l'élaboration de celui-ci...
Ce genre de morceaux se font souvent sur place, c’est plus un processus d’improvisation qu’autre chose. J’ai enregistré les pistes de buzuk qui forme l’ossature du morceaux, ensuite on a ajouté des percus et des amis musiciens y ont ajouté leurs pistes (Ney, Surbahar, etc.). La richesse de ce genre de morceaux ce n’est pas tant la composition en soi, mais l’évolution et l’intensité des sons car ici c’est avant l’hypnose, le mysticisme, le « out of body experience » qui comptent.

Qu'est ce qui vous a poussé à reprendre une chanson ("Gyroscope") de The Tea Party, groupe canadien pas franchement metal ?
D’où l’intérêt de la reprise. Tu aurais peut-être préféré que nous faisions une reprise de Destruction sans rien y changé, héhé. J’adore Destruction, mais il ne s’agit là de notre album ou la création interprétation doivent, à mon avis, prendre le dessus sur la simple imitation. Reprendre ce morceau de Tea Party (qu’on adore tous) représentait un défi pour nous et on a fait un bon job à le retranscrire à notre sauce. En plus leur style de composition est tellement différent que je peux dire que cette reprise nous a même appris des choses en termes de composition et d’arrangement.

Pourquoi avoir introduit des chants sumériens sur ce dernier opus ?
Pourquoi pas ? Ca rentre parfaitement dans notre "projet", et c’était important pour nous de pouvoir dire ce qu’on voulait dire en akkadien et en sumérien. En fait c’est Basia Jakubek, une fan de Melechesh et une amie qui fait des études d’assyriologie à fac qui nous a fait ces traductions exclusives.

Que faut il attendre de Melechesh au niveau de sa musique pour le futur ?
Je ne sais pas encore, on aime bien prendre notre temps pour y penser, continuer à évoluer et montrer que notre style est loin de s’épuiser.

Vu qu'il y a de nombreuses nationalités différentes dans Melechesh, est il facile de vous accorder entre vous musicalement parlant ? Socialement parlant, dans la vie de tout les jours ?
He he he… c’est sur que notre histoire n’est pas des plus simple : groupe qui est né dans les villes de Jérusalem et Bétheléem, avec des membres qui sont arménien, assyrien, palestiniens, ukrainiens, américains, hollandais et qui sont éparpillés entre le Pays Bas et les Etats-Unis et aussi en France… Mais ne t’en fait, il n’est pas difficile de communiquer ni musicalement ni socialement, au contraire on s’entend très bien !

Est ce qu'il nous sera possible de vous voir en europe lors d'une future tournée en 2007 ? (en France ?)
On va faire partie du EXCESS OF EVIL TOUR qui se passera en Mai avec Marduk, Enslaved, Keep of Kalessin, Goatwhore et Pantheon I. A ce que je sais il y a trois dates en France : Strasbourg, Rennes et Paris.

Quelques questions en dehors du groupe maintenant : Qu'écoutes tu en ce moment ?
Atheist, Tool, Deathspell Omega, Nikhil Banerjee et Chopin!

Que penses-tu des groupes aux approches musicales assez semblable à
melechesh comme Orphaned Land et Nile ?

A vrai dire je ne vois pas beaucoup de similtudes. Les gens nous regroupent dans une même catégorie parce que de manière très vague on traite d’une région lointaine et exotique… « l’orient ». Mais si tu écoutes la musique de prêt, on est très différents : entre un death metal ultra brutal, du doom mélodique et rock et du black thrash avec des rythmiques orientales à la batterie… il y a pas mal de différence. Ceci dit j’aime beaucoup Nile et Orphaned Land, mais c’est comme dire que Manowar, Enslaved et Unleashed sonnent pareil parce qu’ils parlent des Viking. Et en plus dans notre cas, on ne traite nullement des mêmes thématiques : on parle ni de l’Egypte ni du monothéisme !

Que penses-tu de la situation au Liban ?
Le vrai BORDEL…malheureusement.

As tu souvent l'occasion de parler français dans la vie de tout les jours?
Oui mais depuis que j’habite aux USA, pas vraiment…

Penses-tu que la mythologique en générale peut apporter quelque chose à chacun dans sa propre vie lorsqu'on s'y intéresse ?
Oui, je ne connais pas exactement la nature de cet apport (philosophique ? morale ? métaphysique ? existentiel ? spirituelle)… pour moi il s’agit d’un mélange bizarre de tout ça. Je pense que la force des mythes c’est avant tout l’invitation à l’interprétation et au symbole, ce qui est tout le contraire du dogmatisme.

Je te laisse le mot de la fin, as-tu un message à faire passer à vos fans et à nos lecteurs ?
Merci pour l’entretien et à bientôt en France. IA TIAMAT !

Merci à Moloch, Melechesh, Osmose Productions (label du groupe) pour cette interview, ainsi que Brünnhilde, pour avoir transmis mes questions, puis m'avoir envoyé les réponses de Moloch.