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mercredi 28 septembre 2005

Burst

Jesper Liveröd & Jonas Rydberg

U-Zine

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Afin de promouvoir la sortie de leur nouvel album Origo, Burst était à Paris pour une journée promo exceptionnelle. Sans la poindre hésitation, U-zine a donc rencontré deux des membres de la formation suédoise pour une interview riche en couleur, en bonne humeur et qui aurait bien pu durer une heure si on ne m'avait pas arrété. Morceaux choisis d'une interview avec deux passionnés...

U-zine.net : Bon, pour commencer… Pourquoi n’étiez-vous pas là en première partie de The Dillinger Escape Plan en Novembre dernier !?
Jesper Liveröd (basse) : Oh mec, nous sommes tout simplement maudit… A chaque fois que nous venons en France, en fait ! On se faisait une joie de venir à Paris jouer avec DEP mais nous avons un accident à côté de Genève en venant et après l’avoir réparé, il était trop tard pour venir jouer à Paris. Puis, le jour d’après nous devions jouer à Bruxelles. Malheureusement, nous avons eu une panne et pendant que nous cherchions de l’assistance, tout notre matos a été volé !
Jonas Rydberg (guitare) : Et puis, nous avons également eu des problèmes techniques lors de notre prestation au Fury Fest. On n’a pu jouer que cinq morceaux, c’était bon mais très frustrant de ne pas jouer dans de bonnes conditions. On aimerait vraiment pouvoir donner un bon concert en France !
Jesper Liveröd : On entend tellement de groupes dire nous adorons venir jouer en France, mais nous nous ne pouvons vraiment pas dire ça, c’est un calvaire quand on y repense ! Mais la France est devenue l’une de nos priorités ! (rires)

Je retiens ! Maintenant que j’ai mon explication, on va pouvoir parler de votre nouvel album… De nos jours, les gens adorent mettrent des étiquettes sur les groupes, même si ça ne veut pas toujours dire quelque chose. Si je compare votre musique avec un hybride entre Pelican et Cult Of Luna avec un petit côté Dillinger dans les structures, cela vous convient-il ?
Jonas Rydberg : Oui, dans un sens… Il est clair qu’on retrouve certains éléments de ces groupes dans notre musique, mais il y a tellement plus encore dans notre album. J’y ai ajouté des influs death metal comme At The Gates ou Carcass et Bolt Thrower ! Mais également des touches plus old-school datant des 70’s, bien plus rock…
Jesper Liveröd : Je n’aime pas trop faire des comparaisons avec d’autres groupes, car chaque groupe a son style et nous jouons des styles différents, même si je comprends que certains aient besoin de nous identifier. On nous compare beaucoup à Neurosis d’ailleurs… On est des grands fans de ce groupe, mais on joue une musique complètement différente malgré le lyrisme commun de nos musiques !

Ce qui m’a frappé sur Origo, c’est la production bien plus clean que par le passé. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Jonas Rydberg : On voulait avoir un son plus in your face, comme si on jouait ces titres en live, les fioritures en moins, car notre précédent album sonnait trop technique et organique… On a donc changé de producteur et de studio et on est on ne peut plus content de ce changement.
Jesper Liveröd : Le changement de son et de studio est dans la continuité de notre volonté d’évolution… Contrairement à d’autres groupes, nous avons besoin de nous renouveler sans cesse pour ne pas nous ennuyer. La production de cet album est plus vaste, plus grande et ouvre bien plus d’horizons que le précédent.

Justement, avec cette production, votre musique prend une tournure plus émotionnelle… Que vous est-il arrivé ?
Jonas Rydberg : Non pas du tout (rires). Je pense que c’est du à notre approche plus ouverte d’esprit que d’habitude, on a essayé des choses que nous n’avions encore jamais expérimenté ! On se connaît de mieux en mieux, et la musique est venue comme ça.
Jesper Liveröd : Je pense que le côté émotionnel provient de nos caractères différents… Et vu qu’on se connaît mieux, on a pu aller au fond de nos âmes, rechercher nos véritables sensations pour faire une sorte d’introspection commune afin d’être encore plus interconnectés ! La musique est par nature crée par les sentiments et la passion… Et puis, nous avons rencontré tant de problèmes personnels entre les deux albums… Et lorsque nous nous sommes retrouvés ensemble, nous avons laissé aller ces sentiments dans notre musique… Etre un groupe, est quelque chose de très émotionnel.
Jonas Rydberg : Et puis, chacun a sa propre conception et interprétation des sentiments… En parlant de ça, je discutais il y quelques jours avec Linus, notre chanteur, à propos des titres que nous allions jouer en live. Je voulais absolument jouer Mercy Liberation, car c’est le titre que je préfère sur cet album, alors que c’est celui qu’il aime le moins… La vie en tant que groupe est une suite de compromis.
Jesper Liveröd : Et puis… Merde ! J’ai oublié ce que je voulais dire… Bon je te dis ça dès que je m’en souviens (rires).

En fait, je pensais que c’était du à la tragique disparition de Miezsko (ancien chanteur de Nasum)…
Jesper Liveröd : C’est moi qui suis le plus apte à répondre à cette question, vu que je suis le premier concerné dans le groupe… (il soupire) Je ne sais pas trop quoi dire, mis à part qu’on me pose souvent des questions sur la mort de Miezsko… C’est une putain de perte ! Je me sens toujours troubler par sa disparition car il était si indispensable, si brutal... Mais vu que je suis le seul impliqué dans cet événement, sa mort n’a rien à voir avec les émotions dégagées sur le nouveau Burst.

Comme vous me l’avez dit tout à l’heure, votre musique évolue sans cesse ! Pensez-vous que cette évolution est due à vos changements de studio incessants ?
Jonas Rydberg : En fait, le choix du studio arrive très tard dans le processus de production de nos albums… Ce qui est marrant, c’est qu’à chaque fois qu’on finit d’enregistrer un album, on se sent prêt à passer à autres choses même si on aime jouer nos nouveaux titres en concert. Je pense que cela vient du fait que nous mettons tant d’efforts en œuvre pour enregistrer nos albums qu’une fois qu’il est enregistré, c’est pour de bon ! Puis nous écrivons de nouveaux en tournée.
Jesper Liveröd : Evolution est un mot qui va bien avec le groupe, mais ce n’est quand même pas comme si nous faisons un album de Cannibal Corpse un coup et de Garfunkel une autre fois (rires). La musique de Burst se développe autour d’un noyau dur que tu retrouves tout au long de notre carrière. Puis après vient se greffer différentes idées et influences de la vie de tous les jours.
Jonas Rydberg : Oui ça me fait penser qu’on a vue un Russe jouer de la musique dans le métro et ça m’a donné des idées…

Chose plus surprenante, on retrouve des plans acoustiques sur It Comes Into View… Comment vous est venue cette idée ?
Jesper Liveröd : Il y en a aussi sur d’autres titres, mais c’est vrai que celle-ci frappe pas mal. C’est Jonas qui a proposé l’idée et on a tout de suite accroché… On a toujours développé des plans atmosphériques, cette fois-ci, nous voulions faire quelque chose de plus extrême en un sens et nouveau ! On a donc recherché quelque chose de concret et on est arrivé à cette conclusion.
Jonas Rydberg : Cet album est véritablement intense avec différents types de riffs de guitares, de lignes de chant, de percutions… Et je pense que cela aurait été too much si nous n’avions pas laissé à l’auditeur un moment pour respirer avant de repartir à 100 % dans notre musique intense. Ca rend l’album plus dynamique et contrasté.

Comme tu viens de le dire, votre musique est très dense… Comment composez-vous vos morceaux ?
Jonas Rydberg : On fait ça lors des répétitions. C’est très rare que l’un de nous débarque en sortant j’ai un morceau tout écrit. Souvent on commence par quelques riffs de guitares, puis chacun d’entre-nous cherchent quelque chose à rajouter par-dessus.
Jesper Liveröd : Ca a l’air très facile comme ça, mais chacun de nos morceaux est le fruit d’un travail de tous les instants. Chaque détail, aussi minuscule soit-il, est débattu pendant des heures, ce qui est très frustrant car il y a souvent des clashs entre toutes nos idées.
Jonas Rydberg : Il arrive aussi qu’on ne s’entende pas une fois l’intro d’un morceau écrite sur la suite… Alors on la laisse de côté et au bout de 6 mois, quelqu’un ressort le morceau du placard et fait oh ! J’ai une idée !.
Notre façon de composer peut-être comparer à une bouteille de ketchup… (rires) Tout coule jusqu’à ce qu’on arrive à un moment où sa bloque, on laisse décanter un bon bout de temps, voire même, on racle et ça coule à nouveau (il essaye d’imiter le bruit du ketchup qui tombe).(rires)
Jesper Liveröd : Grâce à ce procédé, on est au moins sûr que le résultat de chaque morceau représente le maximum que nous pouvons faire et tout le monde est plus ou moins content au final.

Vous allez sortir un split vinyle en Allemagne prochainement, pourquoi ne le sortir que dans un unique pays ?
Jesper Liveröd : Non, ce n’est pas uniquement pour l’Allemagne. C’est juste que le label GardenOf Exil a toujours montré de l’intérêt pour nous et sont fans du groupe. Ils nous ont donc demandé si ça nous intéressait d’enregistrer un split CD avec The Ocean, chose qui nous a plus directement car c’était pour le fun et nous allions travailler avec des passionnés.

Origo est votre second album chez Relapse, êtes-vous toujours satisfait de leur travail ?
Jonas Rydberg : Oui carrément ! On n’a pas mal d’opinions divergentes, mais au final ils font un boulot extraordinaire et ils sont véritablement dévoués envers leur groupe. La musique passe avant le business chez eux !

Voilà 13 ans que Burst existe… Ca fait long ! Qu’est-ce que vous retenez de cette aventure humaine ?
Jonas Rydberg : Que ça a pris énormément de temps pour obtenir quelque chose de vraiment bon mais dans un sens, c’est plutôt mieux comme ça. Le groupe a mis pas mal de temps à évoluer et nous avons pu beaucoup apprendre de nos faiblesses pour devenir plus fort. Nous nous connaissons tous très bien et nous savons où nous voulons aller ! Au début, c’était vraiment un groupe pour le fun, personne ne nous écoutait. On ne savait même pas ce que nous voulions faire. Tout a changé à l’arrivée de Robert (ndr : le guitariste) !
Jesper Liveröd : Il nous a fallut beaucoup de temps pour trouver nos marques et faire de Burst, ce qu’est le groupe aujourd’hui. C’est vrai que l’arrivé de Robert a fait changer les choses mais ce n’est pas le seul facteur qui a fait qu’on s’est professionnalisé. Enfin, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que, pour moi, nous sommes un groupe depuis 6 ans et non depuis 12 ! Avant, nous étions des gamins qui n’avaient aucune vision globale de la musique.
Jonas Rydberg : On se contentait de jouer ce qu’on aimait et point barre. On continue toujours à jouer ce que l’on aime… Mais tu vois la différence ?!

Oui, bien sûr !
Pour changer de sujet, quels sont vos projets de tournée pour les mois à venir ?

Jesper Liveröd : On va faire comme la majorité des groupes, faire une grande tournée pour promouvoir notre album. Ca fait trop longtemps qu’on attend de pouvoir faire une tournée comme celle-ci vu qu’on a été frappé par la malchance non-stop !
Jonas Rydberg : Mais maintenant, nous sommes prêt à repartir en tournée à partir de l’automne et durant tout l’hiver ! Et ce sera bien mieux cette fois (rires).
Jesper Liveröd : La notre vie est planifiée comme jamais, on va partir en tournée puis filmer un clip et ensuite retourner en studio !

La France est-elle prévue dans votre périple ?
Jonas Rydberg : Oui bien sûr ! Comme je te l’ai dis tout à l’heure, on a tellement était malchanceux chez vous, qu’on veut absolument se racheter !
[ndr : BURST sera en tournée au mois de Décembre en France en première partie d’OPETH]

Avant de se quitter, j’aimerai de poser une question sur Nasum, Jesper… Grind Finale, l’album rétrospectif de Nasum, sera bientôt dans les bacs, as-tu eu ton mot à dire sur la conception de l’album ?
Jesper Liveröd : Je devais. L’idée initiale était que chacun des membres qui avaient pris part à l’histoire de Nasum écrive quelque chose pour l’insérer dans le livret ou autres… Et puis, Miezsko est mort, et cela nous a tous retournés, et les choses ont changé.
J’ai été dans le groupe durant 5 ans, mais ce n’est pas pour ça que c’était mon groupe, c’était celui de Miezsko et c’est toujours le cas. (on me fait signe que j’ai largement dépassé ma demi-heure impartie).
Bon, je ne vais pas épiloguer dessus de toute façon. Au final, suite à la mort de Miezsko, je n’ai pas été consulté pour ce projet.

Bon, bah on va devoir s’arrêter là. Vous voulez rajoutez quelque chose ?
Jonas Rydberg : S’il vous plait… Achetez notre album (rires) et essayez d’être attentif en l’écoutant car il est bourré d’éléments qui se découvrent au fur et à mesure. Il y a des millions de détails !
Jesper Liveröd : Et écoutez le plusieurs fois surtout !

Merci à vous.
Jesper Liveröd : Merci à toi surtout. Ca fait plaisir de rencontrer des gens vraiment passionné par la musique et qui suivent ta carrière ! J’espère qu’on se reverra quand on passera en France.

Un grand merci à Nathalie et Julien et bien sûr à Jesper et Jonas pour leur gentillesse.