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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Allegaeon

Elements Of The Infinite

LabelMetal Blade
styleExtreme Melodic Metal
formatAlbum
paysUSA
sortiejuin 2014
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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Quand Metal Blade, label européen, va chercher de l’autre côté de l’Atlantique un groupe de metal extrême, il a intérêt à en valoir le coup, car pouvoir faire briller son écurie partout dans le monde est une des difficultés d’une telle entreprise, surtout à l’époque moderne. Alors aprèsavoir choisi les Américains de Allegaeon, ils se sont dit que leur poulain avait ce qu'il fallait pour obtenir un palmarès qui serait un gage de qualité : un premier album très bien noté sur le site metalstorm.net, une présence sur les radios metal yankee et un surnom des « Colorado Kings of Melodic Metal ». Rien que ça. Pour un groupe qui n’a commencé son existence qu’en 2008 et ses productions qu’en 2010 les augures étaient bons. D’ailleurs si vous achetez la version double cd, vous aurez en bonus leur premier EP de 2008.

Alors, forts du soutien de Metal Blade, la formation s’est enfermée au Flatline Studio de D. Otero (qui a collaboré avec Cattle Decapitation et Cephalic Carnage entre autres. Et nous voilà avec Elements of the Infinite entre les mains. Bel artwork, mystérieux et en même temps terriblement metal, puisqu’on y voit dans des couleurs sombres, un homme qui semble souffrir, un soleil / vortex derrière lui, une terre désolée. Des symboles à gogo pour un groupe qui a l’air d’aimer les textes alambiqués et les références à la science ou à son extension, la science-fiction avec des titres compliqués comme The Phylogenesis Stretch ou Gravimetric Time Dilation.

Ça sent la musique intello à deux mille kilomètres, et bingo ! Allegaeon est un groupe qui synthétise un certains nombres d’éléments modernes dans sa musique : du shred à gogo, du mélo, des blasts bien virulents, quelques touches de core à l’américaine et un gros son irréprochable. Difficile de les classer dans une des cases de l’extrême car ils s’amusent à danser entre les genres. Par exemple, Tyrants of the Terrestrial Exodus n’est pas clairement un titre de death technique (aux senteurs d’érable tant il se rapproche des productions canadiennes), ni de heavy thrash bien gras, ni de deathcore très light mais bien un subtil mélange de tout cela. A faire la synthèse de trois ou quatre styles par chanson, on va friser l’indigestion ! Sauf qu’on finit par s’y habituer et même apprécier la variété de l’ensemble.

Si l’on compte les changements de tempo, de riff et presque d’ambiance sur The Phylogenesis Stretch, on se rend compte que les Américains ont pris le parti de varier l’intensité au sein de chaque titre pour mener l’auditeur dans les méandres des histoires qu’ils ont créées. Avec un écueil cependant, car les morceaux qui composent chaque titre ne sont pas d’égale qualité et du coup on décroche parfois. Il y a de vrais morceaux de bravoure qui prouvent que le groupe a énormément travaillé pour peaufiner l’ensemble : sur Through Ages of Ice, on a une intro complétement déstructurée et écoutez comment après 3 :00 tout s’enchaine pour proposer un crescendo de plus en plus technique pour revenir sur le refrain et se remettre une dernière fois dans le titre avant de faire retomber l’ambiance avec un passage atmosphérique et des loups qui hurlent. Cohérent avec le thème abordé.

Et comme tout bon groupe qui cherche à faire dans le pléthorique et qui a des racines progressives, il leur fallait une chanson « épique » de douze minutes : Genocide For Praise. Quand on inclut ce genre de titre dans un album, on en dit beaucoup sur sa personnalité, tout le monde ne s’attaquant pas à ce type d’exercice. Exercice d’ailleurs assez réussi, puisqu’on suit bien sur la durée, et qu’il est un bon exercice pour démontrer à quel point les guitaristes sont bons en solo, la partie centrale en est remplie et puis… grosse feinte de la mort, tout s’arrête après presque dix minutes, pour laisser place à de la guitare acoustique, genre, bonne nuit tout le monde, on s’en va. Etrange… tout comme le premier titre qui donne une fausse impression de tout l’album : Threshold of Perception se la joue symphonique avec des chœurs et des claviers. Mais ce sera la seule fois et on s’éloignera de cette frange de metal assez radicalement par la suite.

Alors c’est vrai que si l’on met ces bizarreries à part, on se retrouve face à un album compact, dense et assez virulent. Par contre, on sent qu’ils se placent dans une vague de metal extrême mélodique déjà empruntée par un certain nombre de gros groupes, et le style risque de ne pas tarder à basculer dans la redite, pour ses effets de guitares hyper techniques avant / pendant les couplets (qui finissent par tous se ressembler), les petits coups de blasts et hop on enchaine avec un bout de mélodique… on sent néanmoins que le talent du groupe tend vers la recherche d’une personnalité qui prend de multiples formes afin que l’auditeur ne s’ennuie jamais : Dyson Sphere tape du côté du melodeath suédois plus classique et plus posé, Our Cosmic Casket joue la carte de l’énergie (donc à l’autre bout du spectre)…

C’est la raison pour laquelle Elements of the Infinite s’adresse d’abord à un public de connaisseurs. Allegaeon nous sort un album assez convaincant qui prouve qu’ils sont capables de se poser sur la scène américaine et qu’ils ont l’intention de faire leur trou sans pour autant révolutionner le genre. Avant d’être les rois du genre, ils devront encore pousser vers des terres inconnues, ce qui est un comble pour un groupe qui possède un tel talent, car en se focalisant encore plus sur le côté personnel de leur écriture, ils se feront une place au soleil sans problème. En attendant jetez une oreille sur cet album, vous ne serez pas déçus !




01. Threshold of Perception
02. Tyrants of the Terrestrial Exodus
03. Dyson Sphere
04. The Phylogenesis Stretch
05. 1.618
06. Gravimetric Time Dilation
07. Our Cosmic Casket
08. Biomech II
09. Through Ages of Ice – Otzi’s Curse
10. Genocide for Praise – Vals for the Vitruvian Man

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