Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Limp Bizkit

The Unquestionable Truth (Part I)

LabelGeffen Records
styleNeo
formatAlbum
paysUSA
sortiemars 2005
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Aujourd’hui j’ai décidé de déterrer un album dont tout le monde se fout éperdument. Même le groupe lui-même si l’on prend en compte le fait qu’aucun des titres ne figure dans leur setlist depuis des lustres. Je veux parler du concept album The Unquestionable Truth (Part I) de Limp Bizkit sorti en mars 2005.

Il faut dire que cet album est atypique. D’une part, il marque le retour du guitariste au make-up surprise, Wes Borland, revenu d’expériences en demi-teinte de son côté. Le groupe s’était gentiment (ou pas d’ailleurs, mais relativement discrètement) séparé de Mike Smith qui avait accompagné le groupe pendant la période Results May Vary pour un album qui n’avait jamais aussi bien porté son nom. D’autre part, l’album, de très courte durée (un peu plus de 29 minutes 30) a été enregistré à Prague et a été publié sans promotion ni rien. Enfin, John Otto batteur attitré du groupe, n’était même pas présent pour l’ensemble de l’enregistrement (uniquement présent sur le titre The Channel) pour cause de cure de desintoxication.

Le résultat est donc à l’image de la période qu’a vécue le groupe : des hauts, des bas et un tout pas forcément excellent. Pourtant tout démarrait plutôt bien avec un bon concept (titres sous la forme The + nom ; pochette rappelant l'EX-URSS avec des squelettes ; paroles relatives à la propagande, la religion et ses méfaits, la célébrité) et surtout un clip assez old school du titre The Truth. On y voyait Fred Durst, Wes Borland et Sam Rivers se déchainer sur ce titre très efficace qui est probablement le meilleur de l’album d’ailleurs. On salivait donc à l’idée de pouvoir écouter un album signifiant le renouveau d’un groupe qui a bercé la jeunesse de beaucoup d’entre nous.

Et ce fut globalement une déception même si le côté plus « noir » (ou « sinistre » comme certains ont pu le dire) de l’album fur une bonne surprise. Si les inspirations très Rage Against the machine-sque de certains titres sont plutôt bonnes (le riff de The Truth aurait pu sortir de l’imagination de Tom Morello) on en attendait plus, bien plus. L’album démarre sur The Propaganda qui diffuse des riffs plutôt groovys et des paroles qui vont droit au but. On retrouve ce doux son baveux de la guitare de Wes qui a conservé un style singulier au fil des années. L’enchainement avec l’excellente The Truth est du meilleur effet : longue intro qui monte en puissance, ligne de basse énorme, sons de guitare angoissant puis passage rentre dedans et des couplets très rythmés. Si la structure de la chanson est loin d’être atypique on est pris par son atmosphère, ses paroles et sa dynamique. Surtout Fred Durst ne succombe pas à l’envie de nous taper un refrain en chant clair ou à partir dans les aigus.

Malheureusement, The Priest et The Key font directement redescendre la pression. La première aborde le sujet de la pédophilie au sein de l’Eglise catholique sous un angle intéressant mais manque cruellement de personnalité. Surtout, il faut attendre les derniers passages du titre pour enfin voir le tout s’améliorer. Un peu trop tard. S’agissant de la deuxième, elle n’est rien de plus que du remplissage. Un énième titre où Fred Durst se contente de faire voler des Fuck à tout va. Le titre suivant, The Channel n’est guère mieux même si John Otto derrière les fûts et Dj Lethal derrière les platines tentent de donner du relief à un riff médiocre. On aurait espéré plus de risques dans les compositions et surtout plus de rythme. C’est d’autant plus dommage que les thèmes abordés et l’atmosphère globale de l’album est excellente.

La fin de cet album (considéré comme tel même s’il relève plus de l’EP...) est toutefois bien meilleure. Tout d’abord, The Story, très rentre-dedans nous offre un riff assez générique mais un titre agressif, assez sombre, porté par des paroles plutot inspirées. Le tout étant contre-balancé par The Surrender, la plus lente et calme de l’album. Bien qu’assez répétitive, les paroles et l’atmosphère de ce titre sont appréciables et finissent l’album tout en douceur.

Vous l’aurez compris, The Unquestionable Truth (Part I) est un album à part dans la discographie des américains. A la frontière du concept album, à la frontière de l’EP, il peine à se créer une identité malgré d’excellentes idées à tous les niveaux (compositions, paroles etc.). On aurait aimé plus d’intensité, plus de prises de risques et, au final, plus de cohérence même si rarement le groupe avait été aussi agressif et haineux dans son approche. Il demeure toutefois parmi ces albums qui, sans raison évidente, m’ont le plus marqué.

1. The Propaganda
2. The Truth
3. The Priest
4. The Key
5. The Channel
6. The Story
7. The Surrender

Les autres chroniques