Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Dagoba

Post Mortem Nihil Est

LabelVerycords
style-
formatAlbum
paysFrance
sortiemai 2013
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Chroniquer un album de Dagoba n’est jamais simple. D’une part, le groupe cristallise les rancœurs tout autant qu’il fascine. D’autre part, j’ai toujours eu du mal à apprécier « sur le coup » un album des phocéens. Poséidon, leur dernier opus en date, n’avait pas échappé à la règle. Après m’avoir laissé de marbre aux premières écoutes j’ai fini par l’apprécier et à faire de quelques titres comme I Sea Red, ou encore There’s Blood Offshore des titres références. Et il faut dire que s’il n’avait pas convaincu tout le monde (cf. chronique d’Eternalis), je lui trouve aujourd'hui bien plus de qualité, si ce n’est une production assez faiblarde qui ne met pas toujours en valeur les quelques excellents titres de cet album (il y a du déchet aussi, entendons nous) et qui surtout donne cette impression d’album qui a mal vieilli.

Trois ans après la sortie de Poséidon, le groupe nous revient avec un dernier opus intitulé Post Mortem Nihil Est (comprendre : après la mort, il n’y a rien). Premier changement, Izakar, guitariste depuis le début du groupe, a décidé de quitter la formation à la mi-juillet 2012 pour incompatibilité d’humeur avec un autre membre du groupe. C’est donc Yves Terzibachian dit "Z", ami de Shawter qui a repris le flambeau. Second changement, le groupe a souhaité changer de processus d’enregistrement afin d'éviter la déconvenue de Poséidon en se rendant à Los Angeles où le groupe a assuré lui-même l’enregistrement de toutes les parties mais a confié le mix et le mastering à Logan Mader, ex-guitariste de Machine Head, qui avait notamment collaboré avec Gojira pour la sortie de The Way Of All Flesh. Et le résultat est à la hauteur des attentes. Si la production est peut-être moins incisive que celle de Tue Madsen, le son de Dagoba est lourd, chaud et colle probablement mieux à l’esprit de l’album. Côté artwork, l’album n’est pas en reste avec une pochette signée Seth Siro Anton, dont le carnet de commande ne désemplit pas.

Pour faire simple, ce dernier Dagoba envoie du lourd, sur le papier, en tout cas.

Dès la première écoute, l’impression est un peu plus mitigée. Certains bons point nous viennent directement à l’esprit : Shawter pose un chant agressif, juste et peut-être un peu moins démonstratif (nous y reviendrons), Franky Costanza demeure égal à lui-même en martelant les fûts sans répit. Il parvient à nous surprendre d’album en album (quelle performance sur le single I, Reptile !). Mais là où le travail de Dagoba m’a agréablement surpris tient à l’ambiance générale de l’album et aussi le jeu de guitare.

Poséidon aurait pu être un très grand album. Le décor était planté, un univers entier avait été crée par le groupe de la pochette aux paroles en passant par les musiques. Malheureusement, la production légère et les orchestrations n’étaient pas à la hauteur de la tâche. Sur Post Mortem Nihil Est, le sentiment est inverse. L’orchestration, tout en étant sage et moins épique, est puissante et donne une grande cohérence à l’album. Le groupe ose même (trop rarement, nous y reviendrons également) quelques folies avec une ambiance western sur le titre Nevada, ou bien l’ajout de quelques instruments comme des violons sur The Realm Black ou encore Kiss Me, Kraken, ou du piano sur The Day After The Apocalypse.

Autre qualité, le jeu de guitare qui me semble plus élaboré ou, à tout le moins, moins timoré. Izakar ne m’avait jamais donné l’impression d’être un grand leader ou dans tous les cas un grand guitariste. Tout au plus capable de proposer quelques plans et de suivre la mêlée générale. Là, Z nous propose un travail un peu plus aboutit allant de riffs puissants et lourds (comme sur The Realm Black ou encore The Day After The Apocalypse), à des passages plus légers (Nevada en passant par des parties plus mélodiques (le solo de The Realm Black étant agréable – pourquoi ne pas en faire plus ?). Bref, une évolution (mais pas une révolution) sympathique.

Malheureusement, tout n’est pas idéal. Le chant clair de Shawter, s’il le maîtrise bien mieux que par le passé (sur cd, en tout cas et à l’exception de quelques passages comme sur Oblivion Is For The Living), est parfois redondant et surtout trop convenu. Car c’est là que le bât blesse : on peine à trouver de l’originalité dans cet album. Les structures tendent à se ressembler et on finit par tourner un peu en rond malgré quelques belles tentatives. A ce titre, Yes, We Die ou bien encore Son of a Ghost sont symptomatiques. Des riffs « classiques », du rentre-dedans puis un refrain ultra aseptisé, déjà entendu mille fois. Le groupe semble peiner à trouver des alternatives originales. Dagoba fait du Dagoba et si cela peut suffire pour certain, on en attend cependant beaucoup plus. Et l’on ressort de ces 50 minutes d’écoute avec une impression étrange d’écouter souvent les mêmes mouvements, les mêmes breaks, les mêmes idées. Seuls quelques titres parviennent à tirer leur épingle du jeu (notamment The Great Wonder). On aurait pu espérer que le groupe nous apporte un vent de fraicheur avec un nouveau line-up. Mais tel ne fut pas le cas. Seule la production irréprochable permet à cet album de faire bonne figure tant il est hétérogène.

Les amoureux de What Hell is About n’y trouveront certainement pas leur compte. Les fans de la dernière heure probablement un peu plus. A voir sur la durée, et en live surtout.

1. When Winter...
2. Oblivion is for the Living
3. The Realm Black
4. Yes We Die
5. I, Reptile
6. Nevada
7. The Day after the Apocalypse
8. By the Sword
9. Kiss me Kraken
10. The Great Wonder
11. Son of a Ghost

Les autres chroniques