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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Thy Catafalque

Tűnő idő tárlat

LabelAutoproduction
styleBlack metal expérimental / Avant-garde
formatAlbum
paysHongrie
sortiejanvier 2004
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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Thy Catafalque, il y a fort à parier qu’avant sa signature chez Season of Mist en 2011, tout le monde ou presque s’en tamponnait le coquillard.

Il faut reconnaître que depuis 1998, le groupe Hongrois n’avait pas fait grand-chose pour favoriser sa mise en lumière, en dépit de ses qualités indéniables. Car Thy Catafalque, dès sa première livraison, Sublunary Tragedies, avait posé quelques bases de ce qu’il allait devenir. Initialement Black Metal avant-gardiste très inspiré mais pas particulièrement maîtrisé et bien brouillon, son successeur, Microcosmos, sorti en 2001, affinait un peu le magma sonore du duo Hongrois (devenu one-man band par la suite), ce qui nous conduit finalement à l’an 2004 et à la parution de Tűnő idő tárlat.

Cet album pavé de près de 70 minutes est l’aboutissement de 6 piges de gestation et ça se sent. Enfin de l’organisation bordélique qui dominait auparavant est apparu un bordel organisé du meilleur effet et d’une richesse peu commune. S’amuser à décrire un album de Thy Catafalque, c’est chiant, parce que le groupe s’écoute et se vit bien avant de pouvoir se décrire. Pas franchement définissable, la musique de la formation Hongroise bouffe à beaucoup de râteliers. Sur un fil conducteur Black Metal symphonique (plutôt école Nokturnal Mortum dans le traitement qu'Emperor) s’équilibrent des éléments atmosphériques, industriels, folkloriques, progressifs, électro bien catchy et j’en passe.

Parler d’avant-garde, terme galvaudé s’il en est, pour évoquer Tűnő idő tárlat apparaît comme une évidence tant les deux compères agissent en électrons libres de la musique extrême et composent des titres fleuves au gré de leur inspiration diablement riche, mais cette fois ci canalisée dans ce qui restera leur premier album véritablement abouti, et à mon sens le meilleur, dans leur discographie.
La densité de l’album est prononcée, trop peut-être pour ceux qui se refuseraient à percer l’hermétisme de la production et la profusion d’ambiances qui jalonnent Tuno Ido Tarlat, mais le plaisir d’écoute, une fois les premières douleurs passées, s’en trouve largement décuplé. Du Black Metal indus le plus pur en passant par des riffs thrash / indus qui feraient penser à un Ministry bien fâché à de l’electro dance psychédélique (faute de mieux), Thy Catafalque balise son propre terrain, se fout complètement de toute convention, fait ce qu’il veut et renferme en une seule et même livraison l’étendue de sa prolifique inspiration.

Alors certes, on peut être tout à fait désarçonné par la brutalité des transitions, perplexes face à la diversité des registres abordés. Si nous devions citer la triplette d’entrée constituée de Csillagkohó, Neath Waters (minden Vízbe Mártott Test) et Bolygó, Bolyongó, qui constituent à elles seules près de 40 minutes de musique, tout serait alors dit. Le chaos du Black se mêle au plus implacable de l’extrême indus (cette montée et ce riff final à 7’50 de Csillagkohó, misère !) les expérimentations électro fusionnent avec des atmosphères épiques très cinématographique (Neath Waters à mi-parcours), on règle délicatement le curseur sur ‘expérience cold-wave’ (Kék Ég Karaván) pour mieux le rebalancer en mode ‘black divers et varié’ (la très intense Héja-nász Az Avaron) , pour assister impuissant et un léger rictus à un titre chanté en clair par une dame pas toujours très juste sur un tapis de sonorités acoustiques apaisantes. L’auditeur est chahuté au possible mais aussi admiratif devant tant de créativité libérée.

Ca sonne certes super raw en distorsion, Kátai Tamás crache ses poumons pour mieux se faire entendre car sous-mixé, ça rend très clinique grâce à ou faute, c’est selon, à une boîte à rythme survitaminée, les claviers sonnent très cheap et les arrangements laissent parfois à désirer mais putain, il faudrait être particulièrement tatillon pour rejeter ce déluge de riffs et de styles unifiés sous un même étendard.

Thy Catafalque livre avec ce Tűnő idő tárlat un album particulièrement abouti, extrême dans son concept autant que dans sa musique, déstabilisant, qui malmène la notion d’étiquette et fini par s’en affranchir totalement.
L’escapade est prolifique, intense, hallucinogène et enivrante, et autant de qualificatifs pour une même rondelle, ça force le respect.

Un méchante claque dans la gueule.

1. Csillagkohó
2. Neath Waters (minden Vízbe Mártott Test)
3. Bolygó, Bolyongó
4. Kék Ég Karaván
5. Héja-nász Az Avaron
6. Zápor
7. Az Õsanya Szól Ivadékaihoz
8. Varjak Fekszenek

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