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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Wintersun

Time I

LabelNuclear Blast Records
styleDeath metal mélodique
formatAlbum
paysFinlande
sortieoctobre 2012
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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8 ans. 8 ans que Starchild résonne dans mes oreilles, que Beyond the Dark Sun est ma sonnerie de réveil et que j'attends avec impatience la suite au premier album des finlandais. Et voilà qu'après de nombreuses annonces, la sortie de l'album est prévue pour le 12 octobre 2012. Le jour de mon anniversaire. Un signe, c'est certain. Bien que repoussée à la semaine suivante, la vigueur avec laquelle j'attendais de pouvoir l'écouter n'a pas faiblie. Après 8 ans, nous ne sommes plus à une semaine près, n'est-ce pas ?

Time I est un EP pour dire vrai. Jari, virtuose s'il en est, a en effet décidé de séparer son projet de longue haleine, Time, en deux albums, afin de prolonger le plaisir. Ou plutôt de faire beaucoup d'argent sous la pression de Nuclear Blast qui en avait probablement marre d'attendre un album qui n'en finissait plus d'être retardé. Car, au final, c'est tout au plus une petite trentaine de minutes que nous offre Wintersun dont une grande partie d'instrumentales.

Time I, le Chinese Democracy du death mélodique, est-il voué à décevoir ? Car il est vrai que la pression était immense. Rarement un groupe avait été si attendu après un premier album encensé par la critique. Dès lors, revenir ainsi avec un EP aussi court demande de la témérité. Surtout que le premier album était mené par un jeu de guitare incisif et inspiré, des passages tantôt épiques et belliqueux, tantôt profonds et mélancoliques. Le groupe avait parfaitement su trouver cette alchimie entre une musique pleine d'émotion, presque aérienne (Starchild en étant le symbole parfait) et un métal vigoureux.

A la première écoute de ce Time I, je me suis demandé si à trop vouloir en faire, Jari ne s'était pas brulé les ailes. Les chansons sont recouvertes d'orchestrations et de symphonies pas toujours des plus inspirées et un jeu de guitare parfois bien trop effacé et trop peu incisif. Non, Time I n'est pas mauvais, loin de là, mais le subtil équilibre entre un metal rageur et de longs titres mélodiques avait atteint son paroxysme avec le premier album. De la joie à la mélancolie, les titres Winter Madness, Beautiful Death ou encore Starchild nous emmenaient très loin, dans de blanches contrées finlandaises dans un style encore jamais vu. Là, Jari nous sert sur un plat un album qui oscille entre titres de génie et titres peut-être plus prétentieux que riches, même si le tout reste d'excellente facture.

L'introduction, très agréable et profonde, aux influences japonaises évidentes, amène sur un plateau le premier titre de ce Time I, intitulé Sons of Winter and Stars, long de treize minutes et divisé en quatre mouvements. L'introduction est excellente, le jeu de guitare et les lignes de batteries composent un cocktail détonnant. Les premières minutes de l'album le font débuter sous les plus beaux auspices. Soutenu par un chant puissant, une orchestration très présente et divers chœurs, Sons of Winter and Stars fait office de catalyseur d'énergie. Et cet effet n'est pas passager. Là où le précédent opus permettait déjà, de par la richesse de sa composition, de ne jamais céder ni à la facilité ni à la démonstration, ce premier vrai titre sait parfaitement se renouveler malgré sa longueur. Remarquable.

A l'inverse, Land Of Snow And Sorrow convainc moins facilement. Aux antipodes des tendances de Jari à promouvoir une musique rapide, ce titre évolue avec un tempo plus lent, dans un style plus groovy (et moderne), le tout dans un déluge d'ambiances de claviers et de choeurs. Or, il ne suffit pas de mettre une orchestration et des paroles mystiques pour faire d'une chanson un titre épique. Si certains passages relèvent du génie, l'orchestration parfois un peu brouillonne donne l'impression d'un trop-plein au point de faire perdre tout l'intérêt que l'on portait au jeu de guitare du finlandais, tant en rythmique qu'en solo. Toutefois, le chant clair relativement maitrisé et quelques brefs passages de haute volée à la guitare redonnent un second souffle à Land of Snow And Sorrow qui manque cruellement de relief.

Malheureusement, et ce n'est pas Darkness and Frost qui nous contredira, les éléments d'orchestration symphonique, ont eu tendance à éclipser le facteur métal dans cet album. Avant même de me pencher plus en profondeur sur le titre éponyme (nous sommes effectivement déjà à la fin de l'album), un peu de frustration se fait ressentir. Il est rageant de ne pas ressentir autant de plaisir que lors de la première écoute de l'album éponyme alors que tous les ingrédients sont là. Peut être qu'il nous faudra du temps pour parvenir à digérer correctement cet opus. Mais toujours est-il qu'on ne parvient pas à retrouver la fougue des premiers albums dans ces titres dont la cohérence laisse parfois à désirer. A tout le moins, cet album est bien moins accessible.

Time nous redonne cependant du baume au cœur avec une introduction remarquable, avec un des meilleurs riffs de guitare du groupe. Plus lent mais terriblement efficace, Time a tout d'un grand titre. L'alternance chant clair / chant crié et les nappes de claviers nous font voguer entre les différents univers du groupe.

Wintersun a été et restera l'une de mes meilleurs expériences musicales. Loin d'être un fan désabusé, je suis sincèrement convaincu que cet album a presque trop été travaillé. En voulant produire un nouveau mastodonte du métal mélodique, Jari en a oublié le terme "metal" et s'est parfois un peu perdu. La sensation d'écouter un album d'Epica plus que de Wintersun m'a parfois laissé pantois. Mais il n'est pas impossible que mon impression change avec le temps. j'ai peut être tout simplement trop attendu un second album éponyme alors que la musique du groupe a forcément évoluée en huit ans.

L'impression est donc globalement bonne à l'issu de l'écoute de l'album même si ce dernier est bien trop hétérogène. Si Time et Sons of Winter and Stars constituent le cœur de l'album et témoignent de l'étendue du talent de Jari et consorts, Land Of Snow And Sorrow ne parvient pas vraiment à tirer son épingle du jeu. Or dans un album aussi court, le moindre détail ne pardonne pas. Il ne reste plus qu'à espérer que Time II sera plus constant et redorera le blason d'un groupe qu'il m'est presque insupportable de critiquer.

Tracklist :
1. When Time Fades Away
2. Sons Of Winter And Stars
3. Land Of Snow And Sorrow
4. Darkness And Frost
5. Time

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