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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Death

Scream Bloody Gore

LabelCombat Records
styleAlpha et Omega du Death metal old-school
formatAlbum
paysUSA
sortiemai 1987
La note de
U-Zine
10/10


U-Zine

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En 1987 et dans les milieux autorisés, Bathory régnait en maître sur le black metal impulsé par Venom, Metallica et Slayer avaient déjà accouché de leurs albums d’ores et déjà passés à la postérité, bref, Schuldiner devait faire son trou alors que le thrash était à un point culminant. Déjà fort de Mantas, nom de baptême hommage au guitariste de Venom, rapidement avorté suite à des dissensions entre les membres du groupe, l’ami Chuck, loin de s’en contenter, a poursuivi sa quête avouée de jouer dans le groupe le plus rapide du monde. Le propos reflète la jeunesse de celui qui restera le seul maître de sa musique, sa teneur, la fougue et la passion qui l’animait.
Si dans son périple musical, la rencontre avec Possessed, déjà fort en 1985 de son Seven Churches, n’est pas innocente à l’orientation de la musique de Schuldiner, sa rencontre avec le batteur Chris Reifert sera déterminante, le marteleur pouvant alors donner le tempo aux velléités du patron, Death naît alors sous la forme d’un duo, compose une démo et deux ans plus tard, Scream Bloody Gore voit le jour. Et Schuldiner pose sa première empreinte dans la légende.

Il y aura un avant, et un après Scream Bloody Gore. De l’esthétisme gore, caverneux, horrifique, aux sonorités crasses et pachydermiques, Death marquera l’univers Death Metal, et a, si jeune, gravé de sa griffe indélébile une scène dont l’essor sera exponentiel, et dont les plus fiers représentants se revendiqueront de l’école Schuldiner. Scream Bloody Gore, c’est un peu les origines du mal, et même si l’essence de l’album ne sera pas représentative de la carrière protéiforme de Death, l’écouter, c’est l’adopter, l’écouter, c’est comprendre pourquoi la galette est entré dans la légende.

Précurseur à bien des égards, Chuck Schuldiner a tenu son pari, et repousse les limites de la brutalité, joue cette musique belliqueuse chère à ses ambitions, mais étonne par son atypique équilibre entre mélodie et sauvagerie. L’atmosphère poisseuse et humide, les hurlements d’outre-tombe, la violence des rythmiques épileptiques et la lourdeur du riffing sont habilement contrebalancés par un sens de la mélodie omniprésent, sous la couche d’humus et de distorsion grumeleuse se trouve une vraie finesse de composition. Zombie Ritual, Evil Dead, quintessence noble et prémices de ce que donnera Death dans le futur, sont les témoins de l’audace de Schuldiner, parvenant à insuffler des variantes à son Death, sans pour autant, reconnaissons le, gaver sa musique de relief ou de diversité. Scream Bloody Gore reste un album primitif, à la sauvagerie sulfureuse, qui, s’il peut se montrer un peu trop constant, et paraître jalonné de quelques morceaux interchangeables, n’avait pas d’autre vocation que d’agir comme un rouleau-compresseur, et il rempli parfaitement sa sépulcrale besogne.

Les ingrédients qui ne seront pas sans rappeler Possesed sans en égaler la technicité, servent de pivot à un déluge délectable de violence salvatrice. Baptized in Blood, Infernal Death, l’incroyable Scream Bloody Gore au riff et aux hurlements qui te donnent envie de bouffer la terre entière, ce premier album estampillé Death est une succession de compos hargneuses, à l’ambiance cadavérique, qui fleure bon la chair putréfiée, qui respire aussi la niaque de deux gamins qui avaient les dents longues, leur immaturité touchante, aussi.

Si, 25 ans plus tard, seules quelques rides ont creusé leurs despotiques sillons sur Scream Bloody Gore, ce ne sera qu’en raison d’un léger sentiment de redite entre les titres qui peut planer pour les aficionados du Death Metal actuel, mais la qualité, l’audace et l’insolente précocité de ses saveurs en font un indispensable de toute discothèque death metal qui se respecte.

Scream Bloody Gore est la bande son d’une invasion démoniaque, la première porte ouverte vers les enfers, dans laquelle s’engouffreront pléthores de formations qui sévissent encore aujourd’hui. Peut-être pas le meilleur album de Death, mais tout est question de contexte et par conséquent, ce brulot est indiscutablement culte, et moi j'en retourne me coller dans les feuilles le morceau-titre.

01. Infernal Death
02. Zombie Ritual
03. Denial Of Life
04. Sacrificial
05. Mutilation
06. Regurgitated Guts
07. Baptized In Blood
08. Torn To Pieces
09. Evil Dead
10. Scream Bloody Gore

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