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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Lantlôs

Agape

LabelLupus Lounge
stylePost-Black
formatAlbum
sortieoctobre 2011
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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Mine de rien, à l’époque où Lantlôs a mis son premier né dans les bacs, en 2008, il disposait d’une certaine longueur d’avance sur toute la mouvance devenue aujourd’hui très populaire de post-black/shoegaze. Un certain talent émanait des compositions aigres-douces proposée par Neige aux vocaux (Alcest, ex-Amesoeurs, ex-Peste Noire, ex Mortifera etc…) et Herbst, en charge à ma connaissance de la composition des titres.

Sans pour autant toucher du doigt la grâce ultime, l’album éponyme avait fait son petit effet dans les milieux autorisés, en léger décalage avec les poncifs du genre et était presque en avance sur son temps. .neon, sorti en 2010, enfonçait le clou, proposait même une certaine avancée et une certaine recherche de créativité, l’architecture se voulait plus complexe et plus dense émotionnellement parlant, conservant néanmoins une solide base Shoegaze. Un an plus tard, Agape voit le jour tandis que la scène a vu émerger des formations de talents officiant dans le même registre, rendant la concurrence d’autant plus féroce, le challenge était plus grand, l’ambition devait suivre. Et malheureusement, Agape rate la marche, et sans se vautrer, se contente de s’accrocher aux branches et de s’embourber dans la routine.

Avant de me jeter des lapins morts au visage, que ce soit clair : Agape n’est pas un mauvais album. Il reste un bel ouvrage, qui sait se faire poignant quand il le faut, brutal quand il le doit, davantage même que ses prédécesseurs, et sa sincérité fait mouche à bien des égards. Mais pourtant, il lui manque ce léger panache, cet aspect touchant, presque candide qui contribuait à la force de .neon.

Sur Agape, nous avons le sentiment de parcourir des chemins balisés, impersonnels, comme si les compositions ne cherchaient plus à transmettre l’intensité qui a animé leur mise en branle. La sensation de facilité aussi nivelle l’album vers le bas. Lantlôs semble se satisfaire de mettre un riff en rotation, d’envoyer quelques samples ici ou là, et rallonger artificiellement la durée des titres. Là où il s’illustrait par l’hypnotisme béat, il semble se complaire dans sa routine, au dessus du panier certes, le riffing est bon, la construction cohérente, mais pas suffisante pour marquer l’évolution.

Agape reprend les choses là où .neon les avait laissées, sans aller plus loin, tentant de radicaliser le propos avec un son plus rêche, plus agressif. Les pistes s’étirent sans créer la langueur contemplative que provoquait, et provoque encore le genre, et en définitive, parvient difficilement à tirer son épingle du jeu, un peu trop noyé par son manque d’ambition, sans pour autant se fourvoyer dans la facilité. Alors, comme le veut le code indispensable de la synthèse shoegaze/post-black, nous trouverons ici des acoustiques qui embrassent les distorsions, moments d’accalmies et instants agressifs, le tout servi sur fond d’atmosphères aériennes, équilibrées entre asphyxie et légèreté, mais rien de transcendant ou d’original à l’horizon.
On fait de l’œil au black metal par sa voix criarde et déchirante, on tombe clairement dans les prémices du Alcest actuel avec Kalte Tage, bref, on tape dans le bon mais dans de l’impersonnel, et c’est ce manque de personnalité inattendu qui terni l’émotion, sans la saper pour autant.

En somme, Agape n’est pas une catastrophe, mais il ne correspond pas ou plus aux attentes réelles et légitimes des amateurs du groupe.
Un énorme ‘peut mieux faire’, en attendant la suite.

1. Intrauterin
2. Bliss
3. Bloody Lips & Paper Skin
4. You Feel Like Memories
5. Eribo – I Collect the Stars