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Équilibriste invétéré, bourreau de travail et investigateur de multiples projets sans lendemain, Uli Kusch fait parti de ces musiciens exceptionnels, reconnus pour leur activité dans un groupe majeur puis cherchant vainement une glorieuse porte de sortie suite à leur éviction.
Lâchement mis de côté des rangs d’Helloween au profit du non moins talentueux (et brute) Dani Löble, Uli fut l’artisan principal avec son compère Roland Grapow (ayant subi le même sort) de la réussite du navire Masterplan. Mais, sans raison apparente, alors que le groupe voguait en pleine gloire, l’oiseau fut happé en plein vol avec les départs successifs du téméraire Jorn Lande et d’Uli, décidé à aller voir ailleurs. Très rapidement, deux projets émergent dans son esprit…Ride the Sky, qui ne verra le jour qu’en 2007, aux côtés du talentueux vocaliste Björn Jansson, ainsi que le groupe qui nous intéresse dans le cas présent…ce joli pêché (« Beautiful Sin »).
Autant être clair dès le départ, Uli a mis toutes les cartes dans sa main pour réunir un line up de feu composé de tueurs, tout en offrant le poste de vocaliste à la jeune Magali Luyten, connue également pour ses travaux avec Virus IV. A ses côtés, le guitariste virtuose et génial Jorn Viggo Lofstad (Pagan’s Mind) avec, par la même occasion, son bassiste. Aux claviers, on retrouve une nouvelle tête connue puisqu’il s’agit Axel Mackenrott qui s’en charge, exilé de Masterplan également pour l’occasion, laissant Roland seul dans ses doutes (qui seront levé avec l’excellent MK II soit dit en passant).
Si sur le papier, ce genre de « all star band » ne donne que rarement des choses concluantes artistiquement parlant, Beautiful Sin s’extirpe intelligemment de la masse avec un premier et unique opus marquant, original, puissant, inspiré et purement ravageur.
Si réussite il y a, on peut clairement l’imputer à Magali qui offre une dimension très forte aux compositions, grâce à un chant puissant, rauque et rageur, largement plus viril et agressif que la grande majorité des chanteurs power du moment. Second facteur jouant en la faveur des allemands/norvégiens/belge, la présence d’un guitariste aussi intelligent que Viggo, disposant d’un son de guitare pachydermique, épais et reconnaissable entre mille (sa patte à la Pagan’s Mind est directement identifiable). Dès "Lost", l’épaisseur du son écrase littéralement l’auditeur sous un mur sonore dense et écrasant, sans jamais s’enfermer dans un rendu trop brut rêche, ni tombé dans l’acidulé insupportable. "Lost", mid tempo lourd à souhait, aux claviers discrets, se repose uniquement sur ce riff unique et simple mais incroyablement efficace, mis en exergue par cette voix gracieuse et chaude, accompagnée par la voix ténébreuse d’Uli, occupant des chœurs démoniaques en toile de fond.
Mais si l’ensemble reste très sage sur ce premier morceau, il suffit de plonger dans une composition comme "Metalwaves" pour s’assurer que le groupe ne se refuse rien. Une introduction grandiloquente aux claviers instaurant une touche épique, un travail titanesque de toms derrière la batterie(le son de caisse claire est simplement jouissif), un riff dantesque et divinement heavy et Magali, s’arrachant sur des couplets très sombres avant d’installer une pointe de mélodie sur la superbe envolée d’un refrain toujours surplombé des baking vocals sombres et syncopés d’Uli. Parfois proche de Doro, modèle du genre, Magali dispose cependant d’une personnalité propre qui tire irrésistiblement "The Unexpected" vers le haut, tendant à le sortir de la masse d’albums insalubres et inutiles empoisonnant le style. Plus catchy, "Take Me Home" et son intro à la Stratovarius surprend une nouvelle fois des capacités de la belle, bien plus mélodique sur les couplets avant de se lancer dans un refrain simple, beau et entêtant de pur power mélodique comme il est difficile de s’en défaire une fois installé dans une partie de votre cervelet.
Beautiful Sin n’hésite pas non plus à voguer vers des horizons plus proprement musicaux, expérimentant dans des morceaux instrumentaux. "Brace for Impact" subjugue par son approche avant-gardiste des claviers, parfois presque proche d’un Jean Michel Jarre, très futuristes et spatiaux, et surtout l’utilisation d’une basse électronique, intronisant un univers très personnel et étrange à la composition, majoritairement menée par les claviers et une batterie intenable. Plus planante et atmosphérique, la chanson éponyme se veut également être instrumentale…
Le groupe semble se faire plaisir mais n’avoir, pour une fois, montré une adaptation incroyable entre les musiciens pour en tirer le meilleur parti musical, créer un ensemble cohérent et solide sans que personne ne se mette ostentatoirement en avant. "The Spark of Ignition", solide et heavy, ou le single en puissance "This is Not an Original Dream", mélodique en diable, démontrent que la technicité des musiciens a été mise au profit de la musique et dosée au plus juste (le tout ne restant pas à la portée de tous, mais sans démonstration stérile). Quand à "I’m Real", il met en valeur plus que jamais la puissance ahurissante de la voix de Magali, impressionnante sur le refrain, et impériale sur des couplets sombres et inquiétants, aux ambiances malsaines distillées aux claviers.
Il est certain qu’à l’écoute de ce disque, n’ayant pas pris une seule ride sonore en cinq ans, et disposant d’une fraicheur inédite dans le paysage power mélodique actuel, on est en droit de se demander pourquoi Uli n’a jamais cherché à aller plus loin avec ce « one shot ». Ce n’est pas non plus Ride the Sky qui occupera ses esprits, tant le manque de promotion enfonça le projet dans une indifférence presque totale.
Ainsi, Beautiful Sin resta condamné à être considéré comme le énième projet d’un musicien hyperactif mais bien peu fidèle à ses créations, à l’instar d’un Timo Tolkki. A tort lorsque l’on se plonge dans la qualité de cet album, qu’il n’est cependant jamais trop tard pour découvrir…vous risqueriez d’être surpris…fait d’autant plus rare dans notre environnement musical actuel…
1. Lost
2. This Is Not the Original Dream
3. Take Me Home
4. I'm Real
5. The Spark of Ignition
6. Colser to My Heart
7. Give Up Once for All
8. Brace for Impact
9. Pechvogel
10. Metalwaves
11. The Beautiful Sin
Bonustrack (European Release)
12. Le Rêve Originel
