Chronique Retour

Livre

09 décembre 2014 - U-Zine

Nicolas Bénard

Metalorama : Ethnologie d'une culture contemporaine

LabelCamion Blanc
styleRecueils d'articles
sortiejanvier 2010
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Ethnologie d’une culture contemporaine…
Intitulé des plus ambitieux lorsque l’on entame l’histoire d’une culture rejetée en masse, invectivée voir même littéralement spoilée. En effet, évoquer le métal aujourd’hui n’est pas plus aisé qu’il y a 20 ans, et le spectre des préjugés et de l’incompréhension est tout autant, sinon plus, fort qu’il y a une décennie.

Après des livres plus spécifiques tels qu’Anthropologie du Metal Extrême, l’Anthologie du Metal ou encore Les Seigneurs du Chaos (sur Camion Noir), Camion Blanc édite un nouvel ouvrage ayant une vocation semblant plus large, plus historique et peut-être même plus politique, ne ciblant pas uniquement la frange musicale de la culture métal.
Ayant fait parler de son livre un peu avant sa sortie, l’auteur Nicolas Bénard aura cherché à créer l’intérêt autour de son ouvrage, afin de montrer un point de vue différent des livres du genre, même si certains écueils ne seront malheureusement pas évités. A commencer par une pochette un brin ridicule, singeant l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci avec un métalleux bardé de bracelets à pics, d’une bière, d’un micro, des cornes du diable et d’un corpse paint plus proche de Kiss que de l’horrifique black metal. Bref, pour le bon goût graphique, il est évident que l’on pourra repasser…

Passons ensuite au contenu. La lecture peut-être un peu déroutante de prime abord, une fois passé l’excellente préface de Robert Culat, puisqu’elle ne dispose pas de trame chronologique ou contextuelle. De l’aveu même de son créateur, le livre peut se lire dans n’importe quel sens, à partir du moment où il est basé sur une succession de petits articles détachés historiquement. Et là où l’on tient une liberté sans pareille dans un livre, on y perd également en intérêt, puisque l’on peut allègrement sauter les pages sans que cela ait une incidence sur le livre.
On est clairement plus dans l’anecdote que le scoop, et l’anecdote plus anecdotique que croustillante (bien que connaître le programme de masturbation du chanteur de Marillion où le plan de campagne de Chirac sur Europe en 1988 vaut son pesant d’or). On nous évoque la longévité du genre, de tels ou tels artistes, de l’arrivée du disque numérique sur le marché, on s’attarde beaucoup sur les médias et les groupes français de la première moitié des années 80.
On comprend d’ailleurs assez bien le pourquoi de l’écroulement de cette scène menée par les Sortilège, Blasphème ou autre Satan Jokers, alors imbu de leur personne, égocentrique et convaincu d’être bien plus génial qu’un Metallica ou un Maiden. Il est d’ailleurs amusant, à l’heure de la reformation explosive mais plein de modestie de Satan Jokers, de lire ce que les membres de l’époque pouvaient dire, notamment que si eux splittaient, le genre n’avait plus d’avenir et que le métal, d’ici 88 ou 89, n’existerait déjà plus. On connait tous la suite…

Néanmoins, le véritable problème de l’ouvrage vient probablement de sa cible. Car, trop anecdotique pour le néophyte (qui n’aura probablement pas plus envie d’aimer ou écouter le style s’il n’aime pas), il se révèle bien trop large et avare en véritables nouveautés pour apprendre quoique ce soit à l’auditeur un tant soi peu expérimenté. Il est même parfois déstabilisant de retrouver des phrases présentes dans les biographies de Camion Blanc (Iron Maiden, Metallica, Mötley Crue…) dans le bouquin…du coup, la sensation de redite est encore plus forte.

« Metalorama » s’affiche finalement plus comme une compilation d’articles, d’anecdotes, de dates et d’évènements que comme un ouvrage complet et exhaustif. Il peine à accrocher le lecteur pleinement, à le faire plonger dans la tourmente, la gloire, les douleurs ou les joies du métal, que ce soit musicalement, conceptuellement ou même de la vision d’un fan. Tout parait trop neutre et stoïque, à l’instar d’un journal, sans plume spécifique et personnalité propre.

Il en reste un bouquin sympa…mais qui une fois lu et terminé, ne ressortira pas forcément de l’étagère où il trône…

Pas de sommaire

Photos
Les autres chroniques