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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Superfiz

Superfiz

LabelPervade Prod
styleHard / heavy à la française
formatAlbum
paysFrance
sortiemai 2011
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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Quand j'ai lu le nom du groupe Superfiz, mon esprit malade n'a pas pu s'empêcher de penser à François François et son (Super)Whizz. Et puis en voyant le regard noir des membres du groupe sur leurs photos promo, je me suis dit que pour leur faire prendre la pose, on avait du leur dire : « pensez aux gens qui vont dire de grosses conneries sur votre nom et faites leur passer un message ». Message reçu. Ce groupe français sort chez Epiphora son premier album et cherche à attirer le regard avec un visuel qui s'inscrit dans les codes du genre : un symbole que l'on pourrait retrouver sur la calandre d'une grosse cylindrée avec pour mettre un côté ésotérique le dessin d'un oiseau inspiré des géoglyphes de Nazca au Pérou. Ça sent la testostérone et la chaleur du heavy métal avec l'utilisation du noir et de couleurs chaudes comme le jaune et le rouge. En clair, on sent le bouillonnement qui n'attend qu'une pression sur la touche lecture pour sortir.

Et en sortiront quatorze titres, en très grande majorité chantés en français. Le son est globalement bon et les guitares rentrent dedans comme il se doit sur un disque de hard / heavy. Car en effet nous sommes dans un style qui touche le rock mais aussi déborde sur un style plus métal. Et le premier indicateur que l'on prendra en compte c'est la durée moyenne des titres qui ne dépassent guère les trois minutes trente. On a à faire à une musique qui ne s'étale pas en circonvolutions. Superfiz privilégie l'énergie et fait appel aux tripes plutôt qu'aux méninges.

L'homogénéité soulignée sur la durée n'est pas valable pour les tempi. De ce côté-là, on joue les montagnes russes, du premier titre Le Long des Villes qui fait démarrer l'album à fond; on passe à des rythmiques plus posées et écrasantes sur Démocratique Dictature, deux chansons plus loin. On pourrait recommencer cette analyse un peu plus loin. Tout dépend de l'histoire à raconter : Ta Voix Tombe Dans Le Silence, titre plutôt power balade raconte une histoire qui s'apparente à un drame, ou encore Tu Rêves Encore du Rif, histoire d'un Africain déplacé en France pour y trouver une vie meilleure qui peine à venir, racontée sur une musique entre rythmes groovy qui peuvent nous amener sur les rives sud de la Méditerranée et une guitare pesante. Superfiz essaye au maximum de rendre l'esprit de la musique cohérent avec celui des paroles, ce qui apporte une vraie diversité sur l'album puisque si l'on peut trouver des thèmes favoris (la contestation, l'oppression des peuples, la rébellion, l'impasse dans laquelle se trouve l'Humanité, nous quoi, pas le journal).

Côté musical, c'est donc plutôt bien ficelé et l'on passe du hard rock pur sur Je Ne t'Appartiens Pas (titre qui ne soulève pas les foules à mon humble avis) au heavy presque thrashisant du Le Long Des Villes, soutenu par un batteur qui a officié dans Zuul Fx et qui donc sait de quoi il parle. Les guitaristes ne laissent pas passer leur tour et nous gratifient de quelques soli courts mais denses. On notera la présence d'effets électroniques par ci par là comme sur Living.

On ne peut pas parler de cet album sans s'arrêter un instant sur le chanteur Pierre Benvenuti. Si l'on en croit les recherches sur internet, ce frontman est apparu au casting de la comédie musicale Notre Dame de Paris, et on sait que ce genre de productions est assez exigeante côté musiciens. En conséquence, le chant s'inscrit dans une mouvance très rock. Une personne qui a écouté l'album de loin a même comparé certaines parties avec du Johnny. A y regarder à deux fois, le timbre est parfois proche mais on ne marche pas sur les mêmes plate-bandes. Il est puissant sans passer par les aigus souvent utilisés dans le hard rock, grave sans trop tomber dans le grognement et agressive sans être extrême (comme sur Bad Trip). Un seul regret, l'utilisation parfois à tout-va de trémolos comme dans Démocratique Dictature. D'un autre côté, il sait aussi relever des chansons qui pourraient sembler un peu fades.

On passera assez rapidement sur le contenu des paroles. Ont été évoqué plus haut les thèmes, plutôt de société. Les paroles sont donc toutes en français à l'exception du dernier morceau Living. Le risque de chanter dans sa langue natale est bien sûr de s'exposer aux critiques. Mais chacun appréciera les mots choisis. On ne tombe jamais dans la vulgarité, ni dans les paroles inaccessibles, ici c'est comme la musique : rentre-dedans, simple et efficace. Le groupe privilégie un accès direct.

C'est d'ailleurs ce que l'on dira pour conclure. Superfiz propose un album qui ne nécessite pas un grand nombre d'écoutes pour profiter de la musique hard / heavy qu'ils proposent. L'expérience de certains de ses membres dans des groupes qui ont marqué la scène française comme Satan Jokers se sent dans la composition. On sent la marque traditionnelle de l'Hexagone, style qui avait créé une véritable identité nationale à son époque. On est heureux de voir que ce style n'est pas tombé en désuétude et qu'il est encore représenté au jour d'aujourd'hui. Alors, fans de hard rock, jetez une oreille sur Superfiz, vous ne le regretterez pas.

01 - Le long des villes
02 - Sex and Love
03 - Démocratique dictature
04 - Je ne t'appartiens pas
05 - Tu rêves toujours du Rif
06 - Le monde encore
07 - Glisser en toi
08 - Le vent du soir
09 - Bad trip
10 - Ta voix tombe dans le silence
11 - La fin du monde
12 - Le même prix
13 - Rien à perdre
14 - Living