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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Elvenking

Red Silent Tides

LabelAFM Records
stylePower folk
formatAlbum
paysItalie
sortieseptembre 2010
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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Evolution. Terme obsolète étant devenu le plus couramment utilisé pour ne rien dire et signifier un vide existant, l’évolution est le propre de l’homme ainsi que sa propre création. Mais, dépourvu de son apport indispensable, il est devenu le fruit d’une volonté de désigner une innovation et des éléments supplémentaires à un corps ou une expression, en oubliant le fondement même d’un mot évoquant autant le changement salutaire que péjoratif, voir même la stagnation la plus pure. Ainsi, tout est évolution…l’art est évolution, la vie devient évolution…et dans ce sens, l’ensemble de la musique évolue…

Bien étrange finalité que cette introduction…

Donc…Elvenking évolue et les fans s’accordent pour dire que le Elvenking d’hier et d’aujourd’hui ont, en outres d’ancrages immuables à travers les années, des disparités les séparant inéluctablement et de plus en plus. Néanmoins, il est de bon ton de prendre le terme avec des pincettes tant tout ceci fut progressif dans le temps, les italiens choisissant, à l’inverse de nombres de leurs compatriotes, d’épurer leur musique et de la rendre plus mélodique et directe, préférant ôter le superflu et aller à l’essentiel.
Si l’on décelait facilement de nombreux éléments folkloriques dans leur expression, il n’en est aujourd’hui plus rien, préférant élaborer un concept visiblement relativement ambitieux, à l’instar du très réussi "The Scythe" (la sublime pochette en moins, celle-ci étant plus artistique et proche d’un tableau, très cohérente avec le fond).

Concrètement, "Red Silent Tides" ne bouleversera rien ni personne sur la scène italienne, européenne ou mondiale du métal dit mélodique, loin s’en faut. Exécuté de manière des plus convenables, Elvenking possède ce complexe malheureux qui semble ôter toute forme de personnalité à son créateur. La différence se situerait plutôt dans le fait qu’Elvenking n’est ni un clone ni un ersatz d’un autre groupe mais plutôt un combo dans le ventre mou du power mélodique actuel. On ressent du Edguy, du Helloween, du Machine Men (surtout vocalement) voir du Sonata Arctica première période (en moins speed) sans réellement pouvoir dire si cela ressemble plus à untel que untel…mais sans pouvoir non plus en déduire qu’il s’agit de la personnalité des italiens (dont leurs confrères de Vision Divine semblent être une bonne influence également).

Ce tempo rapide sur "Dawnmelting" ne serait-il pas une cavalcade typique de l’école scandinave ? Plus particulièrement finlandaise ? Dans laquelle on retrouve ces claviers légers et kitsch, ces riffs de guitares rapides, fin et enlevées et surtout cette voix, douce et qui, comme un appel au rêve, préfère jouer la carte de la chaleur plutôt que la technique. Il en ressort une énorme accessibilité, une grande mélodicité et douceur, peut-être trop, notamment dans cette utilisation de samples folks très légers mais apportant un aspect irrésistiblement téléphoné et lisse, poli à l’extrême…en découlant un impact inexistant.

Néanmoins, l’album s’écoute avec un grand plaisir, même si l’on ne reviendra pas systématiquement vers ce disque flirtant parfois malencontreusement avec un métal si mélodique qu’on y croiserait des éléments pop ("The Last Hour" au refrain certes sublime mais aux couplets parfois affligeants de simplicité et de niaiserie). Dans l’optique inverse, "Your Heroes are Dead" délivre la plus haute dose de testostérone du disque avec un rythme bien plus speed et un riff plus appuyé que la moyenne, même si constamment parsemé de passages acoustiques au violon (le groupe dispose de deux violonistes) qui tentent de garder un lien avec le passé. Néanmoins, c’est dans ce type de compositions, que Damnagoras parvient à créer une dynamique très intéressante avec ses lignes vocales, plus personnelles et créatives (et ce joli solo bien agressif).
Là où "Silence de Mort" (en français dans le texte) se veut plus épique, sombre (les orchestrations de cuivres…) et peut-être plus symptomatique du talent des italiens, "Those Days" se révèle un peu plus dépitant de stérilité, entre un riff hard rock ridicule et une ambiance à des années lumières du reste de l’album. Ni fun ni réussi…

C’est au final tout le problème de ce "Red Silent Tides" qui ne parvient pas à créer une homogéité et une cohérence dans son propos, mélangeant tout et n’importe quoi dans un melting-pot où l’intéressant côtoie le bon, le traditionnel et le franchement raté. Elvenking reste embué dans un univers conventionnel qui, sans offrir de rêves ni d’espoir sur un quelconque avenir original tout en laissant les italiens dans un ventre mou dont ils ne sortiront désormais probablement jamais. A écouter par curiosité, lorsque, dans une soirée d’automne, le cœur serré de la grisaille désirera une petite dose de positivisme et de fraicheur qu’Elvenking se fera un plaisir de véhiculer.


1. Dawnmelting
2. The Last Hour
3. Silence De Mort
4. The Cabal
5. Runereader
6. Possession
7. Your Heroes Are Dead
8. Those Days
9. This Nightmare Will Never End
10. What's Left of Me
11. The Play of the Leaves

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