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Album

24 juin 2019 - S.A.D.E

Mammoth Storm

Alruna

LabelArgonauta Records
styleDoom Metal
formatAlbum
paysSuède
sortiejuin 2019
La note de
S.A.D.E
6/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

En voilà un que j'attendais ! Fornjot, le premier album des Suédois de Mammoth Storm, m'avait fait forte impression à sa sortie (et s'est même bonifié avec le temps), hors de question donc de passer à côté de la suite. Portant le nom d'Alruna, ladite suite sort chez Argonauta Records en ce mois de juin 2019. Alors que le trio était signé chez le fourre-tout que devient (a toujours été ?) Napalm Records, le voilà qui navigue à présent sur un navire plus petit mais nettement plus spécialisé.

Et ce changement de label est à peu près la seule nouveauté qu'apporte Alruna. Des graphismes un peu naïfs de la pochette à la production en passant par les compos en elles-mêmes, Mammoth Storm stagne complètement. Étant donné qu'Alruna est seulement leur deuxième album, le terme "stagner" peut paraître un peu exagéré, pourtant il n'en est rien : certains passages de l'album semblent être des chutes de Fornjot tellement on y trouve de similitudes. Premier point de ressemblance : le chant. Forcément, Daniel Arvidsson garde son timbre rugueux et profond, difficile de surprendre là-dessus. Mais là où le bât blesse, c'est que les lignes de chant elles aussi semblent être les mêmes que sur Fornjot. Le phrasé, avec les dernières syllabes de chaque vers étirées, est une redite totale et quasi-constante sur l'album. Le morceau titre est presque caricatural à ce niveau-là : on peut presque retrouver toutes les parties chantées du titre sur les morceaux de l'album précédent (modulo les paroles, bien sûr). Shores of The Dead, avec son pont habillé d'un chant plus guttural, quasi growl, est le seul morceau où le chant vient réellement apporter un peu de fraîcheur (de fraîcheur un poil morbide, entendons-nous bien).
L'autre grosse sensation de déjà vu vient de la section rythmique. Prenez le début Raven Void : rythmiquement, on retrouve à peu de choses près le pattern qui construit le morceau Horns of Jura. Et au jeu des sept erreurs, on finit par repérer pas mal de cas similaires tout au long de l'album, ce qui a un côté un peu frustrant à l'écoute.

Heureusement, on trouve quand même quelques très bons riffs et arrangements à se mettre sous la dent, Mammoth Storm n'a perdu son savoir-faire ni sur les leads qui vous emportent, ni sur les riffs massifs prompts à chatouiller les viscères. Giants, le premier titre, même s'il est immédiatement attribuable aux Suédois pour qui connaît déjà leur musique, n'en reste pas moins plein de bonnes idées : petits effets étranges sur les guitares, soin apporté aux détails et aux transitions, construction progressive et bien amenée, le morceau a tout pour lui. Aux contraires des rythmiques, les leads sont bien plus variés, ce qui permet quand même à Alruna de tenir la route sur la durée et de ne pas n'être que du 100% réchauffé. On en trouve sur chaque titre, tout le monde aura son favori, les miens se trouvent sur Giants et Raven Void. La production est aussi indéniablement un point positif : certes on est encore une fois dans les plates-bandes de Fornjot, mais impossible de rechigner pour de vrai là-dessus : quand le son est aussi ronflant et douillet, je ne peux pas faire le difficile. Et puis même si elles ont un air de déjà entendu comme je le soulignais plus haut, des rythmiques avec un son pareil, ça ne se refuse pas.

Alruna est un peu agaçant. Pas mauvais, on y retrouve beaucoup de la capacité de Mammoth Storm à offrir quelque chose d'assez personnel, de très efficace et de jamais vraiment ennuyant. Problème : le terrain de jeu que s'est autorisé le groupe semble un peu réduit ou alors ils n'ont pas osé/réussi à en agrandir les frontières. On sent bien quelques pointes d'audaces furtives çà et là, mais trop souvent plane cette sensation de redite frustrante. Imaginez : vous êtes plongés depuis quelques minutes dans un bain bien chaud et voilà qu'on vous balance l'eau de la veille vaguement tièdasse sur la tronche. Et bien c'est exactement l'effet que procure Alruna, pas hyper agréable, vous en conviendrez. (OK, cette comparaison finale est pétée mais j'ai pas mieux, c'est tout pour moi, merci.)

 

Tracklist de Alruna :
01.Giants
02.Alruna
03.Shores of The Dead
04.Raven Void
05.Atra Mors

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