Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Guilt Machine

On This Perfect Day

LabelMascot Records
styleRock / Metal Progressif
formatAlbum
paysPays-Bas
sortieaoût 2009
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Dans la famille « j'ai un talent fou », je voudrais le cousin Hollandais, Arjen Lucassen. Bonne pioche ! Et oui, les compositeurs capables de mener plusieurs projets de front sans jamais s'épuiser forment un « happy few » dans lequel on retrouve des noms comme Devin Townsend ou Mike Portnoy pour n'en citer que deux. Le projet phare de Lucassen est bien sûr Ayreon, un space opera avec un casting qui ferait pleurer n'importe quel fan de métal mélodique et progressif. Mais comme c'est un homme mesuré et plein de bon sens, il a décidé de faire un break pour éviter la lassitude. Un break avec Ayreon pas avec la musique. Et le voilà de retour avec Guilt Machine, dont l'inspiration principale est : Ayreon. Mais pourquoi alors se casser la tête à faire un album qui a la couleur et la saveur mais qui n'en est pas ?

Mais voilà, le lineup est bien différent et Lucassen a embauché un ex membre de Stream of Passion à la guitare et un ex Porcupine Tree à la batterie. Quant au chant, c'est le vocaliste d'un groupe Belge de rock alternatif, Arid qui prend le poste. On remarque déjà une certaine modestie dans la composition du groupe tout en ne transigeant pas sur la qualité. Maintenant ce qu'il manque c'est un concept. Et tout commence par un coup de fil sur le premier morceau Twisted Coil. Un appel à contribution a été effectué, afin que des poètes en devenir de tous pays puissent s'exprimer sur cet album. Il y a donc une courte phrase par-ci, par-là en français, en espagnol et dans de nombreuses langues exprimant leur point de vue sur la mort, la mélancolie, le monde.

Et de la mélancolie, il y en a à la pelle sur cet album. Attendez-vous à une tartine de tristesse au long des six titres et de la cinquantaine de minutes que durent On This Perfect Day. On sent souvent que les émotions s'accumulent avec des parties en arpèges, avec de l'écho, du piano et une voix tantôt modifiée, tantôt douce, et tout ceci jusqu'au trop-plein et à l'explosion de la distorsion. Sans tomber dans la rage, les parties métal sont denses et typiques du travail effectué par Lucassen. On a parfois l'impression d'un feu d'artifices, pas vraiment rapide mais avec de magnifiques couleurs et en sons, comme sur Green and Cream.

La longueur des titres donne un indice sur le déroulement des morceaux : le groupe va prendre son temps. Et parfois un peu trop, les ambiances sont tellement travaillées que l'on tombe parfois dans une torpeur qui nuit un peu à la dynamique de l'ensemble. On se laisse volontiers porter par le jeu tout en finesse de Chris Maitland à la batterie et surtout les mélodies aériennes de Lori Linstruth à la guitare. Sur Perfection ?, presque rien ne démarre avant la moitié du morceau autour de cinq minutes, et ce n'est pas un cas isolé. La construction en crescendo finira par vous réveiller, mais on aura un peu perdu de l'attention qui est due à cet album envoûtant.

Les ressemblances avec Ayreon sont troublantes parfois, comme sur Over dont les premières notes et l'ambiance rappellent Connect the Dots sur 01011001. De plus, Lucassen vient parfois épauler son chanteur et brouille les pistes, on a encore plus de mal à ne pas faire la comparaison. Les fans ne sont pas déroutés et les néophytes se paient le luxe d'une introduction en douceur au savoir-faire du maître. Bien sûr, Jasper Steverlinck suffit à créer une vraie différence, avec une capacité vocale incroyable, certains y détecteront un peu de Freddy Mercury, mais toucher à une légende est un pari risqué ! Sans lancer un pavé dans la mare du rock progressif, Lucassen et sa Guilt Machine explorent une musique et une façon de composer plus simple, tout en campant sur ses positions d'instrumentaliste varié et pointilleux. On This Perfect Day va faire mouche c'est sûr, pour sa densité métal (Season of Denial), par son côté planant et triste (Leland Street) et surtout l'émotion qu'il dégage. Avec un tout petit peu moins de tergiversations, la perfection aurait été atteinte, mais je vous le recommande chaudement.

01. Twisted Coil - 11:43
02. Leland Street - 08:04
03. Green And Cream - 10:33
04. Season Of Denial - 10:22
05. Over - 06:12
06. Perfection ? - 10:47