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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Anthropia

The Chain Reaction

Labeladarca records
styleProg Heavy Metal
formatAlbum
paysFrance
sortiefévrier 2009
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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En ce qui concerne la création progressive et métal, la France est plutôt bien pourvue et la réputation de formations comme Adagio, Spheric Universe Experience, Elvaron, n'est plus à faire. Alors quand Anthropia investit la scène avec leur premier album The Ereyn Chronicles en 2006, il leur faut taper fort pour que l'on se souvienne d'eux. Et la critique sera marquée plus positivement, et c'est donc avec un certain sentiment d'anticipation que l'on découvre The Chain Reaction, enregistré dans le sud de la France (à Nice pour être précis sous la houlette de F . Merle de Manigance) et masterisé comme il se doit par Tommy Hansen. Donc coté son, ça commence pas mal du tout. Anthropia, ou devrais-je dire sa tête pensante Hughes Lefebvre, s'est aussi fendu d'un concept mystique et fantastique. Une histoire d'âme qui ne veut plus remplir son devoir et s'affranchit de ses donneurs d'ordre, sans savoir qu'elle va mettre en péril l'humanité entière. N'est pas libre qui veut en quelque sorte.

Et cet habile enchaînement me permet de vous parler du revers de la médaille dans un concept surtout à tendance prog :il y a des passages obligés. Une histoire fournie avec de multiples développements nécessite une variété d'effets et de moyens : intro, épilogue, voix féminines, choeurs, growls, narration avec des tonnes d'effet et même une partie en français sur le dernier titre Breeze in the Leaves. Ces effets sont aujourd'hui bien connus et sont anticipés par la plupart des fans. Anthropia n'échappe pas à la règle et s'en sert à de nombreuses reprises. La bonne nouvelle est qu'ils ne dénaturent en rien leur musique et que bien au contraire, ils l'enrichissent, car le plus important, c'est tout ce qui se passe derrière et qui reste terriblement métal : sur Trinity (The New Consensus), le morceau démarre en utilisant quelques chœurs mais la structure reste alambiquée et à base de guitares et surtout le riff principal vient écraser le tout avec ses couches multiples. Au final on se retrouve plutôt avec un millefeuilles appétissant qu'un patchwork de seconde zone.

Un des éléments déterminants de cet assemblage est la présence prégnante du claviers, que ce soit en nappes ou bardé d'effets, il est incontournable. Pour un concept mystico-surnaturel il est l'allié tout désigné des musiciens, et aide surtout à densifier les atmosphères et parfois même se sent pousser des ailes sur le solo de The Altar of Trust, tout bonnement excellent. Mais il ne cache en rien l'instrument joué par le chef de file du groupe : la guitare. Car Anthropia ne laisse jamais de côté son identité métal, si l'on excepte l'épilogue, chanson un peu faiblarde, limite balade que l'on zappera aisément. De bout en bout, vous allez avoir de nombreuses piqures de rappel : ici se jouent du gros son, on va même jusqu'à sentir la touche de la scène guitar hero moderne et barré à la française sur un titre comme Take Me Home et son riff un peu tordu, plus léger et presque plus rock que le gros heavy développé ailleurs. Il y a même le délire néoclassique sur A Night at the Opera, court mais intense, juste histoire de ménager une transition. On pourrait presque dire que l'album est construit en sinusoïde : on grimpe dans le métal et on redescend dans le calme, que ce soient acoustique ou chanson plus posée comme The Torn Off Wing of the Butterfly, pour venir sur une gros morceau qui résume le tout : The Tree of Life.

Dans un autre registre, la voix de Hughes me fait penser à Heavenly, et le reste de la musique s'en rapproche parfois. Mais pas question de voir une filiation entre les deux formations car Anthropia a deux voix : homme et femme. Ils se partagent le champ d'action assez pertinemment à défaut d'être parfaitement équitable. Le tout n'est pas désagréable, surtout que les autres musiciens savent s'imposer aussi : la basse donne le ton sur Whipping Soul, la batterie s'emballe sur A New Self. Et même si ces deux instruments se font plus discret sur le reste de l'album, ils pèsent par leur présence, mais lorsque l'on fait partie d'un groupe créé par un guitariste, forcément il est plus dur de réclamer une place au premier plan.

Nous devons aussi nous rendre à l'évidence quant au public que peuvent toucher les Français : une groupe technique et mélodique avec une chanteuse et des claviers bien présents ça n'est pas un appel aux fans d'autres genres de métal. The Chain Reaction est très bon mais reste cantonné dans une boîte un peu étroite à mon goût, ce qui rend la concurrence plus difficile à mettre de côté, tant le genre est spécifique. Mais pour rendre honneur à cette conclusion qui ne se veut pas triste, The Chain Reaction arrive au bon moment pour combler les fans de cette scène prog métal avec de grosses racines heavy que l'on sait entretenir dans l'Hexagone. Anthropia a su montrer des qualités de composition et d'exécution et le chemin suivi par le concept montre qu'ils sont aussi capables de se sortir avec un certain brio d'un genre où les pré-requis sont énormes. Restent qu'ils doivent maintenant se renouveler et peut-être se dédouaner de l'histoire pour se focaliser sur la musique, mais ça, seul l'avenir nous le dira.

01 - Incarnation (Prologue)
02 - A New Self
03 - Whipping Soul
04 - The Torn Off Wing Of The Butterfly
05 - Take Me Home
06 - The Night At The Opera
07 - The Altar Of Trust
08 - Those Days Are Always Rainy
09 - Trinity (The New Consensus)
10 - The Tree Of Life
11 - Breeze In The Leaves (Epilogue)

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