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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Havok

Being and Nothingness

LabelVicisolum Productions
styleDeath Suédois
formatAlbum
paysSuède
sortiefévrier 2009
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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On ne peut que se demander à quelle sauce on va être mangé lorsque l'on voit que Havok s'est inspiré d'un des premiers textes écrit par le philosophe Jean-Paul Sartre : l'être et le néant. Surtout lorsque l'on la difficulté d'aborder ce penseur, on se retrouve devant une interrogation quasi métaphysique : comment vont-ils répercuter cette référence sur leur musique ? Oh je vois votre œil malicieux à l'idée de la céphalée qui a attaquée votre serviteur avant même d'avoir appuyé sur le bouton de lecture. Et bien pas de chance lecteur sadique, la musique de Being and Nothingness se trouve à des kilomètres de la prise de tête que j'avais anticipée ! Il s'agit là du premier véritable album des Suédois après trois démos et on sent qu'ils ont fondé de réels espoirs sur cette sortie, en y mettant tout le professionnalisme dont ils sont dotés. On notera que cinq morceaux sont directement repris de leur dernière démo : Apathy Esplanade.

J'ai eu un peu de mal à relier les éléments constitutifs de cet album et le format proposé par le distributeur n'aide pas encore une fois. On a déjà évoqué le titre inspiré par un ouvrage philosophique. On pourrait aussi parler de la pochette aussi mystérieuse qu'ouverte aux interprétations : un homme en costard se tenant droit et à la place de sa tête, un arbre. Symbiose ? Transformation ? Énigme de la nature ? Ramification de la pensée et des origines de l'Homme ? Métaphore de l'esprit ? On pourrait en écrire plusieurs pages, voire le donner au bac sans pour autant trouver une explication définitive. Et lorsque l'on s'intéresse aux titres des chansons, on se sent encore plus éloigné des fondements posés par le visuel : en parlant de mousson, de titres aux sonorités orientales, s'oriente-t-on vers un concept ? Et bien non, rien de visible de ce côté-là. On pourrait presque regretter que Havok ne crée pas une unité autour de sa musique qu'ils définissent comme sophistiquée.

En fait, leur auto-définition est « Sophisticated Killing Machine », un peu pédant, non ? Et pourtant Havok donne dans le très gros death suédois. C'est plutôt bien brutal, mais comme ils ont mis un adjectif qui les placerait dans le monde original de la sophistication ils sont bien obligés d'en faire un peu plus, non ? Alors au delà de la rapidité et de la puissance dégagées, Havok cherche le détail qui sonne et approche l'écriture de leurs morceaux avec le soin de proposer aux auditeurs un produit qui ne soit pas que connu pour dérouler des blasts non-stop pendant plus de cinquante minutes.

Ça va commencer par une introduction Avaye Penhan, courte mise en bouche à base de voix d'ambiance et d'instruments à cordes. On pourra aussi parler de l'instrumentale Dialogue with the Sky, étrangement longue et monotone pour un album de cette trempe : une longue partie de piano répétitive et inquiétante, qui coupe l'élan donné par le reste des titres, et met l'auditeur mal à l'aise ou l'ennuie selon votre tolérance aux instrus. Mais si l'on excepte ces deux pièces à part, le reste est sous le signe de la distorsion. A priori, on pourrait presque tirer une filiation avec Nile dans l'exploitation des concepts et le fond de la musique, mais Havok a un son plus froid parce que peut-être plus poli ou travaillé et laisse moins de places à l'ambiance. Disons que les Suédois pourraient se voir approcher d'Anata dans leur death implacable et parfois tellement mélodique qu'il en devient difficile d'accès : Paramount pourrait en être un exemple, avec ses harmoniques et sa technique poussée le tout enrobé de brutalité.

Quand ils poussent dans le riff death, Havok se révèlent de redoutables musiciens : A Pyrrhic Victory For Humanity contient de vrais moments de folie et se montre d'une densité incroyable. Sur presque tous les titres on pourrait faire un catalogue de riffs assassins. Le chanteur quant à lui, à défaut d'être très varié, possède un timbre grave et gras qui colle au genre. En fait, on se laisse vraiment surprendre par la construction des morceaux. Elle n'a rien d'extraordinaire en soi, mais alterne bien les parties rapides et agressives et les parties plus posées où les guitaristes vont pouvoir poser des soli et le batteur peut lâcher sa technique comme sur Iniquity où il propose un plan complexe presque de percussions à base de toms. D'ailleurs on finit presque par s'attendre à cette construction mais Havok a apporté tellement de soin à créer de la diversité dans ses morceaux que finalement on finit l'album sans avoir l'impression d'être passé deux fois au même endroit, même si les titres font bien leurs cinq minutes minimum, ce qui n'est pas rien pour un groupe d'extrême brutal (pensez au batteur, les efforts à produire pour autant de blasts !).

on se posera tout de même quelques questions sur les deux derniers titres: The Ambulant Plague of Humans et Season of the Locust qui m'ont semblés un peu à part côté son. Seraient-ils des rajouts ? On se sent presque sur un autre album, plus brut et moins dessiné que le reste surtout côté batterie où le trig ressort assez vilainement. Je chipote mais c'est mon rôle. Et puis au final Being and Nothingness pourra aller directement au cœur des fans de cet énorme death suédois que produit Havok, peut-être pas encore au niveau de cette machine dont ils se targuent être les maîtres. Ils sont bourrés de qualité, et si leur deuxième album pouvait user un seul concept jusqu'à la corde, m'est avis qu'ils marqueront les esprits une bonne fois pour toutes.

1.Avaye Penhan 01:20
2.The Monsoon 04:55
3.A Pyrrhic Victory For Humanity 06:25
4.Iniquity 05:30
5.Paramount 05:00
6.Monologue With the Sky 03:58
7.Century of the Deviant 08:01
8.Stormfeed 07:05
9.The Ambulant Plague of Humans 05:36
10.Season of the Locust 05:24

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