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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Tortuga

Kings of Albany

LabelLa Baleine
stylePost Hardcore spirituel
formatAlbum
paysFrance
sortiejanvier 2009
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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Ayant annoncé la couleur dès 2007 sur les fondements de November Coming Fire, Tortuga est un peu au Hardcore ce que le marteau est à l’enclume. À savoir, un savant et cérébral mélange de lourdeur, d’agressivité latente et d’enivrement narcotique à la rencontre du mathcore et du postcore, voir d’une palette incalculable de sous chapitres du rock passés par une combativité sans demi-mesures.
Slalomant entre différents us et coutumes peu accessible et parfois très peu légitime, Tortuga retourne les cerveaux sur cet album et nous sert un Kings of Albany gracieusement nonchalant, mais ayant oublié pour le moins d’être efficace. Un album que seul les habitués et les initiés au comptoir pourront apprécier et de préférence avec une sacrée dose de patience pour décortiquer les plans et les structures fournis par les Anglais.

Tortuga comme un homonyme de « torture » et de « tortue » au déballage de ce tout premier album et à la rencontre de l’ouverture « The Lachrymose », saule pleureur de la formation asseyant le groupe sur une surface pas tout à fait lisse mais bel et bien rectiligne. Une petite peur que viendra éclipser néanmoins les morceaux « Bury Me In You (Fatal) », « Dance Like No One’s Watching » ou encore le tempétueux « The Tomb of John Wortley ». Autant de sursauts et de ronds de jambes que l’on avait connu chez Tortuga avant une éventuelle reprise de ses expérimentations sur cet opus. Car essais et touches sonores viennent largement s’implanter sur cet album quasi-conceptuel. Le diptyque « Somethingness » et « Nothingness » illustrent d’ailleurs ces propos en imposant deux complaintes dispensables et ne jouant que très peu la carte de l’émotion et l’effet de surprise.
Tortuga perd un peu ici de sa superbe en s’embourbant à cette occasion dans des terrains que la formation maîtrise, mais que l’on ne pensait pas aussi pré-dominants sur les titres catchy de meilleur facture.
« The Landanum Boys Club » renoue néanmoins avec l’esprit plus avenant de la formation. La cadence et les pouls s’accélèrent pour retrouver un rythme de croisière revitalisant et c’est ce que l’on privilégiera sur la galette, contrairement aux effets de manches et aux expressions fines mais vulnérables. Fines par l’apport des guitares sur « Winter Windox », où celles-ci battent la mesure dans un simili-blues libéré grâce à l’apport sucré/salé des différents plans bien variés. Formulation délicate également sur « Something Blue », titre chamanique parachevant la lente progression des Britanniques ou encore l’ensemble des lignes dévertébrées de « Hell’s Red Roads » avec un chant en bout de course , mais toujours de bonnes guitares mettant un brin de folie et bariolant le tout à la manière d’une course poursuite digne de Speed Racer. Le côté antithétique des parties rythmiques et solistes en plus, marquant davantage l’album et lui conférant par la même occasion cet aspect inégal, mais paradoxalement bien monté et ficelé.

Avec leur propre territoire et laboratoire, Tortuga réussit en demi-teinte ce Kings of Albany, album difficile de discernement aux premiers abords, mais réel petit instrument de démonstration lorsque vient résonner les accords de beaucoup de chansons que l’on imputera à Amen Ra, voir plus singulièrement à Black Sabbath dans les contours d’interprétation. À l’image de leur dernière chanson, ce nouvel album est quelque peu inégal et mal équilibré. Truffé d’excellentes choses malgré la monotonie de certains titres, Tortuga fait force de proposition et le groupe se fait plaisir uniquement à travers son champ de vision. L’auditeur un peu moins, souvent resté en lévitation et ayant eu du mal à apercevoir la ligne d’horizon et la finalité de cette production.

1. The Lachrymose
2. Dance Like No-Ones Watching
3. Bury Me In You (Fatal)
4. Somethingness
5. The Laudanum Boys Cub
6. Nothingness
7. Winter's Widow
8. The Tomb Of John Wortley
9. Hell's Red Roads
10. Something Blue
11. This Lonely Sailor