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Album

13 février 2018 - Storyteller

Pestilence

Hadeon

LabelHammerheart Records
styleDeath Thrash
formatAlbum
paysPays-Bas
sortiejanvier 2018
La note de
Storyteller
8/10


Storyteller

Why not ?

Il y a des époques et des visuels qui marquent les esprits. Le tournant des années 90 a été une période prolifique pour le Death / Thrash, qu'il vienne du nord de l'Europe ou de Floride, on peut parler d'Âge d'Or. Alors retrouver des groupes de cette époque témoigne de la longévité et de la pugnacité de certains et surtout d'une affection du public pour leurs racines musicales (au mieux) ou le vintage (au pire). Pestilence, groupe Néerlandais qui a fait les belles années de Roadrunner (avec Sepultura, MachineHead ou TypeONegative), sort son huitième album, Hadeon, le premier en cinq ans, même si la période a été marquée par des lives et autres ressorties pour combler une absence ressemblant à un deuxième split.

Depuis le célèbre TestimonyoftheAncients (1991), le groupe a adopté un gimmick visuel et a bien compris que marquer les esprits passerait en premier lieu par les yeux. La sphère et la représentation de trajectoires (célestes) nous placent dans un monde ésotérique, pourtant loin de leur nom (Pestilence est un des cavaliers de l'Apocalypse). Elle est toujours présente sur la pochette de Hadeon entourée d'électricité dans une machine infernale en rapport avec le nom de l'album, une référence à un quark (particule élémentaire de matière). Viseraient-ils le prix Nobel de physique ?

A défaut d'ambitions scientifiques, ils maîtrisent leur sujet musical. Treize titres, calibrés autour de trois minutes, deux intros / titres d'ambiance dans cette liste, et une bonne dose de Thrash Death dès le départ de Non Physical Existent. Le groupe rentre rapidement dans le vif du sujet et ce qui marque dès les premières notes c'est l'efficacité des riffs sur une rythmique des plus simples. Pestilence veut marquer les esprits rapidement et ça fonctionne plutôt bien car ils ne contentent pas de lâcher les chevaux. De petites choses font la différence : des changements de rythme sur le « refrain », deux petits soli, des micro blasts et surtout ce sentiment de folie du Thrash.

Après cette entrée en matière viennent des morceaux montrant la palette du groupe : Oversoul, plus mid-tempo et alambiqué, AstralProjection et son vocoder par exemple. Un des aspects frappants d'Hadeon c'est la répétition de parties faisant penser à une alarme ou plutôt une alerte générale. Le riff de guitare de Multi-Dimensional par exemple sonne comme une sirène annonçant quelque chose de peu engageant. On pourrait presque retrouver ce mouvement de rengaine sur Materialization. Tout ça donne un côté glauque et presque angoissant, le message est efficace.

La majorité des titres reste sur une tendance Thrash Death de très bonne facture. On sait que le groupe est capable de distiller ça et là quelques touches plus progressives en touchant du bout du doigt des sonorités jazzy : quelques ponts, des transitions assez travaillés et alambiquées pour que l'on sente que c'est pleinement voulu ainsi.

Pestilence représente encore cet Âge d'Or du Death et la façon dont ils le jouent s'en ressent : le timbre de voix en est une belle image : écorché, pas trop grave, les rythmiques simples mais percutantes et des riffs dont on se souvient. On pourrait citer DiscarnateEntity comme exemple de cette recette, le plan central venant diversifier et donner un intérêt à l'ensemble. Le riff du refrain de Timeless, le départ de Manifestations à la basse, la folie de LayersofReality, tout ça donne envie d'entendre l'album en Live, car tout est fort et bon. Il est vrai que parfois on sent une certaine monotonie dans une partie des chansons, comme la première moitié de UltraDemons, jusqu'au plan hommage à Death (tant il en est proche).

On a donc un vrai plaisir à entendre Pestilence de nouveau, après un silence de quatre ans, il fallait marquer les esprits. Je ne pense pas que Hadeon devienne un album de référence mais on ne peut pas nier le fait qu'il contienne de vrais bons morceaux et qu'on aurait tort de passer à côté. Les sphères vont continuer à naviguer bien haut au firmament des groupes cultes du Death à l'ancienne (comme l'a si bien noté mon collègue Pamalach sur sa chronique de MorbidAngel).

 

Tracklist :

1. Unholy Transcript 01:54
2. Non Physical Existent 03:28
3. Multi Dimensional 03:14
4. Oversoul 03:21
5. Materialization 02:54
6. Astral Projection 03:41
7. Discarnate Entity 03:33
8. Subvisions 01:16
9. Manifestations 03:28
10. Timeless 02:45
11. Ultra Demons 03:13
12. Layers Of Reality 02:39
13. Electro Magnetic 03:44